Josiane Roulez, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mai 2016
Lorsque Richard Blackburn et sa troupe de théâtre ont donné leur premier spectacle d’été au Camping de l’île à Roxton Falls, en 1976, ils ignoraient que leur projet allait ouvrirsur une fabuleuse aventure. Quarante ans plus tard, le Théâtre de la Dame de Cœur etses marionnettes géantes, à Upton, sont devenus l’un des fleurons de la scène culturelle québécoise.
Pour l’amour de la régionNatif du Saguenay, Richard Blackburn portait depuis toujours en lui le projet de travailleren région. « C’était pour moi un désir si puissant qu’il ne pouvait pas en être autrement. La troupe a vu le jour à Montréal, mais dès que j’en ai eu l’occasion, je l’ai entraînée enrégion, affirme le directeur général et artistique duThéâtre de la Dame de Coeur (TDC).
Le propriétaire du Camping de l’île, à Roxton Falls, avait une petite salle à l’entrée ducamping, et il nous a autorisés à y jouer. Nous y avonsfait deux étés, avec déjà le souci d’explorer, de faire vivre au public une expérience particulière. Puis, nous nous sommes installés sur le site actuel, à Upton. » Lorsqu’on contemple le magnifique Domaine de la Dame de Coeur, il est bien difficile de imaginer qu’ilétait à l’abandon il y a 40 ans. Pourtant, en 1978, la troupe de théâtre l’a trouvé dans un état pitoyable. « Le site était fantomatique.
Toutes les vitres étaient brisées, les boîtes électriques av aient été arrachées et volées, il n’y avait ni eau ni électricité. Nous-mêmes, nous étions des squatteurs ! Nous avonsenvahi le site pour y faire du théâtre. Nous n’avions pas de bail, nous étions simplementtolérés», se souvient Richard Blackburn.
Big bang artistique
C’est là, dans ce lieu inattendu, que s’est produit le « big bang artistique » du Théâtre dela Dame de Coeur : la naissance de lamarionnette géante. « Deux petites rivièrestraversent le site, et nous avons décidé de monter un spectacle sur l’eau. Ça a été une
aventure exceptionnelle. C’est là que nous avons laissé tomber le théâtre psychologiquepour entrer dans le monde de l’allégorie », raconte Richard Blackburn. Pendant 10 ans, la troupe travaille d’arrache-pied à développer son créneau artistique età remettre le site en état. La rivière est une scène ca pricieuse, et monter un spectaclesur l’eau demande des efforts colossaux. Les artistes explorentdoncdiverses avenues, jouant entre autres autour d’un sous-sol en ciment à ciel ouvert où s’assoit le public. LeTDC affirme sa vision, celle d’un théâtre de création éclaté et influencé par l’environnement, d’un jeu en quatre dimensions autour du public.