Amine Esseghir, Journal des voisins, Ahuntsic-Cartierville,
avril 2025
Depuis plusieurs années, Mario Bonenfant, dit «Capitaine Sirop», s’est mis en tête de produire du sirop d’érable en ville.
Cinéaste et artiste, il a connu la récolte de l’eau d’érable enfant sur les arbres de son grand-père. Depuis, il se passionne pour ce produit, sans qui le Québec ne serait pas ce qu’il est, martèle-t-il. Ce printemps, pour une deuxième année de suite, il a entaillé des arbres dans le parc de l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost, à Cartierville.
«On compte en entailles. J’ai mis douze sceaux sur onze arbres, cette année. On en a fait neuf l’année dernière», souligne-t-il.
La fin de la récolte fut marquée par deux rencontres et animations avec des patients d’Albert-Prevost pour diffuser des connaissances et du savoir.
Une dégustation a été également organisée.
«On a placé le 7 mars et on a bien fait, parce qu’on avait choisi la première de mars à la première d’avril», souligne-t-il.
À travers ses événements, il veut porter la connaissance partout, notamment auprès des enfants, des nouveaux arrivants et de tous ceux qui veulent en savoir plus sur le sirop d’érable. Il crée des mini spectacles, toujours accoutré avec sa chaudière comme chapeau.
Au-delà des aspects alimentaires ou économiques, «Capitaine sirop» voit dans la culture des érables des dimensions culturelles, historiques et identitaires qui, selon lui, ne sont pas toujours mises en évidence.
Sortir de la cabane à sucre
S’il voit dans la survivance des cabanes à sucre un reflet de cette culture, il souligne toutefois que la mise en valeur de l’aspect historique demande un effort supplémentaire.
«On critique parfois les cabanes à sucre parce qu’effectivement ce sont des entreprises. Mais pour peu qu’on fouille et il faut fouiller beaucoup. À un moment donné, j’ai pris une demi-heure pour fouiller et j’ai trouvé des trésors», assure-t-il.
Il rappelle que le produit phare présentement c’est le sirop, alors que c’est une invention récente.
«Ce qu’on faisait initialement c’était du sucre et le sucre coûtait très cher.»
S’il rappelle que les Premières Nations connaissaient l’eau d’érable qu’ils consommaient comme boisson énergisante, la technique de transformation de la sève des arbres en sucre, puis en sirop est un apprentissage commun aux autochtones et aux colons français.
«Les autochtones récoltaient l’eau, la mettaient dans des récipients puis chauffaient des pierres qu’ils plongeaient dedans.»
Cela provoquait une évaporation, mais elle n’était pas suffisante pour atteindre les températures nécessaires.
Ce sont les Français qui ont ramené des chaudrons en métal qui ont permis de faire évoluer la transformation.
«D’un seul coup, tout le monde en même temps a découvert la façon de faire évaporer l’eau d’érable, pour obtenir les produits», assure-t-il.
Puis la technologie s’en est aussi mêlée et de plus en plus s’affine la récolte avec des outils plus fins, moins invasifs pour les arbres.
Il souhaite reproduire l’expérience l’année prochaine avec plus d’arbres et plus d’animations, notamment dans des parcs publics.