Jordane Masson, L’écho de Compton, Compton,
novembre 2024
Les grandes familles de Compton
Il faut se le dire, la vie sur la ferme a ses hauts et ses bas. Il s’agit d’un métier qui demande du temps, de la patience et du dévouement, des qualités qui ne sont pas toujours faciles à transmettre à la nouvelle génération. Pour la famille Bolduc, la graine a pourtant su porter fruit d’une génération à l’autre, nourrie par la passion pour l’agriculture de leurs aïeux. M. Claude Bolduc et sa conjointe, Lucille Quirion, nous racontent leur histoire familiale.
Des Bolduc à Compton
Tout commence avec un personnage bien connu de Compton, Alfred Bolduc. Ce dernier quitte sa Beauce natale, en 1925, pour rejoindre trois de ses frères déjà établis à Compton depuis 1917. Il fait l’acquisition d’une terre sur le chemin Hatley, cette même terre qui deviendra, des années plus tard, la Fromagerie La Station. « Dans ce temps-là, les terres s’achetaient sur le perron de l’église après la messe. C’est de même que ça se passait bien souvent », nous raconte Claude Bolduc.
La même année naissait, de l’union d’Alfred Bolduc et d’Aglaé Bernard, le petit Marcel Bolduc, baptisé à l’église Saint-Thomas-d’Aquin. Le couple aura huit enfants en tout: Clément, Germaine, Irène, Marguerite, Jeanne, Marcel, Rita, et Monique. C’est Marcel Bolduc qui reprendra la ferme paternelle. Il grandit dans le monde de la production laitière et développe un intérêt dans différentes cultures complémentaires. « Mon père a toujours été dans la petite culture. Il avait entre 300 et 400 pommiers. Il cultivait de la pomme de terre et du navet. Dans ces années-là, les gens avaient peu d’argent. Il fallait diversifier sa production pour que l’argent rentre à l’année. Je dois dire que je n’ai jamais manqué de rien », nous explique Claude.
Marcel Bolduc s’unira à Rita Ferland en 1948 à Stanstead. Le couple aura aussi huit enfants : Francine, Claude, Nicole, Johane, Pierre, Line, Guylaine et Renaud. Plusieurs enfants aidaient sur la ferme, dont Claude Bolduc qui y a travaillé jusqu’en 1969.
Réunions de famille et moments festifs
À cette époque où les familles étaient bien nombreuses, mais où l’argent se faisait rare, les festivités prenaient une envergure différente. Se retrouver en bonne compagnie prenait encore plus d’importance. « Le dimanche, on allait à la messe. Comme mon père aimait bien jaser, les enfants allaient chez les grands-parents où il nous rejoignait plus tard, nous raconte Claude. Parfois, mon père revenait avec une brique de crème glacée divisée en dix dans une boîte de carton. C’était une belle surprise pour nous. Aussi, lorsqu’il y avait des rassemblements pour une fête familiale, la maison se faisait inonder de monde. On pouvait atteindre les 70-80 personnes. »
Pour le temps des Fêtes, au-delà des cadeaux et du repas copieux qui n’étaient pas abordables pour tous, les festivités se déroulaient surtout à l’église, puis le retour à la maison permettait de prendre un moment en famille. Les gâteries, plus rares, n’en étaient que plus appréciées. Monsieur Bolduc s’en souvient bien. « À Noël, on fêtait plutôt en noyau familial. On allait à la messe de minuit qui durait jusque tard dans la nuit. On devait revenir vers deux heures du matin à la maison. Le réveillon était assez simple, si on avait la chance d’avoir des sandwiches aux tomates et de la liqueur, c’était la fête. »
Le cœur sur la main
À cette époque difficile, tous gestes de bonté pouvaient devenir une question de survie pour son prochain. Marcel Bolduc, en plus de s’être impliqué dans la vie politique et agricole de son village, savait aussi donner au suivant. « Mon père a toujours eu tendance à aider les gens mal pris. Il aidait son voisinage. Un jour de décembre, il revenait du village quand il a croisé un gars qui marchait sur le bord du chemin. Il s’est arrêté pour lui demander ce qu’il faisait là. C’était un jeune de 18 ans qui n’avait nulle part où aller. Mon père l’a habillé, lui a offert le gîte et le couvert jusqu’à Noël, puis un salaire s’il l’aidait à bâtir sa grange. Cet employé est resté plusieurs années chez nous. Il revenait pendant les vacances et les fins de semaine. Il a toujours été reconnaissant. Il m’a même aidé quand j’ai acheté ma ferme. C’est devenu un membre de la famille. »
Une nouvelle ferme pour les Bolduc
De son côté, Claude Bolduc a travaillé en construction comme opérateur de machineries lourdes de 1969 à 1974. En 1975, trois ans après son mariage avec Mme Lucille Quirion, il achète une ferme de 150 acres sur le chemin Cochrane, qui était auparavant la ferme paternelle de la famille Groleau. La même année, son fils Jean-François vient au monde. Le couple aura trois enfants : Jean-François, Dominique et Geneviève Bolduc. « Quand j’ai acheté, c’était une ferme porcine et laitière. En 1980, j’ai décidé de ne faire que du lait. En 1995, je me suis associé avec mon fils, Jean-François, puis je lui ai vendu le tout en 2013. Elle s’appelle maintenant la Ferme JF Bolduc. »
On le constate bien, l’agriculture fait partie de la vie de toute la famille Bolduc. Alors que Geneviève travaille comme gestionnaire chez Vivaco, son frère, Dominique, travaille pour Terapro, un fournisseur en équipements agricoles.
« Pour Claude et moi, la vie sur la ferme n’a jamais été un labeur, nous dit Lucille Quirion. C’est notre quotidien, et nous l’apprécions. Se lever tôt le matin pour la traite et travailler même pendant les Fêtes, ça ne nous a jamais dérangés. Je crois que c’est, entre autres, ce qui a suscité l’intérêt de l’agriculture chez nos enfants. Ils ont appris à aimer ce qui nous aimions et qui constituait notre vie de tous les jours. »
De la production laitière à la production de céréales
Jean-François Bolduc a fait ses études à l’Institut de techniques agricoles de Saint-Hyacinthe en productions animales. En 2015, avec sa conjointe, Karine Vachon, il fait l’acquisition d’une terre voisine, ce qui lui donnera un 500 acres de terrain pour la culture du soya et du maïs. En 2018, la production laitière cesse pour laisser place à l’acériculture et aux grandes cultures. Des silos supplémentaires et du nouvel équipement, comme une balance et un séchoir à grains, s’ajoutent à la ferme. Lucille explique : « Jean-François voulait une ferme à sa mesure et ne pas dépendre des employés. Il est très autonome, manuel et minutieux, donc il se débrouille très bien avec la machinerie, l’électronique et la technologie. Il aime « patenter » comme son père! »
Le couple travaille ensemble de façon efficace, s’intéresse aux nouvelles innovations technologiques et prend leur impact environnemental à cœur. Leurs enfants, Éliane et Maxim, suivent à leur tour leur propre parcours empreint de l’amour de l’agriculture. Leur fille est vétérinaire pour les grands animaux alors que leur fils est ingénieur informatique avec une spécialité en projets agricoles. Les deux aident à l’occasion sur la ferme, tout comme Claude et Lucille. Trois générations soutiennent à leur façon, de par leurs intérêts et leurs spécialités, cette ferme qui a su prendre sa place dans le monde de la culture céréalière.
Maintenant, est-ce que l’agriculture germera dans le cœur du petit Sky Bolduc? Cette nouvelle génération, née de l’union de Maxim Bolduc et de Noémi Blom, aura un univers de possibilités et, surtout, l’appui de sa famille pour trouver sa propre voie.
De génération en génération :
– Alfred Bolduc et Aglaé Bernard
– Marcel Bolduc et Rita Ferland
– Claude Bolduc et Lucille Quirion
– Jean-François Bolduc et Karine Vachon
– Maxim Bolduc et Noémi Blom
– Sky Bolduc, né le 22 mai 2024
Pour en savoir plus encore sur les cultures de la ferme JF Bolduc, rendez-vous sur ce lien de la Terre de chez nous.