Ronald Martel, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, septembre 2023
Jusqu’au 9 octobre prochain se tiennent deux expositions d’envergure, à la Galerie d’art Cookshire-Eaton, au Victoria Hall, 125 rue Principale Ouest, à Cookshire-Eaton.
La première, Trilogia Natura, basée sur la nature, met en évidence les œuvres de trois artistes, Louise Marois (dessin), Denis Palmer (estampe) et Georges Foster (sculpture en bronze), à la galerie Louis-Pierre Bougie (située au rez-de-chaussée). Les trois ont une préoccupation écologiste et dépendante du territoire, de la nature, des insectes et du végétal, et ils utilisent des médiums différents pour exprimer leur art.
Et la deuxième, titrée Et si tu osais laisser ta trace…, provient de l’artiste-peintre Diane Dugal, à la galerie Suzanne-Genest (située au sous-sol).
Une belle occasion pour se laisser pénétrer, et pourquoi pas, se laisser gagner, par les œuvres de ces quatre artistes chevronnés.
Graphiste de formation, Louise Marois est née à Montréal, mais elle a abouti à Sherbrooke dernièrement. Ses dessins se font au graphite, descendant du crayon au plomb, devenu un médium de prédilection pour plusieurs artistes, parce qu’il se rapproche étrangement de la photo argentique en noir et blanc. Elle a été grandement influencée par l’artiste Louis-Pierre Bougie.
« Ma préoccupation artistique se traduit par deux séries, la première que j’ai appelée Genèse d’un cercle, à partir de différents végétaux, trouvés dans le jardin ou dans un plat de fruits, auxquels je fais subir une surchauffe dans le poêle à bois, qui les assèche complètement. C’est un lien direct avec ce que l’on vit comme humains sur terre, de nos jours. Puis je les photographie et je les reproduis au graphite, à partir de ces photos, ce qui crée une nouvelle image, ressemblant parfois à une cellule, à un atome, etc. », décrit Louise Marois.
« La deuxième série, c’est à partir de champignons, à leur état réel, ou en représentation, à partir d’une nouvelle image. Un seul dessin, par sa complexité, peut prendre un mois complet, sept jours par semaine, du matin jusqu’au soir, pour le compléter, au graphite », précise Mme Marois.
Elle a aussi écrit deux recueils de poésie, La cuisine mortuaire et D’une caresse patentée, aux Éditions Tryptique, qu’elle a illustrés de ses propres œuvres d’artistes. À découvrir. Elle prépare son dixième livre déjà.
« Les deux autres artistes, George Foster et Denis Palmer, forment une belle unité avec Mme Marois. Forster est un maître dans son art, réalisé à partir d’une fonderie artistique, un métier qui se perd de nos jours. Il présente des insectes qui ont été réalisés il y a longtemps, car il n’a pas exposé depuis. Il effectue un retour. Il a été influencé par un autre sculpteur comme lui, Morton Rosen Garten, qui avait une fonderie à la maison, deux pionniers du genre… Et Denis Palmer, pour sa part, est bien connu pour avoir exposé plus souvent. Ses estampes s’avèrent mystérieuses, car de loin, on voit certaines choses, et quand on s’en approche, on voit bien d’autres choses », révèle Robert Peloquin, co-commissaire de l’exposition.
Diane Dugal
Pour sa part, l’artiste-peintre Diane Dugal est née à Laval et demeure depuis quelques années à Saint-Isidore-de-Clifton. Elle a adopté surtout l’acrylique, mais travaille beaucoup à partir de mortier de structure appliqué sur la toile blanche, qu’elle compare à la page blanche de l’écrivain.
« Le mortier de structure ajoute une texture au fond de toile, si on peut dire. J’aime y ajouter du sable, des roches, etc., que je manipule à la spatule, ou même des objets pour créer du relief. Je me laisse guider par mon intuition pour ajouter de la couleur, la plupart du temps assez vive, à partir de ce que je vis, ce que je ressens, par rapport à ma vision du monde. J’y mets mes émotions, et beaucoup de mon côté féminin, bien sûr. Car cela m’amène à me découvrir moi-même, d’y voir ma façon de m’exprimer à travers la peinture », raconte-t-elle.
Pour son exposition, qu’elle a intitulée Et si tu osais laisser ta trace… , elle s’est demandé comment attirer les gens qui ne viennent pas à la galerie d’art.
« C’est pour les inciter à participer à l’élaboration d’une toile commune, où ils peuvent laisser aller leur créativité. J’aime la rencontre avec les gens à la galerie, qui me demandent souvent comment je me suis prise pour produire telle toile que j’expose, etc. Mes toiles portent des titres à partir des choses de la vie, ce que j’ai vu, ce que j’ai constaté, une description, même que parfois les gens se reconnaissent dans les titres que j’utilise et dans mes toiles. Un artiste, ça amène l’autre à une réflexion… », exprime-t-elle.
Elle est particulièrement fière d’une toile qu’elle a peinte pendant la pandémie, monochrome et noire, et invite les gens à venir la découvrir durant l’exposition.