Point culminant de l’ascension, Uhuru Peak Tanzania 5895 mètres.

Le Kilimandjaro pour la prévention du suicide

Isabelle Dion et Guillaume Couture, Aux quatre coins,
Ascot Corner, mars 2023

Il y a quelques années, l’idée d’aller faire l’ascension du Kilimandjaro m’a traversé tout doucement l’esprit. Qu’est-ce que je voulais accomplir au moins une fois dans ma vie ? Qu’est-ce qui était dans ma liste de choses à FAIRE ? Cette liste, il y avait une centaine d’éléments dessus (oui, il est important de rêver) ! L’ascension du Kilimandjaro était placée au premier rang de cette liste et depuis, ce projet n’avait jamais été détrôné.

La quarantaine arrivant à grands pas, j’ai décidé que faire l’ascension du Kilimandjaro allait marquer ce tournant de ma vie. Après une courte réflexion, mon conjoint a décidé de se joindre à moi, que cela deviendrait notre aventure.

À ce moment de notre vie, nous voulions plus que tout célébrer LA vie, célébrer notre chance d’avoir une santé physique et mentale nous permettant de faire ce voyage. Et parce que la contribution est une de nos valeurs fondamentales, nous avons décidé d’ajouter à notre défi en amassant des dons pour une cause qui nous est très chère, JEVI – Centre de prévention du suicide Estrie.

Étant le plus haut sommet d’Afrique, le Kilimandjaro domine la savane tanzanienne du haut de ses 5895 mètres. Pour moi, cette montagne a toujours représenté quelque chose de beau et de grandiose. Était-ce les images partagées de cette montagne, glacier au sommet, s’élevant seule au milieu de plaines à perte de vue ? Était-ce le défi physique en soi ? Je ne saurais pas dire ce qui m’interpellait réellement.

Nous avons entamé ce périple dans la découverte, un pas à la fois, une étape à la fois, une journée à la fois. Ce défi allait demander un dépassement de soi physiquement, mais aussi mentalement par sa nécessité d’adaptation constante et par l’accueil de l’inconnu.

La première étape de notre aventure a été de faire l’ascension du mont Méru, le cinquième plus haut sommet de l’Afrique avec ses 4566 mètres. Cette première étape fut pour moi très exigeante ; le décalage horaire, les changements de température passant d’environ 30 degrés à moins 10 degrés Celsius, les grandes bourrasques entrainant la poussière volcanique, le sentier très exigeant la journée nous menant au sommet, les effets de l’altitude sur le souffle, la journée de marche de 14 h dont la première partie a été de nuit, le manque de sommeil, les passages abrupts où la peur des hauteurs s’est fait ressentir, la descente rapide et douloureuse sur mes genoux, etc. Notre capacité d’adaptation a été mise à rude épreuve.

Mais… WOW ! Quels moments de connexion avec une équipe locale merveilleuse, souriante et dévouée ! Sans ces porteurs, le périple aurait été tout autre. Quels paysages à couper le souffle ! Quel état de fierté et de gratitude pour ce moment qui ne se représentera pas dans nos vies. Quelle chance d’être en santé et d’avoir pu vivre cette expérience ! C’est le cœur rempli et le corps épuisé que le lendemain nous débutions l’ascension du Kilimandjaro.

Cette montagne… nous nous y étions préparés depuis environ un an. Elle avait été dans mes pensées depuis des années, mais c’est à ce moment précis que cette idée, ce rêve allait se concrétiser. Nous avons marché sept jours sur cette montagne, environ 70 kilomètres. Nous avons contemplé de nombreux levers de soleil ; dame nature a été douce avec nous. Chaque jour était différent, un pas à la fois nous avons marché ce chemin. Il y a eu des moments plus difficiles, des journées plus longues. Les moments « wow » nous nourrissaient. Ressentir tous nos proches qui étaient en pensées avec nous et qui nous supportaient, nous donnaient l’énergie nécessaire pour mettre le pied devant l’autre. La veille du sommet, nous avons dormi dans le cratère à 200 mètres de dénivelé de notre objectif. Nous avons touché le glacier, ce glacier qui ne sera plus d’ici une vingtaine d’années. Le souffle court, en déficit d’oxygène, nous avons contemplé le coucher de soleil sur un lit de nuages. Pour nous, c’était le bout du monde. Aucun humain ne vit à cette altitude et nous y avons passé une nuit. C’est avec fébrilité que nous avons entamé la dernière journée d’ascension à 5 h le lendemain matin. Nous avons monté ce dernier 200 mètres dans la neige, et pour ce moment mémorable, le lever de soleil était sublime.

C’est avec beaucoup d’émotions que nous avons touché la structure où il était inscrit « Uhuru Peak Tanzania 5895 mètres ». Avec en mémoire tous nos proches ayant décidé de mettre fin à leurs souffrances dans les dernières années, nous avons pris notre photo, tenant fièrement le drapeau de JEVI. Le moment au sommet fut bref, trop bref. Toute cette préparation, tous ces kilomètres, tous ces efforts pour cinq minutes ? Ce fut beau, mais ce fut beaucoup trop court… Nous avons ensuite entamé la longue et douloureuse descente.

Coucher de soleil sur un lit de nuages.

Notre aventure en Tanzanie s’est terminée avec un safari de quatre jours dans le parc Serengeti et le parc Ngorongoro. Nous avons même dormi en tente dans la savane avec les bruits d’hippopotames à quelques mètres de nous. Nous avons été plus que gâtés ; nous avons tout vu. Traversant le Serengeti pendant la grande migration, c’est par dizaine de milliers que nous avons pu apercevoir les gnous, les zèbres et les buffles. D’une délégation de lionnes et leurs petits au rhinocéros, en passant par une famille d’éléphants à 10 pieds de notre véhicule, la vétérinaire en moi avait les yeux pétillants comme une petite fille à Noël. Gratitude et larmes encore une fois.

Ce fut le voyage d’une vie. Un dépassement de soi. Des multiples moments de gratitude. Tout cela pour nous, mais aussi pour la cause qui nous est précieuse.

À ce jour, plus de 12 000 $ ont été amassés pour JEVI-Centre de prévention du suicide Estrie. Il est difficile pour moi de trouver les mots justes afin d’exprimer ma reconnaissance aux généreux donateurs. J’ai ressenti votre soutien du début de notre projet jusqu’à maintenant.

Parce que les dernières années ont été difficiles pour plusieurs d’entre nous ; Parce que la santé mentale est influencée par tout et qu’elle ne tient qu’à un fil ; Parce que nous avons été affectés personnellement par la perte d’êtres humains précieux dans nos vies ;
Parce que nous savons que chaque petit geste compte ; Parce qu’il existe de magnifiques ressources qui peuvent accompagner les personnes en détresse ou leurs proches…

Merci de boucler cette boucle avec nous. Merci au nom de toutes les personnes en détresse qui bénéficieront de l’aide professionnelle de JEVI grâce à votre don.

Il est encore temps de contribuer en ligne en tapant bit.ly/lekilipourjevi. 100 % des dons sont versés à JEVI.

En espérant avoir réussi à vous faire voyager un peu avec nous.