Jérôme Pelletier, Le Hublot, L’Islet, septembre 2020
Notre cimetière est tellement vieux et certaines personnes y reposent depuis si longtemps que tous ceux et celles qui les ont connus ne sont plus de ce monde non plus, donc plus de chagrins, au lieu il révèle une toute autre dimension et un aspect historique tout à fait passionnant. Il devient en quelque sorte nos archives, une voûte qui attend qu’on la redécouvre lorsque bon nous semblera, le temps donnant l’impression de s’y être arrêté.
Lors d’une de mes nombreuses visites de notre cimetière, une stèle avait particulièrement attiré mon attention, j’ai pu y lire: À la mémoire de Wilfrid Clément Caron, marin explorateur, époux de Rachel Faguy, noyé à l’Île Ste-Marguerite le 9juillet 1923, âgé de 36 ans. Plusieurs détails m’avaient interpellé: un explorateur? Noyé dans l’archipel de Montmagny? Et Faguy, le nom de sa femme, pour le moins rare dans la région!
Je décidais donc d’en glisser un mot à M.François Faguy, ce qui s’avéra être une excellente idée. Eh bien oui! Il savait de qui il s’agissait, Rachel Faguy étant une de ses grand-tantes.
Il me raconta que Wilfrid Caron faisait partie de l’équipage du fameux capitaine Joseph-Elzéar Bernier et il fut donc notamment de ses expéditions dans le Grand Nord. Il était le fils de Joseph Caron et de Philomène Boucher de L’Islet. Il se maria à Rachel Faguy à Beauport, le 22 janvier 1923, à l’église de St-Ignace-de-Loyola. Il faut savoir que les explorateurs étaient des gens que l’on aimait recevoir dans les soirées huppées de la vieille capitale; ils étaient en quelque sorte les ‘’vedettes’’ de l’époque et c’est ainsi que se seraient rencontrés Wilfrid et Rachel.
Lors des expéditions du Grand Nord, les explorateurs avaient un petit secret qui avait tout avantage à rester secret, avec le froid intense qui y règne particulièrement la nuit. Les Inuits avaient pour coutume de fournir à leurs visiteurs de la compagnie ‘’thermale’’ pour la nuit, question de prendre la chaleur où elle se trouve. Ce qui devait être plus que bienvenu, d’autant plus pour un marin ayant passé plusieurs semaines, voir mois en mer. Mais motus! Encore aujourd’hui personne n’ébruite le fait que le capitaine Bernier devait avoir quelques enfants métissés dans le Grand Nord, ce qui est pourtant plus que probable!
Mais une bonne âme de L’Islet sembla croire qu’il était pertinent d’informer la nouvelle épouse de Wilfrid des ces us et coutumes, ce qui fit majestueusement ‘’foirer’’ cette union qui ve-nait de se concrétiser il n’y avait de cela que quelques mois se comptant sur les doigts d’une seule main. Rachel Faguy retourna donc à Beauport et Wilfrid retourna voir le capitaine Bernier pour lui offrir de nouveau ses services. Un marin déjà accoutumé, dans la fleur de l’âge et maintenant sans attaches fut sûrement bien accueilli par le capitaine.
C’est en partant de L’Islet pour de nouveaux périples, à la hauteur de Montmagny, l’Île Ste-Marguerite se situant entre tumes, ce qui fit majestueusement ‘’foirer’’ cette union qui venait de se concrétiser il n’y avait de cela que quelques mois se comptant sur les doigts d’une seule main. Rachel Faguy retourna donc à Beauport et Wilfrid retourna voir le capitaine Bernier pour lui offrir de nouveau ses services. Un marin déjà accoutumé, dans la fleur de l’âge et maintenant sans attaches fut sûrement bien accueilli par le capitaine.
C’est en partant de L’Islet pour de nouveaux périples, à la hauteur de Montmagny, l’Île Ste-Marguerite se situant entre l’Isle-aux-Grues et la Grosse Île, on ne sait dans quelles circonstances, un homme tomba à la mer. Wilfrid sauta à l’eau pour secourir le malheureux qui fut tiré d’affaire, mais l’explorateur y laissa sa vie, il avait seulement 36 ans.
Rachel Faguy elle, se remaria à Ernest Poulin de Québec en 1926, soit 3 ans plus tard, de nouveau à l’église de St-Ignace-de-Loyola, elle a 36 ans , lui 54. De cette union naîtra Fernande et Madelaine. Ernest décèdera 22 ans plus tard (1948) à 76 ans et Rachel en 1976, à 86 ans. Un immense merci à M.François Faguy (mon vulgarisateur préféré) sans qui cette histoire aurait sombré dans l’oubli. Maintenant on ne peut seulement que se questionner à savoir si la commère qui a fait tomber ce mariage à l’eau (pour ne pas faire de jeux de mots douteux) a bien vécu en sachant les conséquences de son ‘’bavassage’’.