François Beaudreau, L’annonceur, Pierreville, le 5 juin 2019
Le centre de documentation de l’Institution Kiuna d’Odanak, établissement collégial consacré à l’éducation des autochtones, porte désormais un nom illustre : celui d’Alanis Obomsawin.
L’artiste et cinéaste de renommée mondiale a reçu cet hommage lors d’une cérémonie empreinte d’émotions, le 16 mai dernier, à laquelle ont assisté de nombreuses personnalités.
« L’œuvre de Madame Obomsawin, Abénakise de la communauté d’Odanak, transcende le temps, les disciplines et les générations, ce qui lui donne une valeur inestimable – pour Kiuna très certainement – mais aussi pour l’ensemble de la population, pour qui les réalités des Premières Nations sont encore largement méconnues », affirme Prudence Hannis, directrice associée de l’Institution Kiuna. « Madame Obomsawin a consacré sa vie à la promotion et la défense des droits des premiers Peuples à mettre en valeur la richesse de notre patrimoine, tout autant que de faire la lumière sur des tragédies humaines, des luttes politiques, historiques; pour susciter la réflexion, le débat, le changement et le dialogue. »
Dans le cadre de cet hommage, l’Institution Kiuna reçoit, de l’Office national du film du Canada, la collection rassemblant l’oeuvre cinématographique de l’artiste. « Nous rendons toute l’oeuvre d’Alanis accessible aux étudiants. C’est un corpus considérable avec une variété de sujets où elle a traité de tous les thèmes qui marquent la réalité autochtone », confirme Claude Joli-Coeur, président de l’Office national du film du Canada. « Elle est régulièrement invitée à travers le monde pour présenter ses oeuvres; alors de rendre ses films accessibles à la communauté, c’est comme un retour aux sources. »
Femme au talent exceptionnel, Alanis Obomsawin a reçu plusieurs distinctions et récompenses internationales pour son oeuvre cinématographique foisonnante. Elle complète actuellement la réalisation de son cinquante-deuxième film.
« Ça fait depuis 2011 que je travaille sur ce film-là. Il va sortir à l’automne. Le film porte sur le bien des enfants, leur droit à l’éducation, leur droit à des services de santé. J’ai suivi tout ce qui s’est passé et avec les années, c’était décourageant. Mais là, il se passe quelque chose de tellement extraordinaire. C’est pour ça qu’en terminant le film je me dis: quel honneur d’avoir vécu si longtemps, de voir vraiment de grands changements, que nos enfants seront vraiment respectés, de voir que tout est possible. Ces dernières années, il y a des changements énormes pour tous les peuples des Premières Nations. C’est un autre temps », témoigne la cinéaste.