Judith Doré-Morin, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, février 2019
La décroissance durable ne constitue pas une invitation à la récession. Il s’agit plutôt de repenser les manières de produire et de consommer dans l’optique de réduire la quantité de ressources naturelles utilisées. À l’échelle individuelle, cela passe notamment par la réduction, voire l’élimination, de la création de matières résiduelles.
Zéro déchet, ça veut dire quoi ?
Le mouvement zéro déchet ne se limite pas qu’au bannissement des pailles et des bouteilles en plastique, expressions éphémères d’un changement global de mode de vie. Il concerne essentiellement la remise en question des habitudes de consommation qui sont à l’origine de la production de rebuts : emballages futiles qui garnissent biens et aliments ; objets à usage unique ; publicités imprimées ; cadeaux promotionnels de courte durée de vie utile.
Le mouvement zéro déchet constitue une réponse durable à l’épuisement des ressources naturelles ainsi qu’à l’accaparement des terres pour l’entreposage des déchets et à la pollution qui en résulte.
Un Québec sans déchet, c’est possible ?
Au Québec, le mouvement zéro déchet s’inscrit dans un contexte où la majorité des municipalités n’est pas encore desservie par un service de collecte des matières organiques, malgré leur bannissement des sites d’enfouissement prévu en 2022. La crise du recyclage qui touche actuellement la province entraîne également une révision des habitudes de gestion des matières résiduelles.
La transition vers un mode de vie sans déchet, ou presque, crée un levier d’action pour les citoyens et les citoyennes en matière d’environnement et de gestion des matières résiduelles. C’est en effet un processus d’apprentissage accessible à tous et à toutes qui se fonde sur trois actions : le refus, la réduction et le réemploi.
Le zéro déchet gagne en popularité dans la province. C’est ce dont témoignent la création d’un festival montréalais consacré à ce mouvement ainsi que l’émergence de personnalités publiques prenant parti pour ce mouvement. On peut mentionner notamment la conférencière et consultante Mélissa de La Fontaine, qui invite la population à réduire son empreinte écologique en réduisant la taille de sa poubelle. L’auteure et chroniqueuse Florence-Léa Siry partage ses trucs et astuces pour diminuer le gaspillage alimentaire. Les Trappeuses, blogueuses grano-éco-chic, proposent de nombreuses recettes et des tutoriels pour fabriquer des produits soi-même, tant pour les soins corporels que pour l’entretien ménager.
Qu’en est-il de la Mauricie ?
Le mouvement zéro déchet se déploie jusque dans notre région. De plus en plus de commerces offrent désormais à la population d’apporter ses propres contenants réutilisables pour acheter produits et aliments en vrac.
À Trois-Rivières, par exemple, de nombreuses initiatives locales favorisent la transition vers un mode de vie sans déchet. L’organisme La Brouette soutient les citoyens et les citoyennes dans leurs démarches écoresponsables, entre autres au moyen d’ateliers et de groupes de discussion. Le groupe Facebook Zéro déchet Mauricie/Centre-du-Québec offre un lieu de partage pour un nombre croissant de membres. L’initiative Frigo Free go permet à la population et aux commerces partenaires de déposer et de prendre des surplus alimentaires dans des réfrigérateurs situés à l’Auberge Internationale de Trois-Rivières et près de l’organisme Le Bon Citoyen.