Histoire des cantiques de Noël

Manon Vaillancourt, Le Trident, Wotton, décembre 2018

Les chants de Noël, s’appellent « Des Noël » Les premiers chants de Noël sont des chants liturgiques ou des cantiques composés en latin. Repris par la foule au fil des siècles, ils s’émaillent de mots de patois. Le bouche à oreille transforment les paroles de génération en génération. Les auteurs sont souvent anonymes.

Presque tous les chants de Noël utilisent des airs de chansons anciennes, de sorte que les noëls du XVIIIe siècle sont très près de ceux des XVe et XVIe siècles. Seulement un petit nombre d’entre eux représentent une catégorie distincte par leur mélodie originale. Les « faiseurs de noëls » (comme on les appelait) ne semblaient pas accorder une grande importance à la provenance des airs.

La musique était écrite pour être chantée avec un poème. Des recueils de mots imprimés circulaient, alors que la musique se transmettait oralement. La transformation de chansons d’amour, de chansons à boire, de chansons galantes ou d’autre nature en chansons de Noël était le procédé à la mode aux XVIIe et XVIIIe siècles. La rime servait de moyen mnémonique pour permettre au peuple de se souvenir des paroles.

Le cantique, transmis oralement pendant des générations, a l’âme missionnaire : d’abord chant au rôle évangélisateur, il se transforme en un héritage religieux et culturel.

 

Le cantique : un témoin de notre histoire

Le cantique (chant de langue française, court et facile) voyage de la France à la Nouvelle-France, où il s’implante entre 1534 et 1760, soit de la Découverte à la Conquête.

Le régime anglais remplace le régime français en Nouvelle- France. Par contre, la tradition française demeure par le cantique. Menacé par la Conquête, le cantique français devient plus fort que jamais et se trouve une nouvelle mission : il devient un élément de la langue et de la religion qu’on veut garder.

Des réfugiés de la Révolution française feront aussi beaucoup pour le cantique. En 1819, l’abbé Daulé publie le premier véritable recueil de cantiques au Canada, élément déclencheur d’une tradition qui se poursuivra jusqu’au XIXe siècle. Le recueil de cantiques le plus populaire de l’histoire demeure celui d’Ernest Gagnon. Sa première édition des Cantiques populaires du Canada français (1897) contient sept cantiques et noëls populaires. Les éditions un peu modifiées de 1909 et de 1938 sont certes les plus connues et les plus chantées encore de nos jours.

Le Canada français, devenu anglais malgré lui, chante haut et ferme devant ses maîtres qui n’osent pas lui imposer le silence. Il chante pour ses enfants et les enfants de leurs enfants, afin qu’ils n’oublient pas ces cantiques religieux au rythme desquels la première mère patrie endormait leurs berceaux, éveillait leurs jeunes âmes […], et que de la sorte ce répertoire de mélodies nationales se transmettent comme un inestimable héritage. » C’est en ces mots que l’historien Ernest Myrand (1854-1921) évoquait le pouvoir des cantiques traditionnels. Plusieurs années plus tard, nous pouvons confirmer la puissance, mais surtout la pertinence, d’une telle tradition qui continue, Noël après Noël, à égayer nos festivités.

Tous ces chants, quelle que soit leur origine, ont le pouvoir d’inviter au recueillement et à la joie. A travers eux, un peu de mystère et d’espérance se dévoile!