Quand la campagne s’invite dans la campagne

James Allen, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, le 24 septembre 2018

Dans le cadre de la campagne électorale provinciale qui se termine, les producteurs agricoles du Québec ont fait part de leurs demandes pour améliorer leurs conditions. Ces demandes se résument en cinq grands points.

 

Protéger les ressources tout en préservant l’agriculture et la foresterie privée

Les producteurs agricoles sont conscients de l’importance de préserver l’eau et le sol, deux de leurs principaux outils de travail. Nous souhaitons donc un Plan vert agricole et que des investissements soient faits en recherche pour développer des solutions permettant de réduire l’utilisation des pesticides. Nous souhaitons aussi former les producteurs et améliorer l’offre de services conseils neutres, c’est-à-dire, qui ne soient pas reliés à une entreprise dépositaire de produits par exemple. De plus, nous croyons à la promotion et au soutien à l’agriculture biologique.

Là où les sols le permettent, nous souhaitons également pouvoir augmenter les superficies en culture. Si la population augmente, mais le nombre de terres cultivées ne suit pas, comment pourrons-nous développer notre autosuffisance alimentaire? Par ailleurs, nous croyons à l’importance environnementale des milieux humides, mais puisque nous ne cultivons que 2 % du territoire québécois, nous souhaitons être épargnés des éventuelles compensations à verser pour atteinte aux milieux humides et hydriques.

 

Investir dans notre agriculture

Investir dans l’agriculture, c’est investir dans ce que nos enfants mangeront demain. Nous souhaitons donc élargir la portée du programme d’aide à l’investissement et en assouplir les critères d’admissibilité. Les producteurs qui souhaitent améliorer leur production doivent rencontrer moins de barrières.

Les agriculteurs sont soumis à la météo et au marché, ce qui affecte leur production et les prix qu’ils reçoivent. C’est pourquoi il existe des assurances comme le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), auquel ils contribuent en partie. Nous souhaitons ainsi que le budget de la Financière agricole du Québec, ayant été amputé lors de précédentes coupures, soit rétabli et que le programme d’ASRA soit modernisé, en ajoutant des volets pour les petites entreprises et celles situées dans les régions et les MRC moins favorisées.

 

Taxer les terres et les boisés de façon équitable

Vous avez entendu parler de ce dossier ces derniers mois, entre autres lorsqu’il fut question, au début de 2017, de bloquer les sentiers de motoneige. Depuis ce temps, bien que le gouvernement ait fait marche arrière, le problème n’a pas été réglé à sa source.

En effet, nous sommes toujours taxés selon la valeur de nos terres, laquelle augmente sans cesse. Nous réclamons un nouveau mode de taxation, qui ne taxe pas notre principal outil de travail, soit nos terres et nos forêts. N’oublions pas que de surtaxer nos terres agricoles, c’est surtaxer nos aliments locaux!

 

Aider les jeunes à cultiver leurs propres terres

Les producteurs agricoles craignent la concentration de la propriété foncière agricole entre les mains de gros groupes dont l’intérêt est souvent plus financier qu’agricole. C’est pourquoi nous souhaitons un registre public de toutes les transactions de terres agricoles, en interdisant pour trois ans tout achat de plus de 100 hectares de terres agricoles par année (sauf dans les cas de transferts d’entreprise). Le gouvernement pourrait profiter de cette période pour mettre en place des solutions durables pour la relève, comme un répit financier et un fonds capable de supporter un risque élevé. Plus encore, pour limiter la spéculation, nous souhaitons forcer la mise en culture des terres avec des mesures dissuasives au maintien de terres en friche.

 

Réduire l’impact de la hausse accélérée des salaires

La hausse du salaire minimum est toujours un débat. Il faut savoir qu’il est difficile d’offrir des conditions de travail en agriculture qui soient compétitives avec celles d’autres secteurs d’activité, entre autres en raison des horaires de travail. Alors qu’auparavant les hausses annuelles du salaire minimum étaient relativement reliées au taux d’inflation (2 % environ), celles de 2017 et 2018 ont été de 5 % et 7 %.

Pour remédier aux inconvénients qu’entraînent ces hausses, nous proposons au gouvernement d’accorder un crédit d’impôt remboursable aux entreprises agricoles, d’offrir un programme complémentaire de sécurité du revenu permettant de pallier les hausses de salaire supérieures au taux d’inflation et de mettre en place un fonds de soutien à l’investissement et à l’adaptation. En effet, l’automatisation est l’une des voies d’avenir dans un domaine comme le nôtre, où la main-d’œuvre se raréfie et coûte de plus en plus cher.

 

En résumé

Tous ces points expliqués plus haut visent tous un but commun: permettre aux entreprises agricoles québécoises de demeurer compétitives face aux autres provinces et pays. Avant tout, ce n’est pas de l’argent dont les producteurs attendent de nos gouvernements, mais simplement que soient mis en place des mécanismes leur permettant de se battre à armes égales sur les marchés mondiaux.