William Jourdain ne vit que pour la musique, ou presque. S’il écoute des centaines de disques par semaine et qu’il en vend par milliers à la boutique Fréquences du centre-ville, la musique expérimentale le propulse même jusque sur la scène internationale avec sa propre formation : Automatisme
Le disquaire William Jourdain est un artiste du son et il l’utilise à son plein potentiel dans chacune de ses pièces électroniques expérimentales. Déjà prêt à sortir deux nouveaux albums, sa signature en 2015 avec Constellation Records, l’un des plus grands labels à Montréal ayant également signé Godspeed, fait rayonner le musicien maskoutain de plein feu.
Le bachelier en histoire de l’art s’intéresse surtout au processus derrière la création. À la fois inspiré de ses prédécesseurs en raison de sa conscience patrimoniale et historique, il arrive à produire une musique « semi-générative » grâce aux dernières avancées technologiques, dont l’intelligence artificielle, loin de la chanson décorative qui joue dans nos oreilles au quotidien.
« Là où l’intelligence artificielle embarque, c’est lorsque ce n’est pas toi qui choisis le rythme dans une séquence en boucle ; tu choisis uniquement la probabilité qu’un signal soit envoyé pour séquencer l’ordinateur. C’est l’utilisation de l’imagination en temps réel envers un médium purement robotique, c’est de la musique générative », a expliqué le producteur.
Automatisme semble avoir trouvé une formule accrocheuse pour son public. D’une part, il crée à partir de partitions et d’autre part, l’intelligence artificielle entre en jeu. « C’est stimulant pour le spectateur parce qu’il se souvient d’une certaine mélodie, mais il est continuellement amené dans des espaces où il ne s’attend pas à aller », a-t-il fait valoir.
Automatisme ne dort jamais
Au lendemain de la sortie de son album E.T.I. Espace, Transit et Individu, le disquaire planifie la sortie de deux nouveaux albums dans la prochaine année. C’est d’ailleurs la suite de son dernier opus, Transit, qui sera disponible chez Constellation Records, cet hiver, avec, cette fois, des sons uniquement captés dans des espaces transitoires.
Autre projet, l’album Erinome devrait paraître sur les tablettes à l’automne prochain. Créées en duo avec un collaborateur du Nebraska, aux États-Unis, les pièces qui y figurent ont été conçues à partir de la théorie du post-paysage. Les deux musiciens vont donc plus loin que ce que l’on peut contempler en essayant d’abstraire les sons collectés. Ils se verront pour la première fois cet été lors de leur concert en duo au festival Mutek, à Montréal, auquel Automatisme participe depuis 2011. Cette collaboration à distance est une première pour William Jourdain.
Entre quelques heures de boulot chez Fréquences, la préparation de deux concerts en février pour la première partie du groupe rock Suuns, l’expérimentation de nouveaux logiciels en vue de futurs albums et l’ensemble de ses implications dans la scène expérimentale au Québec, il n’arrête jamais. Même son côté curateur bouillonne d’inspiration ; il se prépare notamment à l’organisation d’une série d’évènements à la Librairie St-Germain, « Éclats », qu’il avait instaurés en 2015 avec ses deux amis Steve St-Germain et Patrick Foisy. L’obtention d’une généreuse subvention du Conseil de la culture de Saint-Hyacinthe permettra aux trois organisateurs d’acheter l’équipement nécessaire afin de donner à nouveau la chance à quelques artistes sélectionnés de performer lors de ces évènements musicaux.
« Depuis qu’une étiquette de disque a signé mon projet, il y a un partage de ce que je fais à très grande échelle, a-t-il souri. Je me fais identifier au quotidien sur des blogues, des podcasts et par des radios de partout dans le monde qui font jouer mes créations, ou même par des DJs qui ont remixé mes pièces. Ça me donne une grande visibilité et j’ai rapidement vu la différence. »
Avec tous les projets enclenchés, Automatisme continuera certainement de faire briller le talent de Saint-Hyacinthe à l’international.