Lise Millette, L’Indice Bohémien, Abitibi-Témiscamingue
L’idée n’est plus une hypothèse : Michel Pageau, personnage plus grand que nature, fait maintenant son entrée dans l’imaginaire public sous la forme d’une bande dessinée. Le livre Michel et le loup, qui était également le titre d’une pièce de théâtre des Productions du Raccourci, oscille entre le roman graphique et la bande dessinée.
« Ce n’est pas une histoire de sa vie, mais une histoire inventée à partir de sa personnalité. On est davantage dans une rencontre avec l’Autre, celui qui est différent. On part de la vie réelle vers quelque chose d’un peu plus philosophique. Au début, Michel se perd dans la forêt et rencontre un loup qui lui dit “on ne peut pas être ami parce que je dois craindre les hommes” et Michel conteste cette idée », résume l’auteure Véronique Filion.
Le livre de 96 pages est costaud, bien garni et à la fois divertissant et pédagogique. S’il est destiné à un public de 8 à 12 ans, les adeptes du genre, même adultes, pourront y trouver un intérêt.
« C’est très bédé, mais il y a aussi quelques pleines pages. Disons que le résultat n’est pas comme Lucky Luke ou Tintin, où les cases sont très formatées », résume Véronique Filion, habituée de ne pas se laisser imposer une recette déjà définie à l’avance.
Le récit, qui se parcourt tranquillement, met en scène trois personnages principaux. Michel Pageau, le héros, en vient à comprendre les animaux et à se faire accepter dans leur univers. Le loup, une sorte de mentor, explique comment l’humain doit se comporter et interagir avec la faune. Et finalement, le grand-duc, qui fait office de narrateur, intervient dans l’histoire pour apporter des réflexions.
Au fil des pages, le lecteur se voit aussi expliquer trois axes pédagogiques mis de l’avant au Refuge Pageau : ne pas nourrir les animaux, éviter de les toucher et essayer de cohabiter avec harmonie sur leur territoire.
« On ne fait pas la morale, se défend bien Véronique Filion, les messages passent au fur et à mesure que le personnage évolue. Au début de l’histoire, Michel Pageau a 8 ans et à la fin du livre, il en a 60. »
À la fin, un cahier pédagogique présente M. Pageau et le refuge, on en apprend davantage aussi sur les loups et sur ceux qui ont travaillé au projet. Autogéré et autoédité Le livre Michel et le loup est un projet des Productions du Raccourci. C’est une première expérience du genre pour les producteurs de spectacles.
« Nous finançons nous-mêmes nos spectacles, financer le projet de livre s’est inscrit dans la suite logique des choses. Par habitude, ça nous semblait plus simple », confie Bruno Turcotte des Productions du Raccourci.
Il reconnait avoir fait une étude de faisabilité et sondé des éditions, mais le conseil d’administration en a conclu que cette avenue de permettait pas d’atteindre tous les objectifs fixés en raison de ce qui était versé aux auteurs, sous forme de redevances, par les maisons d’édition.
« Nous voulions rémunérer les personnes qui ont travaillé au projet et aussi remettre une grosse redevance sur les livres vendus au Refuge Pageau. En assumant tout, on rentabilise le projet, on rémunère nos artistes et on soutient le Refuge pour assurer sa pérennité en matière d’éducation aux enfants », affirme M. Turcotte, qui a su s’allier à plusieurs partenaires financiers, dont la Ville d’Amos.
La bande dessinée est offerte en prévente au cout de 30 $ au lieu de 35 $ au moment de sa sortie officielle au mois de décembre.