L’audace d’un Hippolytois autodidacte Thierry Proulx, artiste circassien de Dragao à la Cité de l’Énergie

Antoine-Michel LeDoux, Le Sentier, Août 2017

« Je réalise que je vis une aventure exceptionnelle compte tenu de mon parcours
autodidacte dans le domaine des arts du cirque, avoue Thierry Proulx, grand gaillard
athlétique de 20 ans, résidant du chemin Kilkenny à Saint-Hippolyte. Je me sens privilégié comme athlète-artiste du trampo-mur de faire partie du spectacle DRAGAO, présenté tout l’été à la Cité de l’Énergie de Shawinigan ».

« Je constate que dans ce spectacle, je peux m’accomplir autant dans des hardiesses personnelles athlétiques qu’artistiques tout en répondant aux attentes. C’est, sans doute, ce côté audacieux de moi qui me révèle le plus. Par exemple, dans le numéro d’ouverture, j’ai la chance de travailler avec trois artistes circassiens formés à l’école de Cirque de Québec, dans l’art du trampo-mur. Dès les premières répétitions, suivant les directives de Bryan Perro et du directeur artistique Pierre Trudel, nous avons trouvé une façon de travailler agréablement ensemble même si moi, je n’ai jamais suivi de cours de cirque. Et, en plus, les directeurs m’ont aussi fait confiance et m’ont permis d’inclure dans le déroulement des numéros, des figures gymnastiques personnelles et de tenir un rôle particulier comme comédien dans ce récit fantastique. Je trouve cela très valorisant ! »

Le trampo-mur, l’art de s’envoyer en l’air
Le trampo-mur est une discipline relativement récente dans le monde circassien. Des éléments sont indispensables à cette discipline, migymnastique, mi-art du cirque : un trampoline, un mur ou une construction en hauteur et beaucoup de bravoure et d’endurance de la part des gymnastes-artistes pour se jeter de toutes les façons de hauteurs impressionnantes. Ainsi dans le spectacle DRAGAO, lors de leur numéro, les quatre artistes, sous une musique rythmée énergique de guerre liée à l’histoire, quittent rapidement et à travers des sauts souvent croisés de deux et de trois à la fois, leur mur-perchoir pour voler, leur corps adoptant quelques instants, des formes diverses avant d’atterrir et frapper fortement le trampoline de leurs muscles tendus qui leur permet de rebondir et de remonter parfois plus haut, pour s’accrocher à une aspérité.

Le parcours atypique de Thierry
Intrigué de connaître comment un p’tit gars de Saint-Hippolyte avait pris contact avec cette discipline de gymnastique et pouvait participer à ce spectacle, je compris qu’il fallait avoir un parcours spécial pour y arriver. D’emblée, Thierry raconte que cela est arrivé vers la fin de ses années au secondaire à Saint-Jérôme où, avoue-t-il, malgré un passé de belles réussites au primaire et au début du secondaire, il était devenu un élève au potentiel décrocheur. « Les profs sont centrés sur leurs objectifs académiques à couvrir et ne portent aucune attention à des questions, j’avoue, parfois hors-piste, de l’élève hyperactif que j’étais. Mon corps passif était en classe mais ma tête explosait de questionnements, d’approfondissements ancrés dans des réalités potentielles. Hélas, c’était toujours sans réponse. Seule, l’activité physique intense aux défis multiples réussissait à me recentrer. Le trampo-mur, discipline
exigeante autant sur le plan physique qu’intellectuel, m’a sûrement sauvé. Comprenant très vite son fonctionnement, je suis devenu formateur. C’est ce que je vais continuer de faire durant l’année scolaire me permettant ainsi de poursuivre des études prenantes en sciences naturelles, au cégep de Saint-Jérôme. Avec ma participation à DRAGAO, je vais ajouter, maintenant, l’aspect artistique à cette discipline ».