La faune très riche des montagnes qui nous entourent

Sébastien Giguère, Le P’tit Journal de Woburn, Septembre 2017

La faune qui habite le massif du mont Mégantic est typique des milieux forestiers appalachiens. Du côté des mammifères, orignaux, cerfs, renards et lièvres fréquentent abondamment le territoire, tandis qu’ours, coyotes et lynx roux se font plus discrets. Jamais confirmée au parc, la présence occasionnelle du couguar et du loup de l’est demeure plausible. Le castor représente aussi un cas intéressant puisqu’il est responsable de la présence des quelques étangs présents dans la montagne.

Seigneur de nos forêts et plus grand des cervidés, l’orignal est un des plus fascinants habitants du massif. Le territoire et les environs du parc abritent la plus forte concentration d’orignaux du sud du Québec. Cette situation s’explique en partie par une mosaïque forestière moins fragmentée ainsi que par la proximité des états du Maine et du New Hampshire, dont les populations protégées débordent sur la région.

Cette abondance est relativement récente. Tandis que les recensements aériens des années 1970 constataient une quasi-absence de l’orignal dans la région, la densité de la population est par la suite passée à 1 individu au 10 km2 dans les années 1980, puis à 3,5 au milieu des années 2000. On ne sait pas si cette augmentation spectaculaire constitue un phénomène nouveau ou un retour à une situation antérieure à la colonisation.

Le massif lui-même, avec ses forêts mixtes, ses possibilités d’abri et son faible niveau de perturbation, représente un milieu de choix pour l’orignal. Près d’une dizaine de ravages hivernaux ont été mis en évidence par des suivis, principalement entre 750 et 900 mètres d’altitude. On évalue la population du parc à plus d’une vingtaine d’individus.

Si la rencontre d’un orignal constitue une expérience mémorable, elle reste néanmoins peu probable lors d’une randonnée. Les oiseaux demeurent les animaux dont la présence est la plus manifeste pour les adeptes de plein air.

Plus de 120 espèces d’oiseaux fréquentent le massif et l’agrémentent de leurs chants. Le climat rigoureux et l’absence de milieux ouverts ou humides font en sorte que la richesse aviaire du territoire est un peu moindre que celle d’autres parcs nationaux du sud du Québec. Ce qui distingue toutefois le mont Mégantic, c’est la présence d’espèces qu’on retrouve normalement en régions plus nordiques, et qui sont ponctuellement présentes sur les hauteurs du sud du Québec. La liste de ces espèces d’affinités boréales comprend le tétras du Canada, la paruline rayée, la grive de Bicknell, la mésange à tête brune, le mésangeai du Canada, le pic à dos noir et le moucherolle à ventre jaune.

La rencontre la plus fréquente pour les visiteurs est celle du mésangeai du Canada, aussi appelé geai gris, qui est très présent sur les sommets du mont Mégantic et du mont Saint-Joseph. Peu farouche, toujours en quête de nourriture, ce dernier n’hésite pas à s’approcher des humains, ce qui lui valait anciennement le titre de « camp robber », ou « voleur du camp ». Bien qu’il soit difficile de résister à la tentation de le nourrir, il est important de s’en abstenir, car les impacts négatifs de la familiarisation des animaux à la présence humaine sont nombreux.

À l’opposé de cet oiseau sociable, les sommets du massif abritent aussi l’un des oiseaux les plus rares et les plus discrets du Québec. Symbole de conservation du parc, la grive de Bicknell habite essentiellement les sommets de montagnes où la végétation est caractéristique de conditions climatiques difficiles. Elle recherche les zones denses et inaccessibles d’arbres rabougris lui permettant de se protéger des prédateurs. Des suivis ont permis d’estimer à environ 500 la population du territoire.

Migrant annuellement dans les montagnes des Grandes Antilles, sa population et son aire de distribution restent très limitées. Son statut d’espèce vulnérable a donné aux monts Mégantic et Gosford le statut de Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Longtemps considérée comme une sous-espèce de la grive à joues grises, c’est seulement en 1995 qu’un statut d’espèce à part entière a été attribué à la Grive de Bicknell.

Animaux mythiques et fascinants, indicateurs de la qualité d’un habitat, les chauves-souris apprécient également le territoire du parc, comme en témoigne l’observation de sept des huit espèces présentes au Québec. Quatre d’entre elles ont un statut de protection et trois sont des espèces migratrices qui volent aussi loin qu’aux Caraïbes pour passer l’hiver.

 

 

Source : Sébastien Giguère, Le parc du Mont-Mégantic —De la Terre aux étoiles, Muséologie In Situ inc. / SEPAQ, 2012. Le livre est disponible chez l’éditeur et à la SÉPAQ. Pour le commander : museologie.insituinc@gmail.com ou à la boutique du parc national du Mont-Mégantic.