Rendez-vous avec la mort… et avec la vie !

Daniel Rancourt, Le Félix, Saint-Félix-de-Kingsey, juin 2017

Récemment, en l’espace d’un mois, trois personnes de mon entourage sont décédées. La première, conjointe d’un ami, a été admise aux soins palliatifs le lundi pour ensuite « bénéficier » de l’aide médicale à mourir le mercredi à 11 heures.

Une semaine plus tard, le père d’une amie, âgé de 86 ans, est mort doucement dans son fauteuil d’un CHSLD, quelques minutes après la visite de son médecin et de l’infirmière qui lui ont administré la routine de ses médicaments quotidiens. Enfin, une semaine plus tard, une amie chère de longue date a été débranchée des appareils qui la maintenaient en vie après une opération chirurgicale d’urgence due à un cancer. Elle s’est éteinte en douceur et calmement quelques heures plus tard.

 

C’est la vie

L’aide médicale à mourir est une réalité de plus en plus présente au Québec. Selon un article d’Ariane Lacoursière parue dans l’édition du 27 avril 2017 de La Presse, «Un total de 803 personnes ont eu recours à l’aide médicale à mourir durant les six premiers mois de son autorisation au pays, révèle un bilan publié hier par Santé Canada. Ce nombre grimpe à 970 si on tient compte de tous les cas recensés au Québec, qui a adopté une loi similaire six mois avant Ottawa. »

Selon mon ami dont la conjointe a eu recours à l’aide médicale à mourir, le tout s’est déroulé dans le plus grand respect et encore quelques minutes avant, les médecins ont demandé et vérifié auprès de sa conjointe si cela était bien ce qu’elle désirait et si elle faisait ce choix de son propre chef.

On a trop souvent maintenu en vie, et ce, dans des souffrances cruelles et inutiles, des personnes aux portes de la mort. Comme on dit, on ne laisserait pas notre chien, notre chat, notre vache ou notre cheval, subir un tel calvaire. Mais de prendre rendez-vous, de fixer une date et une heure avec la mort, je ne m’y ferai jamais. Je suis curieux de connaître votre opinion sur ce sujet pour continuer à nourrir mes réflexions. (danran@xittel.ca)

 

C’est la mort

À la peine, la douleur, de perdre un être cher, s’ajoute le fait de faire face, de confron ter sa propre mort, notre propre finitude. Tout ce qui vit, meurt. Rien ni personne n’est éternel. Rien ni personne n’a su nous dire ce qu’il y a au-delà. C’est un des grands mystères de la vie. Et ça donne terriblement envie de vivre! On attribue à Steve Jobs, un des fondateurs d’Apple, une citation qui va comme suit : «Vivez chaque jour comme si c’était votre dernier, parce qu’un jour ou l’autre, cela sera vrai ! »

Dans « La dernière leçon » de Mitch Albom (ed. Robert Laffont, Paris, 1998), version française de « Tuesdays with Morrie » (1997), Morrie étant Morrie Schwarz, vieux professeur de l’auteur, atteint de la maladie de Lou Gehrig ou sclérose latérale amyotrophique (SLA) : «Tout le monde sait qu’il va mourir mais personne n’y croit… Savoir qu’on va mourir et se préparer comme si cela pouvait arriver à tout moment… En faisant comme les bouddhistes. Tous les jours, ils font comme s’ils avaient un petit oiseau sur l’épaule qui demande : est-ce pour aujourd’hui ? Suis-je prêt ? Est-ce que je fais tout ce qu’il faut pour devenir la personne que je veux être ?… Vais-je mourir aujourd’hui ?… En apprenant à mourir, on apprend à vivre… »

 

Et :

« C’est l’histoire d’une petite vague qui va clapotant sur l’océan, s’amusant comme une folle. Heureuse dans le vent et le grand air, jusqu’à ce qu’elle aperçoive les autres vagues devant elle qui s’écrasent contre le rivage.

C’est affreux, dit la vague, qu’est-ce qui va m’arriver ?

Arrive une autre vague. Elle voit la mine sombre de la première et lui demande : pourquoi as-tu l’air si triste ?

La première vague répond : Tu ne comprends donc pas. Nous allons toutes nous écraser, nous allons toutes disparaître. C’est affreux.

La deuxième vague lui dit :

Non, c’est toi qui ne comprends pas. Tu n’es pas une vague, tu es une partie de l’océan. »

Bonne vie et bon temps à tous. Aimons. Et vive la vie!

 

Excusez-la…