Anne-Marie Aubin, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mai 2017
Le lundi 8 mai dernier avait lieu la remise des Grands Prix du livre de la Montérégie lors d’un 5 à 7 qui s’est déroulé à la Maison de la culture de Longueuil.
Le prix Arlette-Cousture, décerné à un roman, un récit littéraire ou un recueil de nouvelles, a été remis à Kim Thúy pour Vi, publié en 2016 aux éditions Libre Expression.
Vi est raconté en douceur malgré la dureté de certains événements, comme si l’auteure nous dévoilait un secret. Le minimalisme et la poésie de sa prose charment le lecteur tout au long de ce récit intrigant. L’auteure révèle des parfums par l’écriture en nous plongeant au cœur de son Vietnam natal.
Née à Saigon en 1968, Kim Thúy a quitté le Vietnam avec les boat people (les réfugiés de la mer) à l’âge de dix ans et s’est installée avec sa famille au Québec. Diplômée en traduction et en droit, elle a travaillé comme couturière, interprète, avocate, propriétaire de restaurant et chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision. Elle vit maintenant à Longueuil et se consacre à l’écriture. Son premier livre, Ru, a été traduit dans plus de vingt-cinq langues et a remporté de nombreux prix littéraires dont le prestigieux prix du Gouverneur général du Canada 2010.
Le prix Philippe-Béha, bisannuel et décerné à l’auteur d’un album jeunesse, a été remis à Jean-François Sénéchal pour L’enquête secrète de la ruelle, publié en 2015 aux éditions Jules la Mouche. Cet album se distingue par son originalité. Une enquête, un voisin disparu, un plan de quartier de Verdun et la mise en scène réalisée avec des gens qui y demeurent stimulent l’intérêt du lecteur selon le jury. Étonnant tout de même qu’on attribue un prix qui porte le nom d’un célèbre illustrateur à un album sans illustration aucune!
Fils de deux enseignants, Jean-François Sénéchal est né au milieu des livres. Après des études en anthropologie, il se consacre à la littérature. En 2010, il publie La mémoire des Ombres dans la toute nouvelle collection Domaine Jeunesse de Leméac. Chez le même éditeur suivront Le cri de Léa (2012), Feu (2014) et Le boulevard (2016). Les albums L’enquête secrète de la ruelle (2015) et L’enquête secrète du trésor perdu (2017) — publiés aux éditions Jules la Mouche.
Le Grand Prix du livre catégorie Tout-petits est allé à Nadia Bélanger, pour Raphou a perdu son bonheur. L’auteure traite un thème abstrait, rarement abordé pour les petits : la notion de bonheur dans un vocabulaire adapté aux jeunes enfants. Ce texte rejoint l’un des objectifs du développement de l’enfant en CPE : l’enfant philosophe. Non moralisateur, branché sur le quotidien, il cadre le bonheur dans la famille.
Le Prix des libraires du Québec — roman
Au cours de la cérémonie de remise au Lion D’or, le prestigieux Prix des libraires du Québec, coordonné par l’Association des libraires du Québec (ALQ) depuis 24 ans, a couronné Stéphane Larue (Le plongeur, Le Quartanier), catégorie Roman québécois. Ce prix littéraire permet également aux libraires, des gens passionnés qui contribuent par leurs conseils éclairés à la diffusion du livre et de la lecture, de faire rayonner leur profession.
Stéphane Larue a raflé les honneurs avec son premier roman des plus impressionnants, Le plongeur. Ce prix s’accompagne d’une bourse de 10 000 $ remise par le Conseil des arts et des lettres du Québec. « Nous sommes heureux de remettre un montant de 10 000 $ à un jeune auteur qui offre, avec son tout premier roman, un récit à la fois puissant et palpitant », a déclaré Anne-Marie Jean, présidente-directrice générale du Conseil des arts et des lettres du Québec. L’auteur reçoit aussi une œuvre de l’artiste Louis-Georges L’Écuyer. De son côté, l’Association internationale des études québécoises (AIÉQ) offre au lauréat québécois la possibilité de faire une tournée de promotion dans l’un des pays étrangers où elle a des membres.
Commentant le livre gagnant, Denis Gamache, de la Librairie Au Carrefour, à Saint-Jean-sur-Richelieu, s’exprime ainsi : « Grand roman d’apprentissage au cœur du Montréal nocturne, Le Plongeur possède des qualités littéraires inégalées : un style hyperréaliste d’une adresse singulière, une maîtrise intrinsèque de son sujet, un univers de références et de codes qui sortent définitivement de l’ordinaire. »
Touché de cette reconnaissance, Stéphane Larue a adressé ces mots aux libraires: «[…] je voudrais ajouter qu’un monde sans libraires est un monde où je ne voudrais pas vivre. Continuez de parler des œuvres qui vous allument, continuez de tenir vos librairies, qui sont aussi nos librairies. Continuez de créer ces rencontres entre les livres et nous. Faites pour d’autres livres ce que vous avez fait pour Le plongeur. C’est essentiel pour nous qui lisons, qui écrivons. Merci encore. »