Robert Garcia. Photo : Courtoisie

Robert Garcia, poète du bon voisinage

Hassan Laghcha, Journaldesvoisins.com, Montréal, décembre 2016

« Il faut prendre la peine de connaître ses voisins. » Pour le poète ahuntsicois, Robert Garcia, la peur de l’autre porte gravement préjudice à la vie communautaire. « Ce n’est pas parce qu’on est différents qu’on est des sauvages », dit cet « observateur photovoltaïque » des petites choses de la vie (comme il aime se définir lui-même). Récit d’une rencontre.

Les écrits de Robert Garcia traduisent aussi bien son action pour faire tomber les préjugés que son profond engagement pour de grandes causes humaines qu’il nourrit depuis son long séjour comme jeune travailleur humanitaire en Afrique, dans les années 60-70. Cette expérience a complètement changé sa perception de la vie.

Ce n’est pas fortuit que le premier recueil de Robert Garcia, paru en 2009, porte le titre L’ombre blanche du baobab. Dans ce livre, le poète aborde son expérience africaine par le biais d’une multitude de portraits humains, dessinés sous le signe de l’arbre mythique de l’Afrique, le baobab, qui symbolise les sagesses ancestrales de ce continent mal connu.

 

Porter sur soi ses expériences

Les méditations de Robert Garcia sur l’Afrique traduisent les marques indélébiles de son périple comme membre de l’association humanitaire Frères des Hommes dans plusieurs pays africains. Lui, l’homme blanc/ombre blanche, il a côtoyé là-bas, de près, les injustices les plus criantes du monde et les sagesses qui illuminent le quotidien des habitants du continent noir et façonnent leur vision du monde.

« Si vous allez en Afrique, vous allez revenir changés », dit-il souvent à ses interlocuteurs. « Voyager, aller à la rencontre de l’autre, le connaître de plus près, c’est l’antidote le plus efficace contre les idées préconçues », affirme cet Ahuntsicois d’origine française, arrivé au Québec il y a 16 ans et qui se fait un point d’honneur de contribuer à tout ce qui peut rendre plus ensoleillée la vie de son quartier d’adoption.

 

Libérer la poésie…

En mars dernier, dans le cadre de son exposition Poésies en liberté à la bibliothèque Ahuntsic, il a animé une soirée de lecture poétique sous le thème Amoureux des Mots, la parole est à vous!, et à laquelle le public était invité à participer. « Vous êtes poète à vos heures? Venez lire, réciter, déclamer quelques-uns de vos poèmes, disait, si joliment, l’annonce de cette rencontre. Quelle que soit la langue, quel que soit votre âge, vous êtes tous bienvenus à une soirée où les mots seront à l’honneur. » Belle initiative saluée par beaucoup d’Ahuntsicois qui appelaient de leurs vœux des occasions pareilles pour donner libre cours à leur sensibilité poétique.

Autre volet de l’engagement communautaire de Robert Garcia : ses activités au sein du Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA) et le collectif citoyen Ahuntsic Portes ouvertes, notamment pour la promotion des programmes interculturels, comme celui de la Bibliothèque Vivante qui vise à encourager les rencontres entre les citoyens de cultures différentes.

 

…Et partager le bonjour!

« Les gens du quartier de différentes cultures et origines devraient faire un petit effort pour mieux se connaître entre eux », dit-il, soulignant qu’il se fait un devoir de parler et de dire le bonjour à tout le monde, au risque de se faire blâmer par sa douce moitié : « Mais, Robert tu ne la connais pas! » « Ce n’est pas grave, lui réplique-t-il. On va apprendre à se connaître. »

« Contrairement à ce que l’on croit, les écrits d’un poète ne peuvent pas être que les méditations d’un solitaire, dit cet extraverti convaincu. Pour écrire, il faut être d’abord extrêmement réceptif aux choses de la vie, à l’image d’une cellule photovoltaïque, pour pouvoir restituer des paroles qui peuvent avoir du sens dans la vie de madame et monsieur tout le monde, sinon elles seraient lettres mortes. »