Nathalie Faucher, L’Indice bohémien, Rouyn-Noranda, novembre 2016
Le projet Portraits et prose est une exposition extérieure accessible à tous, sur le sentier J-P-Roland-Fortin, communément appelé la piste cyclable du chemin de l’aéroport. Composée de 20 panneaux représentants des citoyens de Val-d’Or, on y voit « des personnes qui n’étaient pas toujours sous les feux de la rampe, mais des personnes, des modèles, des héros du quotidien », explique Marie-Claude Robert, photographe du projet.
« Le projet est issu du plan d’action lié à l’entente de développement culturel 2016 intervenue entre le ministère de la Culture et des Communications et la Ville de Val-d’Or, souhaitant dans le cadre de CULTURAT mettre en valeur, à travers une exposition littéraire, des citoyens valdoriens inspirants. L’objectif sous-jacent était notamment de stimuler l’identité locale et l’appartenance en identifiant le citoyen comme acteur principal du développement de la collectivité », affirme Geneviève Béland, animatrice culturelle de la Ville de Val-d’Or.
Pour ce faire, elle a fait appel à Marie-Claude Robert, photographe, et Bruno Crépeault, écrivain. Ce projet était le premier sur lequel les deux artistes travaillaient conjointement. « On se connait bien, on partage les mêmes locaux, mais c’est la première fois que l’on fait un projet de pair », souligne Marie-Claude. Le petit groupe de travail s’est d’abord rencontré afin de déterminer les thématiques et ensuite le choix des citoyens qui représenteraient bien ces dernières. « Certains des citoyens ont été choisis par le comité, mais nous avons également fait des appels au public via le Facebook de Val-d’Or en Art. Nous demandions de nous suggérer le nom de personnes extraordinaires qui étaient peu connues », indique Bruno. Ils désiraient mettre en lumière des personnes à qui on ne pense pas tout de suite, puisque le but était de faire ressortir ces héros du quotidien.
Dès le mois de mai, les deux artistes se sont déplacés à la rencontre de chacune de ces personnes. Ils désiraient avoir l’occasion de discuter avec ces gens, de prendre le temps de les rencontrer, de découvrir leur individualité et leur réflexion le temps d’une entrevue dirigée par Bruno. Par la suite, Marie-Claude prenait quelques clichés représentatifs de chaque personne dans le lieu de son choix.
Ces rencontres ont permis aux artistes de vivre des moments uniques empreints de découvertes et d’authenticité. Des personnes les ont touchés, étonnés, inspirés. Le pionnier, l’activiste, les jeunes ne sont que des exemples puisque finalement, tous avaient cette étincelle dans les yeux qui a rendu ces rencontres inoubliables, estime Bruno. Marie-Claude confie quant à elle avoir profondément été touchée d’écouter l’infirmière lui livrer sa vision du métier aujourd’hui.
Loin d’être un résumé journalistique ou un curriculum vitæ de la personne choisie, chacun des textes des panneaux était un défi pour Bruno. L’auteur désirait exprimer sa vision personnelle de la thématique tout en s’inspirant des entrevues réalisées sans dénaturer les propos des gens rencontrés. Le texte final, très poétique, est en quelque sorte un point de rencontre entre ces deux réalités.
Le projet est la 4e exposition à prendre place sur ces panneaux depuis juin 2015. « La première exposition, qui nous a amenés à mettre en place des supports extérieurs, est Regalia, des artistes Roland Lorente et Aline Saffore. Nous souhaitions à ce moment-là intervenir dans l’espace public urbain avec une proposition venant mettre en valeur la culture autochtone. »
L’idée de faire des interventions hors les murs traditionnels de nos institutions culturelles est une grande tendance de démocratisation de l’art à laquelle la Ville croit beaucoup. Elle fait partie des objectifs de la politique culturelle municipale de susciter des contacts entre les citoyens et les diverses formes d’expression artistique. « Intégrer l’art dans l’espace quotidien du citoyen est une excellente façon à la fois d’embellir notre milieu, mais également de favoriser l’éveil à la création », soutient Geneviève Béland.
Ces 20 réflexions en mots et en images sont le résultat de ces rencontres. Les panneaux, tantôt dynamiques, tantôt émotifs, reflètent tous le travail tout en finesse des deux artistes. L’exposition sera en place jusqu’au printemps 2017, une façon originale pour la population d’allier sport et culture.
Bien que toutes soient des personnalités de divers horizons, quel est le point commun entre chacune d’elles, selon les deux artistes ? La passion et l’engagement. Tous et toutes, au fil des conversations, ont prononcé ces mots. La meilleure conclusion est cette réflexion de Bruno : « Finalement, peut-être est-ce la passion et l’engagement qui rendent les gens si extraordinaires ? »