Suzanne Blais Gilbert, Le Reflet du canton de Lingwick, Lingwick, septembre 2016
À chaque été, depuis cinq ans, je me rends à Victoriaville rejoindre des agricultrices membres de la Coopérative des Bois-Francs pour prendre l’autobus et participer à une journée d’activités.
L’année dernière, la Beauce : le musée J.A. Vachon à Sainte-Marie, la Cache à Maxim et son vignoble ainsi que la Brasserie Frampton. En 2014, Rougemont : La Cabosse d’Or à Otterburn Park, la chocolaterie La Rabouillère de Saint-Valérien-de-Milton et le Domaine Cartier-Potelle et ses cidres de glace.
En 2013, le Domaine Joly-de-Lotbinière et ses magnifiques jardins, la Miellerie Prince-Leclerc de Saint-Agapit, ainsi qu’un élevage d’alpagas. En 2012, l’Île d’Orléans : la Chocolaterie, le tour de l’île et les marchés de fruits et légumes, l’église Sainte-Famille, là où mes ancêtres Pierre Blais et Anne Perrot se sont mariés en octobre 1669.
Le mercredi 17 août dernier, je prenais l’autobus à la Ruée vers Gould avec deux copines, Dominique Therrien de Weedon et Claudette Lussier de Saint-Gérard, membres du comité organisateur, en direction de la Ferme Croque-Saisons. Imaginez, 3 km et j’étais rendue!
Comme il avait tellement plu la veille (heureusement après un été sec), Caroline Poirier, copropriétaire de la Ferme Croque-Saisons, ainsi que sa stagiaire Aby Girard qui étudie en agriculture biologique, nous attendent en manteau de pluie et bottes à tuyau pour une visite des champs de toutes les variétés inimaginables de légumes biologiques. Deux cents paniers sont livrés à toutes les semaines. Des explications aux questions des plus curieuses satisfont notre intérêt. Nous étions toutes bouche bée devant ce grand jardin exempt de mauvaises herbes!
Nous reprenons l’autobus en direction de Gould. Daniel Audet et son équipe nous accueillent dans son auberge La Ruée vers Gould et nous montons directement au 2e étage pour une démonstration de scones.
Mais auparavant, notre amie Manon Rousso, Maître photographe émérite, ayant accepté généreusement notre invitation, nous a parlé de son métier qu’elle a pratiqué dans son studio à l’époque, mais surtout sur les terrains de la ferme qu’elle possède avec son conjoint. Elle nous présente un diaporama de ses photos prises à l’extérieur agrémenté de commentaires dynamiques… Puis, elle nous quitte pour d’autres obligations étant très occupée comme bénévole dans divers organismes et conseillère municipale.
Puis, Daniel nous revient pour nous confectionner des scones ainsi que la recette naturellement. Un délicieux brunch nous attend, une soupe traditionnelle, des salades diverses, quatre à cinq plats chauds à saveur écossaise et des desserts à couper le souffle. Après ce délicieux repas qui sort de l’ordinaire, la jasette continue entre les agricultrices car l’occasion de se parler n’arrive qu’une ou deux fois par année.
Une courte marche vers l’église Chalmers pour en apprendre davantage sur les us et coutumes des écossais de l’époque. Daniel anime aisément la discussion passant des années 1800 à 2000. On reprend l’autobus pour une courte visite du cimetière Bury-Lingwick apprendre sur la façon de placer les monuments à l’époque, en respect aux défunts. J’en profite pour chercher des pierres tombales McLeod, ayant demeuré vers la fin des années 1800 sur les terres de la Ferme Gilbert et Fils. Il y en a beaucoup trop, je devrai revenir une autre fois.
Pour terminer la journée, on se dirige au pont couvert McVetty McKenzie, à Gould, avec toute la fougue de la rivière au Saumon suite aux fortes pluies de la veille. L’histoire de sa construction en 1893 et de ses rénovations il y a quelques années nous est vivement racontée par Céline Gagné. Pour terminer, une visite à la boutique Les artisans de Lingwick et un chaleureux accueil du maire, Marcel Langlois, accompagné de deux bénévoles.
Vers 16 h 30, le départ de l’autobus vers Victoriaville et ensuite chacune repart vers sa ferme laitière, bovine et maraichère, respective.
Quelle fierté pour moi de les recevoir dans ma petite municipalité. Pour bien terminer la journée, j’invite Dominique et Claudette au Belvédère sur le sentier nouvellement aménagé nous guidant jusqu’au grondement de la rivière au Saumon.
Cet été, avec la construction d’une nouvelle étable et les normes à respecter du bien-être animal, les vaches laitières seront regroupées dans la nouvelle vacherie à ventilation naturelle. Les taures et les génisses occuperont dorénavant l’étable actuelle datant de 1947. Ce sera la fin de l’élevage de l’autre côté de la route 108 dans la vieille grange datant de la fin des années 1800 et construite par des Écossais.
Aujourd’hui, je me sens encore plus fière d’être agricultrice et de participer au maintien d’une ferme laitière familiale en pleine évolution. Grâce à notre relève, Patrick et Gabriel (son amie Jade), une troisième génération s’établit grâce aux sacrifices de Laurette et Fernand, de mon conjoint Robert, de ses frères et sœurs dans les années 1960-70, puis de mon arrivée de la ville de Lac-Mégantic en 1982 pour fonder une belle famille de gars. Le 25 juillet dernier, Manuel et sa conjointe Émilie nous ont donné le grand bonheur d’être grands-parents d’un petit-fils, Evan.
Malgré beaucoup de difficultés et sacrifices pour en arriver là, je remercie la vie de me permettre de vivre dans un milieu entouré de verdure et d’animaux, tout en côtoyant le bruit incessant des camions nous permettant d’approvisionner les besoins grandissants d’un troupeau laitier et de tous les fournisseurs et intervenants!