Louis Dumont, L’Indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue, septembre 2024
Georges Pisimopeo a remporté un Prix voix autochtones (PVA) avec son roman Piisim Napeu, soit le premier prix de la catégorie récit et fiction en français. L’annonce a été faite en juin dernier.
LES PRIX VOIX AUTOCHTONES
Les PVA sont une initiative mise sur pied en 2017 afin de souligner la production littéraire autochtone au Canada. Le conseil d’administration est présidé par Marie-Ève Bradette de l’Université Laval et Sarah Henzi de l’Université Simon-Fraser. Les PVA constituent les seuls prix littéraires canadiens destinés aux œuvres publiées et inédites d’écrivaines et d’écrivains autochtones émergents. Autre caractéristique, cette initiative vise à favoriser le développement des communautés artistiques autochtones en créant des occasions de collaboration entre candidates et candidats, membres du jury et communautés autochtones.
LE ROMAN PIISIM NAPEU
Piisim Napeu est une suite de récits qui ne laissera personne insensible tant les émotions nous transportent. L’auteur, un Cri de Waswanipi, y effectue un survol de son enfance jusqu’à aujourd’hui, relatant des épisodes de vie ouverts sur la magie des forces de la nature, les traumas de l’enfance, les errances et les blessures profondes qui transportent l’individu au-delà de la souffrance. Lire cet auteur, c’est l’entendre nous faire la conversation, nous expliquer dans ses mots, sans agressivité ou avec si peu, ce qu’a été sa vie. On le suit, enfant, dans les bois à l’orée de la ville de Senneterre, puis subissant la difficile immersion dans les écoles de jeunes Blancs. Il décrit des épisodes à nous arracher le cœur. Il le mentionnera lui-même, le pire des traumas aura été l’abandon vécu alors qu’il était enfant. Ses parents, père et mère, disparaissaient pendant des jours, les laissant, lui et sa fratrie, à eux-mêmes dans leur cabane en bois rond. Pour finir, on découvre un homme qui se tient debout, qui est fier de ses origines et qui a pansé ses blessures.
L’AUTEUR GEORGES PISIMOPEO
Georges Pisimopeo n’est pas qu’un homme de mots. Il a consacré sa vie à aider les siens, à conjuguer l’éternel dilemme d’être autochtone dans un monde moderne où tout se vit en accéléré avec peu de respect pour les traditions. Il a toujours travaillé pour les Premières Nations à titre de coordonnateur des Services parajudiciaires autochtones du Québec et comme fonctionnaire pour le gouvernement de la Nation Crie. Il visite aussi ses frères autochtones détenus pour transmettre enseignements et rituels spirituels.
Il faut l’entendre raconter le bourdonnement des rencontres et des échanges qui ont bousculé sa vie à la suite de la parution de Piisim Napeu en septembre 2023. Les salons du livre se succèdent; les ateliers de discussion avec des élèves ou des étudiantes et étudiants des nations autochtones sont inscrits à son agenda. Georges ne refuse jamais une rencontre publique pour parler de réconciliation entre les peuples et de reconnaissance de sa nation. D’ici là, il faut le lire. D’ici là, il faut le découvrir.