Caroline Lavergne dit avoir passé de très beaux moments avec les enfants. « Les chevaux qui ressortent de là sont très variés. C’était fantastique! », lance-t-elle. (photo : gracieuseté)

Une artiste de Saint-Denis-de-Brompton illustre un roman avec des dessins d’enfants

Sébastien Michon, Le Val-Ouest, Valcourt, mai 2024

L’illustratrice Caroline Lavergne, de Saint-Denis-de-Brompton, travaille activement à préparer ses dessins pour le livre « Comment sauver des chevaux sauvages » de l’auteure Andrée Poulin. Le projet, financé par le Conseil des arts et des lettres du Québec, implique aussi la participation d’enfants du primaire.

Sauver des chevaux sauvages de la mort

Ce roman jeunesse s’inspire d’une histoire vraie survenue dans les années 1960. À l’époque, le premier ministre canadien John Diefenbaker souhaitait retirer les chevaux sauvages de l’île de Sable, en Nouvelle-Écosse. Pour les destiner à devenir de la nourriture pour chien ou pour faire de la colle. De nombreux enfants ont alors écrit au premier ministre pour le faire changer d’avis.

Lettre originale, envoyée par un enfant en 1960 au premier ministre canadien John Diefenbaker pour le remercier de ne pas avoir déplacé les chevaux de l’île de Sable. (crédit photo : Friends of Sable Island)

Certains dessins réalisés par des enfants du primaire

Alors que la majorité des illustrations du livre seront réalisées par Caroline Lavergne, celle-ci souhaitait que l’ouvrage contienne aussi de vrais dessins d’enfants. « Lorsque des adultes les imitent, ce n’est jamais très convaincant », remarque-t-elle.

Caroline Lavergne s’est donc associée à trois professeures de cinquième année et une professeure de première année de l’École des Avenues à Sherbrooke pour animer des ateliers en classe.

Avant la tenue des ateliers, les enseignantes expliquaient préalablement aux enfants l’histoire de l’île de Sable et leur présentaient le travail de l’artiste par le biais d’une capsule vidéo.

« Lors des ateliers, j’ai expliqué aux enfants qu’une grosse partie du travail d’illustratrice, c’est de faire des esquisses. Pour trouver des idées et assouplir sa main. Nous avons fait ensemble des réchauffements et dessiné des chevaux. Les enfants avaient ensuite deux semaine pour réaliser un «propre». S’ils voulaient s’appliquer en fonction de ce qu’on avait fait.»

Chevaux sauvages sur l’île de Sable, dans l’océan Atlantique, à 290 kilomètres au large d’Halifax, en Nouvelle-Écosse. On pense que ces chevaux sont les descendants d’animaux introduits dans les années 1700. L’ile est protégée de l’influence humaine depuis 1961. On estime qu’elle abrite environ 500 chevaux. (crédit photo : Philip McLoughlin – University of Sakatchewan)

Offrir des ateliers sans pression ni compétition

Comment choisira-t-on les dessins des enfants qui feront partie du livre? «C’est un peu délicat. Je n’ai pas présenté aux enfants qu’on allait prendre certains dessins pour les mettre dans le livre. D’une part, parce que je n’étais pas certaine des résultats. Mais aussi pour ne pas leur mettre trop de pression et que ce soit stressant pour eux. Je voulais que l’atelier ait une valeur en soi. Sans créer de la compétition entre les élèves. Qu’il s’agisse d’un beau moment où ils puissent s’amuser et dessiner des chevaux. »

Caroline Lavergne dit avoir passé de très beaux moments avec les enfants. «Les chevaux qui ressortent de là sont très variés. C’était fantastique! », lance-t-elle.

Publication du livre : mars 2025

Tous les dessins de l’illustratrice doivent être finalisés d’ici la fin juin. Pour être remises à la maison d’édition Bayard Canada pour la composition de l’ouvrage. Celui-ci devrait être publié vers mars 2025.

L’auteure Andrée Poulin publiera chez Bayard Canada, en 2025, le livre « Comment sauver des chevaux sauvages ». Un ouvrage illustré par Caroline Lavergne. (crédit photo : Martine Doyon)

Quitter son travail pour se consacrer entièrement au dessin

La passion de Caroline Lavergne pour le dessin date de loin. « J’ai toujours dessiné depuis que je suis petite. Alors que plusieurs arrêtent au secondaire, moi, au contraire, j’ai continué », confie-t-elle.

Elle a peaufiné sa plume au fil des ans de façon autodidacte. Après avoir travaillé plusieurs années dans le milieu corporatif à Montréal, elle décide de prendre une pause en 2018. « Je suis allé faire une résidence de création à Tokyo. Après deux semaines, j’ai appelé mon employeur et je lui ai dit que je ne revenais pas. Je savais alors que, dans ma vie, j’étais supposé dessiner. »

« L’observation et le dessin sont des gestes d’amour »

Caroline Lavergne raconte, dans une capsule tournée sur elle par la Fabrique culturelle de Télé-Québec, que l’observation et le dessin sont des gestes d’amour, de découverte et de rencontre.

« Si je passe une heure ou deux à essayer d’attraper les traits de quelqu’un, je suis vraiment en train de penser fort à cette personne-là. Je trouve que c’est un processus qui en valait la peine. Si cet amour-là peut transparaître chez les lecteurs, ce serait déjà ça de gagné. »


Illustration tirée du livre «Le film de Sarah» publié par Caroline Lavergne en 2022. (crédit : Caroline Lavergne)

Participation à plusieurs projets littéraires primés

Depuis qu’elle a choisi d’être illustratrice à temps plein, elle a participé à plusieurs projets, dont des livres comme Les platanes d’Istanbul (2018), Le film de Sarah (2022) ou encore Les saumons de la Mitis (2023).

Plusieurs de ses réalisations ont remporté des prix. Dont le prix Illustration Jeunesse attribué en mars dernier au Salon du livre de Trois-Rivières pour Les saumons de la Mitis. Une récompense qu’elle se dit heureuse d’avoir reçue. «Pour ce que j’ai compris, c’est le seul prix qui reste, au Québec, pour honorer l’illustration d’un livre. Ce qui est aberrant.»

Couverture de l’ouvrage “Les saumons de la Mitis” écrit par Christine Beaulieu et illustré par Caroline Lavergne. Le Salon du livre de Trois-Rivières lui a décerné le prix Illustration Jeunesse. (crédit : Éditions de la Bagnole)

Quitter Montréal pour s’établir à Saint-Denis-de-Brompton

L’année 2021 est celle d’un deuxième grand saut. Celui de quitter Montréal et de déménager à la campagne, à Saint-Denis-de-Brompton, en pleine pandémie. « On y pensait déjà, mais ça a précipité les choses. C’était le bon moment. »

Elle affirme ne pas regretter son choix. « Je suis dans le fond d’un rang, bien heureuse à cueillir des champignons. Le lieu m’offre plus de facilité à me concentrer pendant plusieurs heures sur mon travail. Ce qui me permet de réaliser des projets à long terme. Comme par exemple c’est ici que j’ai terminé ma bande dessinée « Le film de Sarah ». Je ne sais pas si j’aurais été capable de le faire si j’étais resté à Montréal. »

« Je suis dans le fond d’un rang à Saint-Denis-de-Brompton. Le lieu m’offre plus de facilité à me concentrer pendant plusieurs heures sur mon travail. Ce qui me permet de réaliser des projets à long terme », confie Caroline Lavergne. (crédit photo : Vincent Lafrance)

Un projet pour mieux s’ancrer dans la région

Caroline Lavergne dit vouloir mieux connaître sa nouvelle communauté. «Une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de faire ce projet avec l’école de Sherbrooke, c’est pour commencer à mieux m’ancrer dans la région. Ça fait trois ans que je suis là, mais je ne connais pas grand monde. Les deux premières années, nous étions en pandémie. Mais là, je trouve que je commence à avoir moins d’excuses », lance-t-elle en riant.

Caroline Lavergne au Salon du livre de l’Estrie 2023. On peut lire, sur la dédicace : « Bonne lecture à tous les Saint-Denisiens!», qui est le gentilé des citoyennes et citoyens de Saint-Denis-de-Brompton. (crédit photo : Salon du livre de l’Estrie)