La route du Mitan traverse l’île d’Orléans, en son centre. © Pierre Lahoud

Toponomie

Pierre Lahoud, Autour de l’Île, Île d’Orléans, avril 2024

À l’île, on parle souvent de haut et de bas ; le haut de Saint-Jean désigne la partie ouest du village de même que le bas de Saint-Jean désigne la partie est. Ces désignations sont des dérivés d’expressions maritimes et sont associées au courant du fleuve.

Le fleuve est soumis aux marées. Il y a une marée haute et une marée basse. Ce qui veut donc dire que le fleuve monte de l’est vers l’ouest et qu’il descend de l’ouest vers l’est. On descend le fleuve quand on s’en va dans l’est alors qu’on le monte quand on se dirige vers Montréal.

Ainsi, si jamais vous entendez les gens de l’île parler du monde d’en bas vous devez comprendre que ce sont les gens qui sont situés à l’est de l’île, ce qui inclut les pays d’Europe.

De même, il ne faut pas s’étonner du mot désert, car dès le début du Régime français, ce terme est utilisé pour désigner un terrain défriché ou d’un champ en culture près de la forêt.

Quant aux terres fortes, il s’agit d’une terre peu fertile qui contient de l’argile tandis que le terme terres sèches (sec) identifie un sol graveleux.

La toponymie conserve donc de nombreuses traces d’une survivance française à l’île.

Le trou Saint-Patrice est une expression qui nous vient directement du Moyen-âge et qui parle d’une ouverture qui permet aux gens d’aller aux enfers ; la rivière Dauphine, fut nommée en mémoire de l’épouse du fils aîné du roi de France ; le Mitan désigne le milieu de l’île ; le Trécarré indique la séparation des terres entres les paroisses nord et sud ; les côteaux illustrent les parties élevées des villages de Saint-Laurent et de Saint-Jean.

Il y a également une tendance qui persiste à nommer les lieux selon les propriétaires : Anse à Pierre, Côte à Georgien, Pointe chez Plante. Que penser également des noms descriptifs qui occupent encore une part importante dans la toponymie insulaire : abîmes, côtes, cabaret, caps, entrecôtes, côte du fond, fond, anses, pointe, grèves… à n’en pas douter le souvenir de la Nouvelle-France est toujours présent à l’île d’Orléans.

Il s’agit d’une des 100 Curiosités que l’on retrouve dans le livre Curiosités de l’île d’Orléans Québec, Les Éditions GID, 2022, 224 p.