Hassan Laghcha, Journal des voisins, Montréal, avril-mai 2024
Le Journal des voisins (JDV) a rencontré Nadine Altounji, multi-instrumentiste québécoise d’origine syrienne. Sa musique s’inspire profondément de la diversité ethnoculturelle grandissante de Cartierville, où elle a grandi.
Le 23 mars, la salle Charles-Daudelin du Centre culturel et communautaire de Cartierville (4C) accueillait l’une des fiertés artistiques du quartier : Nadine Altounji, qui est aussi auteure-compositrice-interprète. Elle était en concert en compagnie de deux grands artistes de la scène montréalaise, Mamselle Ruiz (d’origine mexicaine) et Marco Calliari (d’origine italienne).
« Les soirées entre amis dans les parcs du quartier, les compétitions de natation, les multiples activités des centres de loisirs qui offraient de belles occasions de socialiser entre gens de diverses origines… » Ce sont les premiers souvenirs qui s’invitent à l’esprit de Nadine Altounji de ses années de bonheur de jeunesse dans le quartier où elle a grandi, en cultivant le désir de traduire artistiquement les influences plurielles qui ont façonné sa personne.
« Je suis ravie de constater ô combien le quartier s’enrichit de plus en plus par cette immigration de diverses origines », confiet-elle. L’artiste mentionne, par exemple, la diversification impressionnante des salles de classe dans les écoles où elle fait régulièrement de la suppléance comme enseignante de musique.
« Cette diversité socioculturelle se reflète d’ailleurs dans les programmations des différents centres de diffusion du quartier, qui offrent ainsi des occasions précieuses de collaborations entre des artistes de divers horizons et sensibilités artistiques et culturelles », note cette musicienne, qui se produisait dans les faits une deuxième fois au 4C. Elle avait en effet eu une première occasion d’y rencontrer les gens du quartier lors d’un événement organisé par le Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA), il y a quelques mois.
Identité plurielle « Le spectacle du 23 mars représente une belle occasion de collaboration avec deux artistes renommés de la scène montréalaise », affirme-t-elle. Elle se réjouit de l’invitation du commissaire en résidence, Roberto Lopez, qui lui permet de présenter des chansons de son propre répertoire.
À noter que ce concert, intitulé « Rencontre Nord-Sud-Est-Ouest », a été conçu selon une formule acoustique et intime inspirée des concerts de salon du 19e siècle. « C’est un voyage entre plusieurs influences musicales traditionnelles et modernes, italienne, mexicaine, syrienne et québécoise », explique celle dont les œuvres reflètent ses pérégrinations continues entre plusieurs styles musicaux, langues et cultures : MoyenOrient, Afrique, Europe, Amérique latine et Amérique du Nord. Elle traduit aussi divers répertoires pour oud et pour guitare, avec des percussions et rythmes arabes, africains, latino-américains et nord-américains. Tout un mélange.
« Je me sens très à l’aise dans cette identité artistique interculturelle plurielle. On est tous divers et multiples, dit-elle. Quand on voyage partout au monde, on se rend compte à quel point les musiques voyagent et à quel point les styles musicaux sont connectés les uns aux autres. »
Cette interconnexion artistique universelle, on la retrouve aussi dans les thèmes qui inspirent l’art engagé de Nadine Altounji. Elle se préoccupe notamment de la défense des idéaux humanistes contre la culture de la haine et contre toutes formes de racisme et de discrimination, appuyant les droits des femmes, leur aspiration à la liberté et à l’égalité, et leur lutte contre la violence qu’elles subissent. « Des thèmes qui nous connectent en tant qu’êtres humains par nos souffrances et aussi par nos bonheurs », résume-t-elle.