Jacques Crépeau, L’annonceur, Pierreville, avril 2024
Le site Internet Wikipédia définit un éléphant blanc comme étant une réalisation d’envergure prestigieuse qui s’avère, en définitive, plus coûteuse que bénéfique et dont l’exploitation et l’entretien devient alors un fardeau financier.
Un édifice patrimonial est un immeuble qui présente un intérêt pour sa valeur historique, architecturale ou sociale. On peut dire que les deux définitions s’appliquent, au moins en partie, aux églises de SaintDavid et d’Yamaska. Mais comment protéger, conserver, chauffer, entretenir ces édifices?
Les églises de Saint-David et d’Yamaska se ressemblent beaucoup. Elles ont été construites à la même époque, entre 1840 et 1850. Elles sont toutes les deux l’œuvre du même architecte, Thomas Baillargé. Mais comment en est-on arrivé à des dimensions aussi imposantes? Il faut se rappeler qu’à l’époque, nos municipalités comptaient plus de 3000 habitants. Ça prenait de grandes églises pour accueillir tout ce monde le dimanche et les jours de fête.
Ici, au Québec, la séparation de l’Église et de l’état rend difficile la contribution des municipalités ou des gouvernements provincial et fédéral à la préservation de notre patrimoine religieux. Le fardeau revient donc en grande partie aux propriétaires de ces immeubles qui sont en général détenus par une Fabrique. Au Québec, l’église catholique est régie par la Loi sur les fabriques. Une fabrique est une entreprise formée d’un président d’assemblée (nommé par l’évêque), du curé de la paroisse et des marguilliers de cette paroisse. Une fabrique est aussi une corporation ecclésiastique dont l’objet est de posséder et d’administrer des biens pour les fins de l’exercice de la religion catholique dans la paroisse. Dans le cas qui nous occupe, la Fabrique de la Paroisse SaintMichel est propriétaire de deux églises (Saint-David et Yamaska) et d’un presbytère. La Fabrique a le mandat de contribuer à l’entretien, l’aménagement, le chauffage et la réparation de ses immeubles.
Les principales sources de revenu sont la dîme et les quêtes. Au temps de nos ancêtres, le grand nombre d’habitants contribuaient de multiples façons aux revenus de la Fabrique: la dîme, les bancs, la quête, etc. Ces diverses sources de revenu suffisaient pour les dépenses courantes: entretien de l’église, du presbytère et du cimetière, salaire du curé, des vicaires et du bedeau. Mais aujourd’hui, les revenus n’en finissent plus de baisser. Il est impensable de répondre aux besoins d’une fabrique à partir de la faible participation des paroissiens à ces deux principaux moyens de financement que sont la dîme et les quêtes.
Nous avons déjà perdu deux églises dans notre région, celles de Saint-Gérard-Majella et Saint-Thomas de Pierreville; deux églises dont l’intérêt historique et architectural était faible. Ces deux églises ont été la propriété de municipalité avant leur démolition. Elles n’ont pas pu être sauvées à cause de problèmes majeurs. Est-ce que les municipalités de Saint-David et d’Yamaska pourraient faire l’achat de leur église? La question se pose, mais elle n’est pas simple à répondre étant donné les dimensions imposantes de ces deux églises, la difficulté de leur donner une autre vocation, les coûts d’entretien, de chauffage, de mise aux normes, etc.
En 1905, la France a posé un geste audacieux lorsque l’état a confié le patrimoine religieux aux municipalités. Cette décision a eu d’heureuses conséquences puisque cela a permis de sauver un grand nombre de lieux de culte. Ici, au Québec, il est un peu tard pour agir dans ce sens.
Quel avenir attend maintenant nos deux églises? On a beau vouloir conserver nos lieux de culte, nous en revenons à la question de départ : éléphant blanc ou édifice patrimonial?