Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, février 2024
Habitats artificiels, signé Samuel Charrois. Une œuvre inédite à découvrir dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 14 février. Profitant des possibilités offertes par la technologie, l’artiste nous invite à entreprendre avec lui une démarche interactive.
Samuel Charrois a étudié en piano, en cinéma et en multimédia. C’est un musicien qui s’est toujours intéressé aux arts visuels. Les possibilités offertes par le numérique lui ont permis de développer un art tout à fait de notre temps.
Arts numériques
Lorsque vous entrez dans la pièce, vous serez surpris par l’aménagement. À cette offre culturelle inhabituelle, une présentation distinctive s’imposait. Vous y découvrez des MIDI,* des écouteurs et des écrans. Vous vous installez sur une chaise comme vous le feriez devant un poste de travail. Mais là s’arrête la comparaison.
Samuel Charrois s’est constitué une banque d’images numériques à partir desquelles il crée des animations de quelques dizaines de secondes. La salle d’exposition comporte trois stations. À deux d’entre elles, les notes noires et blanches des claviers sont, individuellement, associées à la soixantaine et une série d’images animées, accompagnées de musique. Chaque touche vous fera découvrir une suite d’images qui se chevauchent. Certaines présentent un narratif. D’autres juxtaposent des figures dont la parenté en fait un ensemble complémentaire. Les images se succèdent et se fondent les unes dans les autres pour en recomposer de nouvelles. Les couleurs vives et contrastées sont éblouissantes. Une musique planante, zen et nouvel âge, leur fait écho. Écouteurs sur les oreilles, vous vous laisserez envahir par les compositions de Samuel. Un rythme visuel s’instaure. L’artiste vous emmène dans un monde onirique, décroché de la réalité qui vous entoure.
La troisième station vous offre vingt-cinq courtes vidéos de une à deux minutes qui révèlent toute la portée de l’imaginaire de l’artiste. Chaque touche dévoile un scénario différent. Des humains, représentés sous toutes les formes, évoluent dans des mondes étonnants, façonnés par l’intelligence artificielle.
Interactivité
Toutefois, l’intention première de Samuel Charrois n’était pas d’offrir un produit artistique à « consommer ». Sa présentation interactive se distingue de la relation traditionnelle artiste spectateur. Il vous invite autant à partager son univers qu’à créer le vôtre. Il vous convie à faire vos propres mixages.
Pour ce faire, il met à votre disposition des claviers et des séquences d’images sur fond de compositions musicales. Comme on offrirait à un artiste en herbe une toile, des pinceaux et de la peinture. Ce sont vos outils de base pour jouer vos propres compositions… à l’infini. Vous pouvez passer successivement d’une touche à une autre dans n’importe quel ordre et pour la durée choisie. Imaginez jouer de la troisième touche pendant cinq secondes puis presser la touche cinquante-cinq pour une séquence entière et revenir à d’autres courts extraits qui s’enchaînent à leur tour. Vous continuez ainsi jusqu’à satiété. Vous imposez votre rythme. Votre scénario se bâtira au hasard des découvertes. La nouvelle allégorie que vous venez de créer vous transportera à coup sûr dans une rêverie inspirante. Vous serez captivés par la profusion de formes et de représentations sur l’écran.
L’imagination créatrice
Il y a plus d’un siècle, Théodule Ribot a écrit Essai sur l’imagination créatrice. L’auteur philosophe a été oublié, mais l’une de ses affirmations a traversé les décennies, « nous sommes tous des créateurs ». Habitats artificiels est une main tendue par Samuel Charrois. Il vous incite à créer, quels que soient votre âge ou vos connaissances artistiques. Il vous offre la possibilité de vous découvrir autrement, celle de laisser éclore vos sensations, vos émotions et votre inspiration.
Samuel Charrois explique le maniement du matériel. photo Bélinda Dufour
*Musical Instrument Digital Interface