R. Martel, Droit de parole, Québec, novembre 2023
Il y a deux ans, le centre VU photo organisait YAHNDAWA, un projet de jumelage entre les centres d’artistes, et des artistes de Wendake. Comme «innovation stratégique», ce projet avec 14 artistes allait permettre d’offrir de nouvelles relations par l’activité artistique.
Ce projet en a généré un autre. Le tout nouveau ANKWAYAONHKEH, entre l’esthétique de la recherche et du laboratoire, occupe la petite galerie de VU photo depuis septembre dernier avec des pratiques artistiques diverses, certaines audacieuses, d’autres plus traditionnelles, et cela pour un an.
Le nouvel organisme entend d’abord promouvoir, développer et diffuser les pratiques actuelles principalement Wendat mais pourra intégrer des artistes d’autres régions. On y verra, pour la prochaine année, une programmation qu’on espère variée.
Un art autochtone autogéré
Comme centre autogéré, ce projet soutenu par des fonds publics, entend donner aux artistes autochtones un espace où le questionnement artistique sera central et pourra par la suite se poursuivre, qui sait ?, pour valoriser les productions autochtones principalement du territoire québécois.
Cette alliance avec le centre d’artistes VU photo procure l’encadrement et une logistique nécessaire à la bonne marche d’un tel organisme pour les droits d’exposition et la promotion, tout comme la sélection qui est faite par un comité de programmation autochtone. Le nouveau centre s’est aussi doté d’un Conseil d’administration par une participation totalement autochtone. Le Comité de programmation entend alterner des pratiques plus ou moins expérimentales avec d’autres de factures plus traditionnelles.
Ankwayaonhkeh, qui veut dire « vieux mocassins », actualise de vieux projets depuis, résume Michel Savard artiste de Wendake et président du C.A, pour démontrer des préoccupations diverses innovatrices de la part des artistes des premières nations, au-delà des objets de la culture traditionnelle comme les petits canots d’ écorces et autres produits plus ou moins anecdotiques destinés à la vente principalement. L’art autochtone a quand même d’autres possibilités d’actualisation.
Comme centre autogéré basé sur un modèle déjà bien implanté au Québec et à Québec, cette alliance démontre aussi que l’activité artistique est multiple, variée, et vise une occasion de prendre position de l’expressivité tout comme des occasions de collaborations diversifiées.
En octobre, c’est l’artiste Wendat Christine Sioui Wawanoloath qui a proposée divers travaux dans cet espace situé à l’intérieur du complexe Méduse. Pour un an donc ! Et par la suite, l’idée d’en sédentariser l’expérience par la constitution d’un centre d’artistes qui pourra offrir des productions originales mais qui, espérons-le, ne relèveront plus seulement de l’ethnologie ou de pratiques convenues mais offriront des occasions de recherche, expérimentations et renouvellements ; ce qui est la fonction primordiale d’un centre d’artistes.