Jacques Rainville, Le trident de Wotton, Wotton, octobre 2023
« Avec seulement 0,24 hectare (ha) en culture par habitant, le Québec a un ratio 15 fois plus bas que l’Alberta, 6 fois plus bas que le Canada, 2 fois plus bas que la France et 5 fois plus bas que les États-Unis. Il est impératif d’écarter les faux arguments de celles et ceux qui voient encore le territoire agricole comme une zone en attente de développement », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.
Informations recueillies sur le site WEB de l’UPA : www.upa.qc.ca
Rappelons que la zone agricole ne représente qu’environ 4% du territoire québécois. Les agricultrices et les agriculteurs n’ont accès qu’à la moitié (2%) de cette superficie en raison, notamment de nombreux obstacles comme des lacs, des cours d’eau, des milieux humides, des boisés, des surfaces rocheuses, des sablières, des commerces, des industries, des lignes de transport d’électricité, de gaz ou de pétrole, des routes, des autoroutes, des résidences, etc. En raison de recours croissants à des exclusions « déguisées », la zone agricole est déficitaire d’environ 57 000 ha depuis 1998.
Pour valider l’adhésion des communautés qui accueilleront ces infrastructures dans leur milieu, il est donc essentiel de prévoir un processus de consultation publique pour chacun des projets. Dans une perspective de transition énergétique et de carboneutralité, l’éolien peut effectivement représenter une avenue intéressante. Mais le développement accéléré de cette énergie verte ne doit pas se faire au détriment de notre autonomie alimentaire. Les garde -fous appropriés doivent donc être rapidement mis en place pour éviter une attaque en règle à l’endroit de notre garde-manger.
Les producteurs qui acceptent des éoliennes doivent comprendre qu’ils deviennent les promoteurs d’un projet industriel en zone agricole. Conséquemment, ils ne peuvent compter sur leur Union pour les aider à justifier le projet, à les défendre devant une possible opposition citoyenne, ou encore à les soutenir individuellement en cas de litige à propos du contenu de leur contrat avec la compagnie.
Force est de constater que 98% du territoire québécois n’est pas de vocation agricole. Dans un contexte où les Québécois prennent de plus en plus conscience de l’importance d’assurer notre sécurité alimentaire et où les changements climatiques mettent en péril la productivité agricole mondiale, sacrifier une partie des terres agricoles possédant les meilleures caractéristiques agronomiques au Québec afin d’accueillir des éoliennes pouvant être installées à peu près partout ailleurs est très mal avisé.
Les promoteurs de toutes sortes auront toujours une bonne raison pour tenter de développer leurs projets en zone agricole. Cependant, ces intentions ne sont pas toujours conformes avec l’esprit de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. Surtout, elles ne sont pas compatibles avec une vision à très long terme du développement et de la pérennité de notre agriculture. Que ce soit pour les projets éoliens comme pour tout autre projet, le message de nos producteurs agricoles doit être très clair: les terres agricoles doivent servir à l’agriculture!