Marc Cochrane, Autour de l’Île, Île d’Orléans, Octobre 2022
Après avoir été immortalisé dans son village natal de Sainte-Famille, le 18 juin, le major Clément Gosselin a reçu pareil hommage, cette fois, à l’endroit où il repose depuis 1816, soit au cimetière de Beekmantown, dans l’État de New York. La cérémonie a eu lieu en présence d’une centaine de personnes des États-Unis, du Québec et de l’île d’Orléans, le 8 octobre, par une journée fraîche et ensoleillée d’automne. L’île d’Orléans était représentée par le maire de Sainte-Famille, Jean-Pierre Turcotte, ainsi que par le vice-président de l’Association Québec-France Québec et résident de SaintLaurent, Serge Pouliot, et son frère François. «Ce n’est pas le vent qui rend mes yeux mouillés. Je suis reconnaissant que vous vous soyez déplacés, certains de très loin, pour rendre hommage au major Clément Gosselin», a affirmé avec émotion le descendant direct de Clément Gosselin et membre de la Société des Cincinnati, John Conrad Gosselin. Agissant comme maître de cérémonie, Serge Pouliot a rappelé l’importance de Clément Gosselin, cet insulaire qui a aidé le général George Washington à réaliser l’indépendance des États-Unis, de 1775 à 1783.
Le superviseur de Beekmantown, Norm Davis, a affirmé que sans la contribution du major Gosselin, l’histoire aurait pu être différente. La municipalité avait déjà reconnu l’importance de Clément Gosselin dans l’histoire américaine en aménageant un espace, dans son édifice municipal, appelé Musée des Patriotes. On y trouve notamment une photographie de Clément Gosselin et le tableau de l’artiste d’origine orléanaise, Cathy Lachance, illustrant Sainte-Famille et une maison ancestrale américaine. «Il y a un mois, je ne connaissais pas Clément Gosselin. Après avoir lu le livre de l’historien Gaston Deschênes, je me suis rendu compte qu’il est un pan de notre histoire. Il a connu le sort réservé aux Canadiens français dont les champs et les maisons ont été brûlés par les Anglais lors de la Conquête de 1759. Ce n’était pas un homme, mais un surhomme. Il a accompli des missions d’espionnage pour Washington. Considéré comme un homme ordinaire, il a partagé la vie d’un homme extraordinaire, George Washington», a commenté le député fédéral de Rivièredes-Prairies, Luc Désilets. «Il a tout perdu. Emprisonné, presque excommunié, devenu indésirable, il mérite aujourd’hui ce mémorial», a ajouté le député bloquiste. L’historien beauportois Jean-Claude Bélanger-Cyr, auteur de la série de livres Une histoire de l’Occident et de l’Amérique du Nord francophone, a précisé que des démarches sont entreprises afin que Clément Gosselin soit désigné personnage historique du Québec. Quant au président de l’Association Québec-France Québec, Jean-Louis Lefebvre, il a souhaité qu’une cérémonie semblable ait éventuellement lieu à Yorktown, en Virginie, là où Clément Gosselin a appuyé Washington pour vaincre les Anglais en 1781. «En juin dernier, c’est justement sur son lieu de naissance que nous lui rendions hommage. Aujourd’hui, c’est sur son lieu de dernier repos.
La boucle est bouclée pour cet important personnage historique du 18e siècle, à la fois Canadien et Américain. Merci à John Conrad pour sa persévérance, merci à la Société des Cincinnati et merci à tous les cousins Gosselin de participer à cette reconnaissance historique», a commenté le vice-président de l’Association des familles Gosselin, Jean-François Gosselin. Initiée en 2013 par le président de l’Ordre Lafayette des États-Unis, Dr Gérard Charpentier, puis appuyée par l’Association Québec-France Québec, l’Association des familles Gosselin et la municipalité de Sainte-Famille, la cérémonie a pris fin avec l’interprétation de Il Silenzio par le trompettiste Matt Van Wagner. Voici le texte inscrit en français et en anglais sur les plaques commémoratives de Beekmantown et de Sainte-Famille: À gauche: «C’est sur cette terre de Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans qu’est né le 12 juin 1747, Clément Gosselin, fils de Gabriel Gosselin et de Geneviève Crépau. Ce héros de la guerre d’Indépendance américaine a été gratifié par le Congrès du titre de Major de l’armée et il a été membre de la Société des Cincinnati avec George Washington et le Marquis de Lafayette. Il est décédé le 9 mars 1816 à Beekmantown, comté de Clinton, dans l’État de New York.» À droite: «Mon histoire a commencé en 1759 lorsque les Anglais ont capturé mon père et qu’ils l’ont amené en Angleterre. J’avais douze ans. C’est à ce moment que j’ai amorcé une rébellion pour chasser les Anglais du continent. J’ai joué un rôle de premier plan au Canada, sous le régime anglais de 1763, en recrutant et en dirigeant une milice armée afin d’aider les insurgés des 13 colonies anglaises d’Amérique voulant envahir le Canada. Ma mission consistait à faciliter l’accès des troupes du Congrès par les routes: Lac Champlain et rivière Richelieu, rivières Kennebec et Chaudière, Saint-François rivière du Sud.
J’ai transmis au général George Washington un rapport militaire stratégique afin de préparer son invasion.» Sur la page couverture: Accompagnés de deux hommes personnifiant des militaires américains de l’époque du major Clément Gosselin, le superviseur de Beekmantown, Norm Davis, le descendant direct de Clément Gosselin, John Conrad Gosselin, le v.-p. de l’Association Québec-France Québec, Serge Pouliot, le maire de Sainte-Famille, JeanPierre Turcotte, le président de l’Ordre Lafayette des États-Unis, Dr Gérard Charpentier, le député fédéral de Rivièredes-Prairies, Luc Désilets, et le président de l’Association Québec-France Québec, Jean-Louis Lefebvre, posent à côté de la plaque dévoilée dans le cimetière de Beekmantown.