Le projet « Un enfant, un arbre », des enfants qui ont pris racine ou pas ? 

Pascale Castilloux, Le Trait d’union du Nord, Fermont, Novembre 2022

 

Ça se passe en 1991, il y a déjà plus de 30 ans. Le projet aura duré dix ans. Le comité « Fermont Ville en santé » désire souligner de façon spéciale les nouveau- nés fermontois. L’idée de peupler les jardins et les parcs de la municipalité avec un arbre représentant la naissance de chaque enfant est une occasion de célé – brer la vie et d’organiser une fête en juin. Chaque parent est invité à planter un arbre pour souligner la naissance de son enfant. Le nom et la date de naissance de tous les enfants nés au cours de l’année sont gravés dans un grand cadre et ce dernier est installé sur un monument, un support ou une grosse roche à six endroits différents dans le périmètre urbain.

 

Souvenir présent et abandonné

Envie de savoir ceux qui sont nés cette année-là, rendez-vous au parc du Sentier sur la rue Severson. Ils sont plus de 42 enfants. Lesquels ont pris racine dans leur lieu de naissance, vous le saurez dans un prochain épisode, oups! Plutôt dans une chronique subséquente dans laquelle je vous présenterai le pourcentage des enfants qui habitent toujours à Fermont. En fait, je me suis amusée à faire cet exercice. Mon but est aussi de savoir ce que nous pouvons faire pour ces monuments marquants, en tout cas, je crois qu’ils le sont, à mes yeux de Fermontoise ! Aimeriez-vous qu’on les revigore, qu’on les restaure, qu’on les remplace, car oui, ils sont laissés-pour-compte. Quand je dis on, je pense à la municipalité ou à la MRC qui peuvent être sollicitées et tenir compte de votre avis à ce sujet, vous, ce sont les parents et les enfants qui font partie de cette histoire.

 

Des honneurs pour un projet innovateur

En 1993, pour son deuxième accou – chement « Un enfant, un arbre », le comité reçoit une distinction honori – fique décernée par la Fédération des unions de familles à Québec pour ce bel accomplissement. Et encore, en 1995, le projet sort gagnant. Il reçoit le prix Elaine Burke. Cet hommage, unique en son genre, est destiné à reconnaître les communautés qui cherchent à améliorer la santé personnelle de leurs citoyens et la qualité de leur environnement. Ce prix a été créé afin d’honorer la regrettée Elaine Burke, qui a été la première directrice du programme « Vie active-Bouger. » Ce sont cinq communautés québécoises qui sont alors choisies parmi les 71 cana – diennes, dont la nôtre, fermontoise, c’est quand même tout un éloge !

 

La route 389 qui s’emmêle pour le 5e anniversaire

En 1996, on souligne le cinquième anniversaire en invitant toutes les familles impliquées depuis le début de la démarche. Près de 600 personnes sont présentes. Un monument est réalisé par l’artiste local François Trahan, celui-ci est installé à l’intersection de la rue Le Carrefour et du boulevard Jean-Claude Ménard, au côté du grand panneau commercial à l’entrée de la ville (voir photo). Je ne peux passer sous silence un extrait d’une chronique de 1996 « Un enfant, un arbre », on y parle de la route 389 puisque le député provincial assiste à la cérémonie et les citoyens le questionnent à ce sujet : « Pour cette année, on ne parle que de rénovations de la route actuelle, mais une rencontre est prévue en juillet avec le premier ministre, le ministre des Transports et le ministre des Finances dans le but d’étudier le projet d’un tronçon neuf entre Fermont et Fire Lake. » Et bien, je crois que l’étude aura été fastidieuse, c’est une route qui mérite plus qu’un doctorat, désolée pour mon sarcasme !

 

Le projet fait des petits

Pour la sixième édition en 1997, le site choisi sera devant la résidence du personnel de la Commission scolaire du Fer, appelée affectueuse – ment le « bout des profs », au bout du mur-écran côté nord. Francine Marcoux qui fait partie du comité se veut rassurante : « Si un arbre ne survit pas, il sera religieusement remplacé. » Et savez-vous quoi ? On va même reproduire ce projet ailleurs au Québec. « Un enfant, un arbre » fait des petits. À Fermont, on parle déjà d’une tradition.

 

Une dixième édition en mutation

Le comité commence à sentir la fin de cette initiative et pourtant en juin 2000, sous un soleil radieux, ce sont plus d’une centaine de personnes qui se rassemblent, on fête 48 naissances. Les partenaires financiers ont diminué leur enga – gement, les espaces se font plus rares et requièrent de l’entretien. M. Renald Soucy du groupe organisa – teur est confiant. On veut célébrer la dixième édition pour les enfants nés entre mai 2000 et avril 2001. Effectivement, l’événement aura bel et bien lieu, mais il sera différent des précédents. Ce sera chacun pour soi et ce sera la dernière fois. On remet aux familles des 21 nouveaunés un arbre à planter eux-mêmes. L’idée fait plaisir aux nouveaux parents dont je me souviens très bien puisque j’en faisais partie. J’ai toujours ce seul arbre combatif et significatif devant ma maison qui affronte les bancs de neige depuis déjà 21 ans !

 

Pascale Castilloux

Fière maman fermontoise

Inspiré de textes parus dans le journal Le Trait d’union du Nord du 3 mai 1992, 23 juin 1993, 22 juin 1994, 11 octobre 1995, 3 juillet 1996, 16 juillet 1997, 28 juin 2000 et du 2 juin 2001