Le danseur Lazaro Corrales

La crème de la crème

Carole Trempe, Le Journal des citoyens, Ahuntsic-Cartierville, Août 2022

 

La saison 2022 du Festival des Arts de Saint-Sauveur marque la 31e édition de cet événement majeur dans le domaine des arts vivants et de la culture au Québec et au Canada. Ce festival accueille les plus grands artistes de la danse et de la musique de la scène nationale et internationale.

Son directeur artistique, Guillaume Côté, signe la programmation axée sur la création, la diversité et le soutien aux créateurs québécois. Le directeur général, Etienne Lavigne, assume son rôle de chef de file dans son milieu artistique. Ces complices ont une vision claire d’un avenir prometteur pour les arts dans notre région. On leur fait confiance pour l’éventuel Centre des Arts!

Sur papier, la programmation du FASS témoigne de l’ampleur majestueuse de l’événement. L’équipe permanente et la centaine de bénévoles entièrement dédiés y sont tous décrits. Sur place, c’est encore plus impressionnant. Rien n’est laissé au hasard. Le mot d’ordre est l’excellence. On la perçoit autant dans la logistique et dans l’organisation physique des lieux que dans l’accueil et le soutien des bénévoles. On veut que le FASS soit L’ÉVÈNEMENT et tous les ingrédients y sont. La rencontre avec le public est au premier rang.

Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges

Un facteur important du succès de ce festival – tant par sa longévité que par la participation du public est sans doute l’éventail de styles de danse et de styles musicaux présentés. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges. Des présentations totalement différentes, d’une durée variable, des premières mondiales, tout stimule le public à vouloir en découvrir davantage. L’approche est brillante et gagnante. Elle abaisse la barrière psychologique qui peut exister dans l’esprit du public face à l’art de la danse. Les aînés et les plus jeunes sont fascinés par ce qu’ils voient et entendent. Là se cache la grande victoire de Guillaume Côté : il rend accessible à tous cet art qui fut longtemps réservé à une élite. Il permet d’éclaircir le rapport plus obscur que la société peut avoir avec ses artistes. L’art devient alors un pont qui sert à rapprocher les gens, ce qui lui donne tout son sens. Chapeau, Guillaume !

La crème de la crème

Quant aux fabuleux artistes, ils sont la crème de la crème. Charles Baudelaire a écrit : « la danse c’est la poésie avec des bras et des jambes, c’est la matière, gracieuse et terrible, animée, embellie par le mouvement ». Le Festival des Arts de Saint-Sauveur baigne de fond en comble dans la poésie.

Si vous prenez le temps de lire les parcours professionnels des danseurs invités pour la Soirée des Étoiles, vous serez éblouis. Sur scène, ils sont prodigieux. De la danse classique à la danse contemporaine, les étoiles brillent et se distinguent singulièrement. Une constellation !

Dans les sentiers, une rencontre de proximité, presque intime

Une panoplie d’autres activités sont proposées dont les Sentiers de la danse au parc Molson. En forêt, quelques tableaux de danseurs se dressent au long d’un parcours à pied. Le public y assiste gratuitement. C’est une expérience fantastique qui se déroule sans formalité dans un décor féérique, doublé d’effluves de pin en compagnie de danseurs inspirés par la diversité. Une rencontre de proximité, presque intime.

S’ensuit un festin de perles comme One, One & One (la vertigo Dance Company), Anne Plamondon et Virginie Brunelle, Crypto, l’Orchestre Métropolitain et son chef Yannick Nézet-Séguin, Les Ballets jazz de Montréal, la Malpaso Dance Company (Cuba), les films, la Dance Battle… Ouf !

Une communion de l’esprit des artistes avec le public

Cette passion pour la danse et pour la musique nous est bien transmise par tous les artistes qui s’exécutent pour notre plus grand plaisir. Les heures, voire les années d’apprentissage et d’entraînement physique, la fine compréhension de leur corps, de leur art, l’intelligence spatiale, la capacité à gérer l’énergie afin de montrer de la légèreté dans le mouvement, la discipline et les renoncements, tout ceci additionné à tout ce qui ne se voit pas suscite toute notre admiration pour autant de performance, de beauté et d’excellence. Les prestations sont remarquables chacune dans leur style. La communion de l’esprit des artistes avec le public se ressent. Certains spectacles nous entraînent même dans une dimension hors du commun, une autre dimension. Je songe au duo Conrad Tao et Caleb Teicher dans Counterpoint : la complicité de deux jeunes artistes hyper talentueux qui soulèvent littéralement le public et qui agitent notre intelligence par son caractère unique et la panoplie sonore si rarement entendue. Éblouissant !

En résumé, le public est vraiment privilégié d’avoir accès à ce condensé d’arts vivants. Ce festival nous convie à une rencontre, un voyage entre notre âme et l’art. Peu d’occasions d’une pareille envergure et d’une telle classe nous sont offertes. Elles sont pourtant si fondamentalement essentielles à l’humain, surtout en ces périodes troubles. Ce sont les artistes qui devraient faire tourner notre monde. Merci à Guillaume Côté et à son équipe de nous faire savourer la crème de la crème à portée de mains !

Angelica Generosa, une brillante étoile de la soirée, en totale expression sur une chorégraphie d’Edwaard Liang The Vail Between Worlds – Photo par Dan Lao
Le pianiste et compositeur Conrad Tao et le chorégraphe et danseur Caleb Teicher dans un fabuleux duo qui joue sur la dichotomie entre leurs pratiques respectives – Photo par Em Watson
Le directeur artistique du FASS et danseur, Guillaume Côté, qui signe la programmation de la 31e édition axée sur la création, la diversité et le soutien aux créateurs québécois – Photo par Sasha-Onyshchenko
Clôturant le festival, cette programmation donne un aperçu du travail de la première compagnie de danse indépendante de Cuba, Malpaso Dance Company – Photo par Todd Rosenberg