Un premier quartier dédié aux toponymes autochtones

Mariannick Mercure, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, Septembre 2022

 

En 2019 la rue « Roger-Garceau » située dans le district des Forges a été renommée « Awacak » suite à une démarche consultative avec la communauté atikamekw de Manawan. L’ancien odonyme rendait hommage à un membre des Frères des écoles chrétiennes pédophile qui avait fait plusieurs victimes dans la communauté de Manawan dans les années 1970. Awacak, prononcé « Awashak », signifie « petit être de lumière » ou « enfant » en langue atikamekw et constitue un toponyme fort et porteur de sens autant pour la nation Atikamekw que pour la Commission de toponymie du Québec qui lui décernait son prix coup de foudre en 2021. Crédit : Dominic Bérubé

Suite à une demande d’accès à l’information, La Gazette de la Mauricie a appris que la ville de Trois-Rivières pourrait bientôt nommer une quinzaine de rues avec des toponymes atikamekw dans un quartier domiciliaire en développement près de la rue Awacak dans le district des Forges. Il s’agirait du premier système toponymique dédié à une culture autochtone pour la ville et la démarche aurait été menée avec l’aide du Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières.

Plusieurs municipalités canadiennes ont d’ailleurs entrepris de telles démarches dans les dernières années. Trois-Rivières, qui semble vouloir joindre la mouvance, a toutefois du pain sur la planche puisque la proportion de toponymes d’origine autochtone reste très faible ici avec seulement 0,2 % de représentation, loin derrière la moyenne nationale qui serait de 5,7 %. La ville avait fait un premier pas en 2021 en adoptant une nouvelle mouture de sa politique de toponymie se voulant plus inclusive et dont on pourrait bientôt voir apparaître les résultats en ce qui concerne la représentation des autochtones.

La rue Awacak comme point tournant ?

Selon les informations obtenues par La Gazette de la Mauricie, la rue Awacak pourrait bientôt paver la voie à la désignation d’une série d’autres rues dédiées à la culture atikamekw dans le même secteur. Pour Sipi Flamand, qui est chef de la communauté atikamekw de Manawan et qui était de ceux ayant piloté la démarche du changement de nom de la rue Awacak, l’inclusion de la communauté atikamekw dans la toponymie trifluvienne allait de soi : « Trois-Rivières est un territoire atikamekw. C’est assurément un plus pour la ville. »

Toujours selon les procès-verbaux obtenus, un expert en toponymie autochtone ainsi que le Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières auraient orienté le comité de toponymie vers des mots représentants des symboles plutôt que des noms propres, conformément aux traditions toponymiques autochtones. Des noms de rue en langue atikamekw ont d’ailleurs commencé à apparaître dans les séances du conseil de la ville, telle que la rue « Nikawi » qui signifie « mère ».

Petit lexique atikamekw extrait d’une partie de la liste de mots retenus par le Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières dans le cadre de la désignation de nouvelles rues à Trois-Rivières.

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