L’éveil fluide

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, le 26 octobre 2021

La première exposition de l’Hippolytoise Geneviève Éthier, L’éveil fluide, sera présentée dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’en décembre. Geneviève Éthier est mère de famille et travaille à temps plein. Ce qui n’était pour elle qu’un loisir est devenu une véritable activité artistique.

Histoire d’une candidature

Geneviève a vu l’appel aux artistes lancé par le service culturel de la municipalité au printemps dernier. « J’ai finalement décidé de préparer un dossier et d’envoyer ma candidature à la date limite », raconte-t-elle. Elle a hésité, car, pour elle, ses toiles n’étaient que le fruit de ses expérimentations avec l’acrylique liquide. « On m’a annoncé que mes peintures seraient exposées. Pour moi, ce moment représente un tournant. Ça m’a amenée à structurer ma démarche et je me suis lancée. La préparation de cette exposition est devenue le coup d’envoi de ma vie d’artiste publique. »

Le pouring

Le pouring, appelé peinture fluide ou peinture liquide en français, permet de créer de l’art abstrait en utilisant une technique à trois étapes, à la base simple et ludique. Mélanger, verser, étaler. Mais les possibilités sont infinies. Tout est dans le comment et avec quoi. Évidemment, pour obtenir des résultats intéressants, il faut développer ses habiletés par la pratique.

Le niveau de viscosité du mélange de peinture¹ utilisé peut varier. C’est ce qui déterminera la composition des cellules sur la toile. Ensuite, on coule la peinture. Il y a une quantité étonnante de techniques pour le faire. Par exemple, mélange en main dans un gobelet, on peut verser la peinture à l’horizontale, en cercle, en zigzag ou de façon aléatoire. Ou l’injecter avec une seringue. Ou utiliser un moule pour recueillir la peinture qu’on laisse ensuite se répandre sur la toile à partir de son centre. C’est fascinant de constater comment des objets du quotidien, un verre, un emporte-pièce, un entonnoir et même une passoire peuvent être utilisés durant cette étape pour créer des assemblages ayant chacun ses caractéristiques.

Quand la peinture repose sur la toile, on la penche successivement de tous les côtés pour la couvrir complètement. On contrôlera de cette façon le déploiement du motif de départ. Lorsque cette phase est complétée, on remet la toile à plat pour continuer à la travailler. Là encore, les outils disponibles sont nombreux : spatules et pinceaux de différents formats, stylet, etc. On peut aussi introduire de petites alvéoles sur le dessin en chauffant la peinture au chalumeau.

Approche personnalisée

« En 2019, j’ai découvert la peinture acrylique fluide et je suis tombée complètement sous le charme grâce à ses techniques et la beauté des couleurs. Pour moi, tout peut devenir une inspiration, soit les couleurs, la nature, les paroles d’une personne, une image, un artiste, un mouvement, un nouveau produit, etc. »

Geneviève Éthier a toujours adoré créer. Elle avait déjà exploré différentes avenues, comme la peinture sur bois et sur soie, le transfert d’images et les techniques mixtes. Lorsqu’elle s’est mise à l’art fluide, elle ne s’est pas limitée à utiliser de la peinture acrylique. Elle emploie d’autres médiums, entre autres la peinture murale, la peinture vitrail, la pâte à texturer et l’encre liquide. Elle aime récupérer toutes sortes de matières et leur redonner une seconde vie en les intégrant à ses toiles. « Ce qui caractérise ma couleur artistique, indique-t-elle, c’est la voie de l’exploration, de la polyvalence et l’utilisation de matières dans un élan écoresponsable. »

Geneviève couvre son canevas de peinture blanche avant d’y verser la couleur. Elle fait souvent des doubles coulées. Elle aime aussi ajouter de la texture. Le style qu’elle préfère est le sheleeart², caractérisé par des entrelacements de cellules. Elle n’a donc pas recours qu’aux classiques outils manuels pour créer un motif. Elle le travaille aussi avec la technique du balayage à l’air : elle souffle sur certaines zones, directement ou avec une paille. Elle utilise aussi un séchoir à cheveux. Toutes ces méthodes l’amènent à jouer avec les formats, les couleurs et les structures des alvéoles du tableau. Ce qui lui permet de créer de vibrantes œuvres personnalisées qui débordent d’énergie, de fougue et d’audace.

Visibilité

« Lorsque j’ai appris que j’exposais, j’ai suivi un cours de site Web pour pouvoir monter mon site », explique-t-elle. On la retrouve maintenant sur le Web,³ sur YouTube, sur Instagram et sur Facebook. Toutes ces plateformes nous font découvrir ses œuvres, son approche et ses techniques de travail. Elle a définitivement relevé le défi numérique avec succès. En quelques mois, elle est arrivée à passer d’un atelier personnel à la présentation publique de ses créations dans la municipalité où elle réside. Puis, avec le Web et les réseaux sociaux, elle a su se créer une visibilité qui lui fera rapidement franchir les limites de Saint-Hippolyte.

¹. Mélange de peinture acrylique, de silicone et de médium de lissage ou substitut.

². Style inventé par un artiste australien du même nom.

³. https://genethier.com/