Michael-Henri Lambert, La Vie d’ici, Shipshaw, septembre 2021
La question se pose, restera-t-il des Tercel 99 à vendre en 2035? Un pub Toyota vous dirait que oui, mais seul l’avenir nous le prouvera.
Plus tôt cet été, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé son intention d’interdire la vente de véhicule à essence neufs dans la semaine des quatre jeudis en 2035, s’alignant ainsi avec l’échéancier annoncé par François Legault l’automne dernier. Beaucoup d’eau coulera sous les ponts d’ici là, mais il a tout de même matière à s’interroger sur les conséquences d’une telle mesure si elle se concrétise.
Je l’ai écrit plus tôt dans nos pages de La Vie d’Ici, le transport est la source de pollution à laquelle il faut s’attaquer en priorité pour se prétendre le moindrement écologiste. Mettre du courant électrique dans nos bazous est la plus logique des idées, malheureusement la transition aura un coût.
Il ne fait pas de tort de le rappeler, le transport en commun au Québec, à l’extérieur des centres urbains, est absolument dysfonctionnel pour le moment. Pensez à un trajet Anse-Saint-Jean – Normandin, évidemment que ce n’est pas demain la veille qu’il sera possible de l’effectuer en transport en commun.
Il y a des idées intéressantes sur la table, notamment en utilisant le réseau ferroviaire, notamment le long du Saint-Laurent. D’ici la disparition des voitures à essence, nos trois paliers de gouvernement devront nous arriver avec une stratégie solide pour remplacer le transport individuel à essence.
François et Justin, vous et moi ne voulons pas vivre dans un monde où les plus pauvres devront se taper 1h 30 de transport en commun pour faire 30 km parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer une voiture électrique pendant que les mieux nantis font du télétravail dans leur résidence en campagne.
En 2036, il restera évidemment des voitures à essence usagées à vendre, mais à voir ce qui roule actuellement sur nos routes, ce sera surtout des VUS qui seront disponibles sur le marché. L’interdiction de la vente de véhicules à essence risque donc de reléguer ces véhicules plus polluants aux moins bien nantis, les forçant aussi par la bande à dépenser plus en essence que leurs concitoyens plus riches.
L’éléphant dans la pièce, c’est la voiture électrique elle-même. Avant d’avoir roulé son premier kilomètre, la voiture électrique est considérablement moins verte que son équivalent à essence car sa construction est beaucoup plus polluante. Ce n’est qu’après plusieurs années d’utilisation qu’elle en vaut la peine au niveau environnemental (et financier).
Or, un article paru à la mi-août, The Gazette (The big loomingproblemwitholdEVs) nous apprenait qu’il est très difficile d’amener ces engins à plus de 150 000 km. La batterie s’usant plus rapidement que le reste de la voiture, elle doit être changée après 8 ou 9 ans d’usage. Opération qui coûte, tenez vous bien, au minimum dans les 10 000 $ (pièces et main-d’œuvre).
Vaut mieux déjà commencer à mettre nos sous de côté dans un petit cochon.
Ce qui est surtout déplorable dans cette idée d’interdire totalement la vente de voiture à essence en 2035, c’est qu’elle est drastique sans être juste.
La lutte aux changements climatiques demande des actions drastiques dès aujourd’hui, pas en 2035, mais il est malhonnête de mettre tous les Canadiens ou les Québécois dans le même panier. Certains polluent nettement plus que d’autres même si on sait tous depuis des décennies que brûler du gas ce n’est pas l’idéal pour l’environnement.
Dès aujourd’hui, des mesures doivent être instaurées pour décourager l’achat de véhicules polluants et pour encourager les alternatives comme le covoiturage en attendant que le transport en commun soit mieux structuré.
Alors, non seulement les transports doivent être électrifiés avec des solutions durables et propres, mais il faut aussi repenser notre façon de nous déplacer.