Bientôt du cannabis du Val-Saint-François à la SQDC?

Jean-Marc Brais, Le Val-Ouest, Valcourt, le 17 août 2021

Un producteur agricole de la grande région de Valcourt souhaiterait ajouter le cannabis à la liste de ses cultures d’ici la fin de l’année 2022. S’il obtient le feu vert de Santé Canada, un processus qui pourrait s’échelonner sur plusieurs mois, voire années, il deviendrait le premier cultivateur de cannabis du Val-Saint-François.

Notre agriculteur, qu’on appellera Fernand, tient à conserver l’anonymat parce qu’il considère que l’acceptabilité sociale entourant le cannabis n’est pas encore très élevée, malgré sa légalisation en octobre 2018.

« Le projet en est à ses premiers balbutiements. C’est encore à l’étape embryonnaire », précise d’emblée Fernand. Celui-ci a récemment aménagé un chemin qui permettra d’accéder au futur bâtiment situé à même ses terres.

« Les démarches avec Santé Canada, c’est rigoureux. C’est un cahier de charges très strict », poursuit-il. Pour qu’une demande de licence de production de cannabis soit étudiée par Santé Canada, il faut que le bâtiment soit déjà érigé. « Donc c’est pas demain qu’il va y avoir du cannabis ici », reconnaît Fernand qui, si son projet est refusé, compte faire un usage agricole de sa future construction.

 

Un produit à petite échelle, mais haut de gamme

Le projet envisagé de cannabis en serait un à très petite échelle. Pour faire une analogie avec le domaine de la bière, « ce serait l’équivalent d’une microbrasserie ou même d’une nanobrasserie », indique Fernand.

Il existe différentes catégories de licences pour la culture du cannabis. Une licence standard permet la culture intérieure comme extérieure, sans limite de quantité ou de superficie. Elle est l’apanage des gros joueurs de l’industrie que sont Hexo ou Canopy Growth, comme peut l’être Molson dans le domaine brassicole.

La licence de pépinière permet de fournir des plants et des graines à d’autres producteurs autorisés. Finalement, la licence de micro production limite son titulaire à une surface de culture de 200 m². C’est ce dernier type de licence que compte demander Fernand.

« Si je le fais, ça va être une production 100% biologique, avec des sols vivants. Je crois beaucoup à respecter la terre et à ne pas l’abuser. L’industrie agroalimentaire, qui est partout alentour de nous, je pense pas que ce soit la bonne voie. Je crois qu’il faut aller vers le plus petit, le communautaire. »

 

Ailleurs au Québec

Après la légalisation du cannabis en 2018, les gros joueurs s’étaient vite emparé du marché. Or, depuis ce temps, de plus petites entreprises réussissent à se tailler une place en tant que produits de niche.

C’est le cas de Lot 420, une entreprise de Potton dans la MRC Memphrémagog, qui cultive un cannabis haut de gamme, sélectionné et récolté à la main par ses 25 employés. Son produit phare, le Gelato 33, est disponible depuis le printemps dernier à la SQDC.

La province de Québec compte une centaine de cultivateurs, transformateurs et vendeurs de cannabis autorisés par le gouvernement. De ce nombre, une vingtaine possède la licence de micro-culture à laquelle aspire Fernand.

On retrouve une demi-douzaine de ces micro producteurs dans un rayon de 50 km de Valcourt. Les plus proches sont les Culture Verti-gold à Sainte-Cécile-de-Milton. Dans la région de Drummondville, on recense JMF Cultivateurs, Canna-Culture et Bleuh Cannabis, à Saint-Lucien. La région de Cookshire-Eaton dans le Haut-Saint-François est également bien représentée avec trois petits producteurs. Fernand serait toutefois le premier de la MRC du Val-Saint-François.

Autrement, Nepture Solutions Bien-être, dont le siège social est situé à Laval, produit des huiles et capsules de cannabis dans son usine de Sherbrooke. Comme pour Lot 420, leurs produits viennent aussi d’atterrir sur les tablettes de la SQDC le printemps dernier.