Jade Bourgeois, L’indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue, juin 2021
Après plusieurs reports, Souterrain, le plus récent film de Sophie Dupuis, est sorti enfin en salles le 4 juin. Campé à Val-d’Or, ce deuxième long-métrage de la réalisatrice valdorienne est un hommage aux mineurs et à la façon de vivre des gens d’ici. Cette sortie soulage Sophie Dupuis, qui a hâte que son œuvre soit diffusée : « C’est un moment tellement riche pour un cinéaste de savoir ce qui a touché le public, ce qui l’a bouleversé. Ça me manque beaucoup! On fait des films pour qu’ils soient vus. Souterrain n’a pas eu de vie encore et ça ne fait pas de sens parce qu’il existe depuis déjà deux ans. »
Sophie Dupuis est descendue plusieurs fois sous terre pour faire sa recherche et écrire le scénario. Elle a rapidement compris que le sujet du film ne serait pas la mine en soi, mais plutôt les personnes qui y travaillent et ce qu’elles vivent au quotidien : « La mine, c’est un contexte et un mode de vie. Le sujet est devenu autre chose, soit le rapport à la masculinité, à la fraternité qui unit les mineurs, au sentiment d’appartenance à ses collègues. »
Bien que l’intrigue de Souterrain soit très différente de celle de Chien de garde, son premier long-métrage, Sophie Dupuis a pris conscience lors de la réalisation que des thèmes étaient similaires dans les deux histoires : « J’étais en train de faire un deuxième film sur la famille et la responsabilité de l’autre. De ne pas pouvoir faire des choix de vie parce qu’on en doit une à quelqu’un. »
Concernant le rapport à la masculinité, le milieu des mines était tout indiqué pour couvrir cette thématique. La camaraderie qu’on y retrouve chez ces durs à cuire au cœur tendre est inimitable. C’est d’ailleurs dans cette ambiance de fraternité que le personnage principal, Maxime, revoit sa définition de ce que ça signifie être un homme, tout en trouvant le soutien nécessaire pour affronter les difficultés de sa vie.
UNE HISTOIRE DE CHEZ NOUS
J’ai eu le bonheur d’assister à une projection réservée aux médias en septembre 2020, juste avant la fermeture des cinémas. C’est rare qu’on ait la chance de voir notre ville, nos vies, à l’écran. Tout au long de Souterrain, j’ai ressenti un grand sentiment d’appartenance et beaucoup d’affection envers le lieu et les personnages. La crémerie locale dans une scène, un restaurant où j’ai travaillé dans une autre, une journée de congé sur le lac, etc. Difficile de ne pas se projeter en plein dans l’histoire lorsque l’on est originaire de Val-d’Or ou d’une autre ville minière.
Cette sensibilité au film se fait encore plus sentir au milieu de l’action du sauvetage minier, qui est au cœur de l’intrigue. On pense à nos cousins, nos frères et nos pères. Le suspense est incroyable, difficile. Les prises de vue dans les tunnels de la mine sont oppressantes, mais magnifiques. Le tout est si réaliste, grâce entre autres aux performances des acteurs et à la qualité du son, qu’on sent l’humidité, le froid et la tension! Il était important pour la réalisatrice de mettre en lumière toute la passion, l’effort et le sérieux des mineurs qui s’impliquent dans la pratique du sauvetage minier. Pour que le public comprenne à quel point ça peut être angoissant, il était aussi nécessaire de le montrer en tournant un film d’action.