Joanie Dion, L’Indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue, juin 2021
Carlos Kistabish a fait ses premiers pas dans les arts avec le dessin en reproduisant ceux de son grand-père et en l’observant pour apprendre les techniques. Ce n’est que plus tard au cégep qu’il découvre le moyen d’expression de la peinture dans un cours d’arts plastiques qui, au début, était loin de le passionner. Heureusement, la peinture acrylique l’a juste assez accroché. Aujourd’hui, il présente sa première exposition solo au Vieux-Palais d’Amos jusqu’au 7 juillet, Ni TAKiNAN.
Inspiré par son expérience sur le territoire, M. Kistabish représente ce qu’il a appris en forêt, comme l’observation des animaux et tout ce qui touche à sa culture. Il explique entre autres qu’aucune de ses œuvres n’est titrée afin que le public l’interprète à sa façon. « Nous autres, dans notre nature, l’apprentissage se fait par ce qu’on voit. Ce n’est pas comme apprendre des additions à l’école, c’est différent. Je pense que c’est un peu pour ça que je laisse les gens interpréter ce qu’ils voient. »
Il appuie d’ailleurs sa réflexion par cette anecdote fort juste : « Mon père m’a amené souvent dans le bois quand j’étais jeune et, oui, ça arrivait qu’il me dise quoi faire… mais je le regardais souvent, ce qu’il faisait, et c’est comme ça que j’ai appris à me débrouiller en forêt. »
Justement, Ni TAKiNAN signifie « notre territoire », soit l’élément essentiel à son inspiration et la composante centrale de sa culture. « Pour moi, le territoire, c’est très important. Et ça, ça m’a été appris par mon grand-père, mon arrière-père et mon père aussi. Ce que je mets dans mes toiles, c’est ce que je connais en général de ma culture à moi. » Pourquoi avoir englobé l’exposition sous des mots désignant le territoire? « S’il n’y a pas de territoire, il n’y a pas de culture… sans le territoire, on n’est plus rien! »
Carlos Kistabish ne se considère pas comme un artiste, pour l’unique raison qu’il peint par amour de la peinture et du partage de sa culture. « Je ne lance pas de message et je n’ai pas une vision grande comme on peut connaître de certains artistes. Sans dire que mes peintures sont simples… Je vois ça simple [ma démarche]! »
M. Kistabish nous convie donc à son exposition dans un état d’esprit de découverte et de partage des cultures : « Je le fais pour montrer comment c’est beau chez nous. » Tout porte à croire que Ni TAKiNAN exprime la passion dans la simplicité du sentiment, mais également dans l’intensité intrinsèque de l’expérience unique anicinabe sur le territoire.