Jean-Pierre Fabien, Le Sentier, Saint-Hippolyte, avril 2021
Certains oiseaux aquatiques préfèrent nicher dans des arbres creux au lieu d’établir leur nid directement au sol. Il y a sans doute un effet dissuasif pour les prédateurs de s’aventurer en hauteur et dans un espace restreint. Charles Charron est un homme qui demeure très actif dans notre municipalité. Ancien conseiller municipal, actuel vice-président de la SPARQ (Société de plantes alpines et de rocaille du Québec) et responsable du programme de nidification du Canard branchu dans la région.
Charles décida de partir ce programme bénévole d’aide à la nidification en 2014. Mais auparavant, il a pris soigneusement le temps de s’informer, de visiter certains endroits où l’installation de nichoirs avait été organisée et d’informer la population locale de ses intentions. Par la suite vint le moment de demander aux propriétaires riverains s’ils souhaitaient accueillir un ou plusieurs nichoirs sur leur propriété privée.
Degré d’occupation annuelle
À ce jour, un total de 64 nichoirs ont été conçus et construits par Charles et installés par lui, accompagné parfois de dévoués bénévoles. Depuis 2014, Charles s’occupe du recensement et du degré d’occupation annuelle de chacun des nichoirs. Il doit donc se déplacer soit à l’automne soit durant l’hiver pour visiter les cabanes et vérifier si un canard y a niché durant l’été précédent.
Canard branchu et Harle couronné
En 2014 et 2015, le Canard branchu s’est vite emparé de ces lieux de ponte. En 2015, huit nichoirs ont accueilli 76 œufs de cette espèce. Ce que nous remarquons d’après les statistiques compilées par Charles, c’est qu’à partir de 2016, le Harle couronné, une espèce de canard plongeur, a vite pris l’espace disponible et a détrôné le Canard branchu pour le nombre de nichées par année. Comme le nombre de nichoirs non utilisés est très grand, il y aurait de l’espace pour accueillir d’autres oiseaux. Or, le Canard branchu est peut-être plus sensible à la présence humaine tandis que le Harle couronné est plus tolérant. Ces deux espèces d’oiseaux n’entrent pas en compétition, car ils ont des mœurs différentes. Le Canard branchu est un oiseau barboteur. Il penche sa tête sous l’eau pour filtrer les plantes et les invertébrés tandis que son arrière-train demeure hors de l’eau.
Des centaines de canetons en vie grâce à ce projet
De son côté, le Harle couronné est un oiseau plongeur qui se nourrit d’invertébrés, mais aussi de petits poissons et de têtards. Leurs habitudes alimentaires étant différentes, ils occupent une niche écologique bien à eux sans se nuire mutuellement. Selon Charles Charron, le bilan de la 7e année de suivi « nous encourage cependant à persévérer ». Et il continue ainsi : « En sept ans, nous avons reçu 27 nichées du Canard branchu pour 223 canetons nés et 57 nichées du Harle couronné pour un total de 301 canetons. »
Ensemble, par nos efforts…
De travailler ainsi pour le bien-être de la communauté aviaire de Saint-Hippolyte doit être considéré comme un geste héroïque et altruiste. Merci à Charles Charron pour son engagement inégalé et par le souci qu’il porte envers l’environnement. Charles a tenu à préciser que sans l’approbation des propriétaires et sans l’apport des bénévoles, ce projet n’aurait tout simplement pas été possible. En terminant de dire Charles : « Nous croyons que c’est tous ensemble, par nos efforts, que la situation pourra devenir meilleure. »