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Le castor, le Canada et le lac d’Argent

Michèle Turcotte, Le Papotin, Dudwell, février 2021

Le castor, emblème officiel du Canada, est un animal reconnu pour son ingéniosité, sa persévérance, il est le plus gros rongeur de l’Amérique du Nord.

Emblème culturel du Canada depuis 1975, un timbre à son effigie émis en 1851 et une pièce de .05ç frappée en 1937, témoignent de l’identification canadienne à cet animal.

Les Hurons le vénéraient et le représentaient sur leurs totems. Il était très recherché pour sa fourrure dès la colonisation. La chaîne de magasins La Baie (La Compagnie de la Baie d’Hudson fondée en 1670 dans les Territoires du Nord-Ouest, devenue plus tard le Canada) est un témoin historique de l’importance du commerce de la fourrure de castor pour le Canada.

Chez nous, à Dudswell, le castor est recherché, mais pour des raisons tout à fait différentes…on le recherche pour l’éliminer. La raison est que sa présence nuit à la qualité de l’environnement de notre lac d’Argent.

Né pour construire des barrages et vivre le long de cours d’eau, il affectionne particulièrement le ruisseau du Rang 8 qui est le principal tributaire du lac d’Argent.

Les castors érigent des barrages le long de ce ruisseau et sur les seuils aménagés en 2014, ce qui contribue à créer des embâcles, non seulement au printemps, mais aussi lors de pluies abondantes et Dieu sait que ces pluies font maintenant partie de notre vécu et tout cela a pour conséquence d’éroder les berges, de détruire les assises des seuils et de remplir les fosses situées en amont et en aval. Ces fosses furent creusées pour ralentir l’eau et améliorer l’habitat du poisson.

La construction de leurs barrages faite de troncs d’arbres, de branches, de ramilles cimentées avec de la boue entraîne de nombreux déchets que l’on retrouve sur et au fond du lac, surtout lors des grandes crues.

Voici un extrait tiré de: Faune et Flore de la Fédération Canadienne de la Faune:

*Le barrage ou la digue crée un étang assez profond pour empêcher qu’il ne gèle jusqu’au fond, ce qui permet au castor de transporter la nourriture en nageant, d’emmagasiner celle-ci pour l’hiver et d’avoir un accès à sa hutte sous l’eau, tout au long de l’année, à l’abri de ses prédateurs.*

Précision: Le castor construit au moins deux tunnels d’entrée, sous l’eau…sécurité oblige. Ces barrages et étangs non gelés sont visibles même sous la neige comme en font foi la photo ci-jointe. Le redressement du ruisseau du Rang 8 fait il y a 50 ans par le gouvernement pour répondre aux besoins de drainage des terres agricoles a eu pour effet de provoquer l’érosion des berges, l’écoulement de l’eau étant rectiligne.

Avec les années, un delta de sédiments de 3000 mètres carrés s’est formé juste à l’embouchure du ruisseau. Ce delta dragué à deux reprises est toujours présent aujourd’hui.

Les vestiges de constructions faites par les castors sont pour une grande partie responsables de ce problème. Un castor abat par année environ 216 arbres ayant jusqu’à 40 cm de diamètre (réf: Fédération canadienne de la Faune), non seulement pour construire ses barrages, mais aussi pour se nourrir.

Suite aux travaux exécutés en 2014 pour aménager les seuils dont, rappelons-le, une des principales fonctions est de ralentir le débit de l’eau, une solution retenue fut de trapper les castors. Bien qu’ils soient trappés chaque année, de nouveaux castors prennent la relève, car il y a toujours des barrages sur le ruisseau et les dommages causés au lac sont visibles.

Très fréquemment, lors de grosses pluies, l’eau passe par-dessus les digues entraînant des débris de toutes sortes vers le lac, pas facile de venir à bout de ces castors: ils sont laborieux, ingénieux, persévérants, résilients.

Extrait tiré de Faune et Flore de la Fédération Canadienne de la Faune:*Les digues sont entretenues tout au long de l’année, mais le castor y ajoute de gros matériaux durant les périodes de crue. Il arrive peu souvent que les digues soient rompues, sans doute en raison des inspections et de l’entretien quotidien. *

Les inspections et l’entretien quotidien: c’est là que l’on reconnaît le labeur et la persévérance du castor; une leçon à retenir pour nous les humains. Faudrait-il être plus assidus dans la prévention et faire une inspection plus serrée afin de prévenir la construction de ces barrages et de les détruire si nécessaire?

Y aurait-il lieu d’être plus vigilant au printemps et à l’automne lors des périodes où le castor est le plus actif.

Et nous, les riverains et tous les citoyens de Dudswell qui jouissent du privilège d’avoir accès à ce magnifique lac et à son parc, pouvons-nous contribuer à résoudre ce problème?