Robert Riel, Le Sentier, Saint-Hippolyte, janvier 2021
Quel beau sport national! Ce qui est vraiment dans mes cordes, c’est pouvoir regarder un match de hockey, surtout que maintenant les aspects techniques sont réglés comme du papier à musique. Que voulez-vous, c’est mon violon d’Ingres.
Dorénavant, tout joueur doit astiquer ses flûtes et se mettre au diapason pour bien performer dans ce sport. Ceux-ci ont beau claironner que leurs salaires doivent être en conformité avec leur rendement, les joueurs doivent quand même connaître la musique. On se doit toutefois de soulever un bémol et de bien tenter d’accorder nos violons : nous nous devons, et cela sans équivoque et à l’unisson, de réduire ou sinon d’interdire toutes formes de violence au hockey. C’est la clé d’un beau sport civilisé (les points et non les poings). On a beau dénoncer à cor et à cri que les bagarres (qui font sonner les grelots) ne devraient pas être permises, il faut être sérieux dans cette revendication, flûte ! Nous ne sommes pas les seuls qui affirment que le hockey peut devenir un contretemps et être parfois atroce. Alfred Hitchcock a dit que « le hockey sur glace est un savant mélange… d’acrobatie et de seconde guerre mondiale ».
Au prélude des hostilités ou au début de la partie, mon cœur bat la chamade lorsque l’enjeu est crucial. Quand la partie se déroule tambour battant à une cadence effrénée où le tempo est vigoureux, mais légal, affirmer sans tambour ni trompette que le hockey est très agréable à regarder n’est pas un euphémisme. Si on se fait un point d’orgue pour que l’harmonie règne, le hockey se compare aisément à un ballet ou à une valse où les joueurs poursuivent la rondelle en faisant des pirouettes et autres Machins Chouettes. Dès la mise au jeu, les accords sont lancés et nous sommes prêts à nous réjouir d’une belle pièce de jeu orchestrée.
Ce sport nous a aussi permis de connaître de vrais virtuoses de la rondelle (Maurice Richard), des maestros au maniement du bâton (Jean Béliveau) et des chefs d’orchestre pour la préparation de jeux (Henri Richard). Leurs prouesses faites en solo, duo ou trio ont fait de ceux-ci des héros de la patinoire. Ils ont soulevé les foules durant plusieurs décennies et montré leur savoir-faire en crescendo. De plus, ceux-ci nous ont fait passer par toute une gamme d’émotions grâce à leur arrangement. Les instruments de leur harmonisation étaient leur bâton, leur coup de patin, leur vision du jeu et l’anticipation de réactions de leurs coéquipiers, leur courage et leur amour de jouer.
« Ne tirez pas sur le pianiste », comme disait Oscar Wilde, mais je trouve que le hockey est une mélodie lorsque la partition a bien été préparée et que les musiciens (pardon, les joueurs) se donnent à plein (de donner leur 110 %) à la mesure de leurs divers talents.
Si cela vous chante, regardez un match en ayant en tête une belle orchestration, digne d’une symphonie ou d’un opéra. Vous serez étonnés d’une ressemblance notable.