Solidarité communautaire

Amina Chaffaï, Le Stéphanois, Saint-Étienne-des-Grès, novembre 2020

Depuis quelques mois, plusieurs services et projets sont au ralenti ou carrément mis sur pause. Combien d’entre nous ont attendu un rendez-vous chez le barbier, la dentiste, l’esthéticienne, le physiothérapeute et j’en passe. Certains commerces ont réduit les heures d’ouverture.  Les  services  gouvernementaux  sont  en  télétravail,  sans  prestation directe à la population. C’est une nouvelle ère avec un rapport différent aux activités professionnelles. Nous n’avons pas eu le choix de nous ajuster. Cependant, pour ceux d’entre nous qui ont une situation ou des conditions particulières, même temporaires, ces contraintes augmentent les difficultés et parfois l’anxiété. Heureusement, il y a des personnes qui ne se sont pas réfugiées dans leur sous-sol, derrière leur écran d’ordinateur. Une armée qui a bravé la peur et les contraintes pour être en appui aux plus vulnérables, aux démunis et aux familles : les organismes communautaires.

Effectivement,  le  milieu  communautaire  a  été  sollicité  de  façon  très  intense  ces  derniers  temps.  Il  s’est  mobilisé  dans  un  temps  record,  recruté des bénévoles et livré des services essentiels à tous les niveaux. Les  banques  alimentaires,  l’assistance  téléphonique,  les  comités  de  voisinage,  les  centres  d’action  bénévole,  les  organismes-familles,  les  organismes-jeunesse,  les  popotes  populaires,  les  organismes  de  logements sociaux et hébergement d’urgence, et j’en oublie beaucoup, ont fait des miracles pour soutenir ceux qui sont en situation de vulnérabilité.  Avec  un  engagement  hors  du  commun,  comme  d’habitude.  Avec  peu  de  moyens,  comme  d’habitude.  En  mettant  de  côté  leurs  propres  familles et proches, comme d’habitude. En s’exposant aux risques de contamination  et  d’épuisement,  comme  d’habitude.  En  n’attendant  pas de remerciements ou de reconnaissance, comme d’habitude. Leur motivation est de faire du bien, comme d’habitude. Leur engagement en fait des soldats infatigables contre la pauvreté, l’isolement, la précarité, le racisme, l’ignorance et les injustices de toutes natures.

Dans notre propre communauté, où les gens ont cette faculté exceptionnelle de prendre soin les uns des autres, la plupart des activités ont été maintenues par nos organismes. Le personnel et les bénévoles ont apporté soutien, réconfort et chaleur aux personnes et aux familles esseulées ou simplement inquiètes par l’incertitude liée à la pandémie. L’équipe du Stéphanois est aux premières loges pour en témoigner puisqu’on a pu voir que les communications des organismes locaux et des services de proximité n’ont pas été interrompues. Il y a ceux qui assuraient les besoins essentiels de base, et d’autres qui comblent les besoins d’ordre spirituel, social, psychologique et même sportif. Ceux qui ont été contraints de reporter  leurs  activités  n’ont  pas  laissé  tomber  leurs  membres  en  les  informant continuellement. Ils contribuent à cette richesse qui fait partie de notre identité locale et je les félicite pour leur engagement.

Ce  virus  aurait  réussi  à  mettre  en  lumière  le  travail  colossal  d’un  monde communautaire que plusieurs ne jugent pas à sa juste valeur. Sans service  communautaire  sur  un  territoire,  bien  des  activités  n’auraient  pas lieu et bien des gens seraient laissés pour compte. Aider, accompagner, soigner, réconforter, informer, écouter, nourrir, sourire, se soucier des  autres,  permet  de  vivre  dans  une  société  solidaire,  harmonieuse  et plus juste. J’espère qu’après cette pandémie, nous serons tous unis pour promouvoir l’action bénévole dans sa diversité. J’espère que nous n’oublierons pas que ces travailleuses et travailleurs de l’ombre et les bénévoles de leurs organisations respectives, fournissent l’effort de guerre même en temps de paix. J’espère qu’ils ne redeviendront pas les mal-aimés du système.

J’espère que leurs apports social et économique seront reconnus et qu’ils se  traduiront  par  l’octroi  de  ressources  adéquates  et  stimulantes  pour  se  développer.  Leurs  services  sont  indispensables  et  beaucoup  moins  couteux  que  les  conséquences  de  certaines  situations  de  vulnérabilité  que vit une partie de la population.

Je  m’en  voudrais  de  ne  pas  vous  inviter,  le  11  novembre,  jour  du  Souvenir,  à  avoir  une  pensée  pour  les  défenseurs  de  la  liberté;  à  tous  les vétérans, merci!