La COVID-19 et le plastique : un duo troublant

Catherine Courchesne, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, le 6 octobre 2020

La pandémie a un impact économique sans précédent. Mais qui aurait cru qu’elle aurait un impact environnemental aussi important, notamment en remettant le plastique au goût du jour ?

En mars 2020, quand les avions ont cessé de voler, que les entreprises ont fermé et que les gens se sont confinés à la maison en raison de la COVID-19, la planète entière a enregistré une chute de la pollution de l’air. Malheureusement, une autre forme de pollution a fait son grand retour : celle de la consommation, et donc, des déchets de produits de plastique à usage unique. C’est, du moins, ce que révèle une étude du Laboratoire en science analytique agroalimentaire de l’Université Dalhousie , à Halifax, qui a comparé 1014 réponses datant de mai 2019 à 977 réponses recueillies en juillet 2020. Selon les résultats, 29 % des participants ont estimé avoir consommé plus de produits emballés dans du plastique depuis le début de la crise.

 

Un fléau qui regagne du terrain

Masques, gants, visières, emballages alimentaires et bouteilles de désinfectant… La COVID-19 a ravivé la consommation des produits de plastique à usage unique et leur rejet dans l’environnement. Outre s’en désoler, comment expliquer un tel phénomène ? « Depuis le début de la pandémie, les gens sont davantage préoccupés par les mesures sanitaires et la salubrité des produits que par la protection de l’environnement. Une réaction tout à fait normale compte tenu des circonstances exceptionnelles », explique Amélie Côté , spécialiste en gestion des matières résiduelles chez Incita, coopérative accompagnant les transitions zéro déchet .

Cela dit, l’experte rappelle qu’il est faux de croire que les produits de plastique à usage unique sont plus sécuritaires que les produits réutilisables. « La salubrité des objets dépend avant tout du nombre de personnes qui les manipulent et de la manière qu’elles le font. Par exemple, non seulement l’emballage des fruits et des légumes augmenterait les manipulations par les exploitants alimentaires, mais rien n’indique si ces derniers ont les mains propres ou non. »

 

Un soutien qui s’érode

L’étude dévoile également que de moins en moins de Canadiens soutiennent les politiques visant une réglementation plus stricte du plastique. Alors qu’en 2019, 90 % des personnes interrogées étaient en accord avec une telle réglementation, seuls 79 % l’étaient en 2020. Même scénario concernant l’interdiction d’utiliser des plastiques à usage unique dans l’industrie alimentaire : en un an, le soutien est passé de 70 % à 58 %. Qui plus est, 52 % des participants ont déclaré qu’il serait mieux d’attendre la fin de la crise avant d’imposer de nouvelles réglementations.

 

Un peu d’espoir à l’horizon

Devant ces chiffres, Amélie Côté reste malgré tout optimiste. « N’oublions pas que l’étude de l’Université Dalhousie a été menée au début de la pandémie. Par conséquent, elle démontre davantage des réactions spontanées que des tendances bien ancrées. Au fil du temps, j’ose donc espérer que l’ensemble de la société profitera de la crise pour améliorer les politiques environnementales et les pratiques de consommation.»

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