Photo : Bélinda Dufour

La peinture organique d’Hélène Lachapelle

Lyne Boulet, Le Sentier, Saint-Hippolyte, octobre 2020

Hélène Lachapelle présente une rétrospective de sa production artistique des six dernières années dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque du 24 septembre au 17 octobre sous le titre accrocheur de Sur le fil de mon imaginaire. Tout au cours de la période de l’exposition, l’artiste peintre sera sur place pour parler de son art et échanger avec le public les mercredis de 13 h à 16 h et les samedis de 11 h à 15 h.

 

L’imaginaire

Hélène Lachapelle travaille dans le domaine juridique. La rationalité et la précision imprègnent ses journées de travail. Mais, en peinture, elle ne s’impose aucune rigidité. La spontanéité de la touche est le pivot de son approche créatrice. Son imaginaire se nourrit de ce qui est peu défini, ambigu, mystérieux et même chaotique. Elle y a trouvé son équilibre vital, son espace de liberté. Elle se retrouve pleinement dans les propos de Pierre Soulages* qui déclarait « on peint d’abord par nécessité personnelle et intime. C’est ce qui donne un sens à la vie. »

Contemplant son chevalet, l’artiste se place dans un état d’abandon total jusqu’à ce que son essence lui parle. C’est ce qui lui permet de dialoguer avec la peinture. Elle s’installe quelquefois devant une toile blanche. À d’autres moments, elle dessine, fait un collage, choisit des couleurs pour s’inspirer, se donner une base de départ avant de s’abandonner à son imaginaire. « Mes tableaux, indique-t-elle, sont des petits pas vers ma spontanéité et mon identité. »

 

Couleurs fondues, formes confondues

Depuis la mi-vingtaine, Hélène Lachapelle a exploré différents médiums, dont l’huile et l’aquarelle. Mais depuis plusieurs années, elle a adopté l’acrylique. La nature est sa principale source d’inspiration. On retrouve peu de formes ou de masses circonscrites dans l’œuvre d’Hélène Lachapelle. C’est d’ailleurs cette absence de lignes qui génère la dissolution de la forme dans la couleur. Elle obtient une ambiance vaporeuse grâce à l’abolition des contours. Toutes les couleurs se fondent les unes dans les autres en de subtils dégradés comme si la peinture avait été légèrement estompée. Pour obtenir ce résultat, elle dépose plusieurs minces couches de peinture sur le canevas. « Plus exigeant à réaliser avec de l’acrylique, admet-elle. C’était plus facile lorsque je peignais à l’huile », qui a l’avantage de sécher plus lentement. Pour obtenir l’effet texturé qu’on retrouve dans plusieurs de ses tableaux, elle termine par une couche de pâte ou de gel.

À certains moments, elle provoque le mouvement par de larges coups de spatule; à d’autres, elle utilise le pinceau pour imprimer un rythme plus délicat à sa composition. Ses toiles baignent dans la lumière. « Ce n’est pas une démarche intentionnelle, indique-t-elle. Je peins toujours en mode exploratoire. L’éclairage jaillit de lui-même » Si on devait lui mettre une étiquette, elle choisirait le terme de peinture organique pour qualifier ses créations.

 

J’arrive

Elle a terminé le plus récent tableau présenté à l’exposition à peine deux semaines avant l’accrochage. Il est intitulé J’arrive. Elle y a introduit quelques traits plus accusés. Ces presque-lignes accentuent l’expression de profondeur sans pour autant briser la fluidité de l’ensemble. Cette toile a été très appréciée de l’assistance présente au vernissage. Et elle lui plaît particulièrement, avouera-t-elle.