Arbres centenaires graciés

Michel Fortier, Le Journal des citoyens, Prévost, le 24 mai 2020

Aux arbres, ce poème de Victor Hugo écrit en 1843, commençait par : « Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme ! » C’est dire que les arbres ont une âme pour accueillir l’âme des autres ! Pour la revue Science & Vie qui n’est pas réputée pour ses états d’âme, elle titre  – Arbres : ils peuvent nous sauver, puis Arbres : un peuple immense et menacé en ajoutant qu’ils sont 3 000 milliards. Ils ajoutent que les forêts sont la meilleure arme contre le CO2, qu’ils peuvent augmenter les rendements agricoles, que l’arbre est un véritable alien arrivé sur terre avant nous et qu’ils s’entraident grâce à leur réseau de racines et de mycorhizes.

À Prévost, le maire Germain a sauvé in extremis les arbres plus que centenaires qui longent l’ancien terrain de golf sur la rue Principale. Un ingénieur obéissant devait tous les faire couper afin d’aménager de nouvelles conduites d’eau souterraine et, au-dessus, un trottoir. La cause est juste, mais… ces arbres ont été témoin de la naissance de Lesage et Shawbridge. Le maire Germain tout comme les Prévostois de souche ou d’adoption ont un lien d’affection avec ces arbres qui étaient là avant le pont Shaw; c’est vous dire qu’ils ont une histoire !

Au Japon, dans la préfecture de Gifu dans la région de Kiso, réputée pour ses forêts, il n’est pas rare de nommer des arbres qui ont atteint l’âge vénérable de 150 ans. On y pratique une cérémonie ou l’arbre reçoit un collier auquel est attaché son nom. Au cœur du village de Kashimo, aujourd’hui intégré à la ville de Kanatsugawa, un cyprès de 1200 ans passés est désigné « Monument national naturel ». C’est le Kashimo Osugi, ou Grand cèdre de Kashimo.

Peut-on imaginer un jour nommer nos arbres centenaires ? Imaginons le respect qu’inspire une forêt où l’on nommerait les arbres de plus de 150 ans. On y trouverait des chênes, des pins, des érables et peut-être même des ormes qui ont vu le jour alors que le curé Labelle n’avait pas 37 ans et qu’il devenait curé de Saint-Jérôme.