Lionel Émard, L’annonceur, Pierreville, le 14 mai 2020
Quand la pandémie de la COVID-19 sera passée, il faudra se demander pourquoi l’arc-en-ciel, avec ces mots : « Ça va bien aller », est devenu le symbole de l’espoir pour tant de monde ?
Combien savent que le symbole de l’arc-en-ciel est un non seulement un symbole biblique (cf histoire du déluge avec Noé, Genèse 9,9-17), mais aussi un symbole religieux universel (cf Marc Girard Les symboles dans la Bible. Bellarmin/Cerf, 1991, pp 929-937) ?
Le choix de ce symbole religieux est un message pour les représentants chrétiens et catholiques. Voilà que des gens, sans référence explicite à la foi chrétienne, même s’ils appartiennent à une confession chrétienne, s’approprient de ce symbole pour exprimer quoi ? À première vue, un espoir, un espoir que ça va bien aller malgré le mal qui nous assaille. Nous ferions une lecture à courte vue si nous nous en tenions qu’à cet espoir :« Ça va bien aller » ; il y a quelque chose de plus profond ; des C.G. Jung, fondateur de la psychologie des profondeurs, des Mircea Eliade, grand historien des religions, ont su lire dans ce symbole universel de l’arc-en-ciel un désir profond qui habite l’être humain et que Girard résume bien dans ces mots : « L’arc-arc-ciel annonce donc la fin d’une période de trouble grave, une réémergence (résurgence) à la fois physique, psychologique et spirituelle de l’humanité tout entière. » (p. 934)
Cet espoir ne se résume surtout pas à ce que tout revienne comme avant. Ils se trompent ceux qui pensent que les églises vont se remplir à nouveau : l’espoir est plus profond que cela ; quelque chose de neuf va apparaître et que l’auteur du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, a bien résumé en ces mots : « Voici que je fais toutes choses nouvelles… car l’ancien monde s’en est allé. » (21,5).
Parmi les choses nouvelles qui vont apparaître, il y a celle où les chrétiens vont reprendre en main propre la foi ? sur quoi s’appuie la foi des chrétiens d’aujourd’hui ? Sur le visible. L’arc-en-ciel, avec son « Ça va bien aller », sur quoi s’appuie-t-il pour faire une telle affirmation ? Sur l’Invisible. C’est ainsi que l’auteur de la lettre aux Hébreux qualifiait la foi de Moïse : « Il tint ferme, comme s’il voyait l’Invisible. » (11, 27)
Actuellement, nos yeux sont embués par ce que nous vivons présentement ; nous ne comprenons pas ce qui se passe ; nous nous posons ces questions : Pourquoi, Seigneur ? Où es-tu Seigneur ? Nous vivons l’expérience des disciples d’Emmaüs : « Jésus en personne s’approcha… mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. » (Luc 24, 14)
Dans la nuit où nous marchons, deux lumières éclairent notre route, ces arc-en-ciel avec « Ça va bien aller », pour soutenir l’espoir de ceux et celles qui pleurent et souffrent et cette musique spontanée/créatrice pour remercier et encourager nos premiers répondants de la santé. À ceux et celles qui éclairent notre nuit, MERCI.