Jean-Pierre Robichaud, Le Pont de Palmarolle, avril 2020
Frédérick Macé et sa conjointe Émilie Deraize planifiaient depuis un certain temps d’émigrer au Québec pour, notamment, les grands espaces, la pêche et la motoneige. Or c’est en prenant une bière avec Karl Tremblay, après le spectacle de ce dernier, que s’est ouverte la route vers l’Abitibi.
Le couple habite Palmarolle depuis son arrivée au Québec en juin dernier. Débarqués à La Sarre et cherchant un toit, le Carrefour Jeunesse Emploi les a mis en contact avec le Palmarollois Fernand Lemieux. Ce dernier accepta de leur louer la maison de feu son père, voisine de la sienne. Dès lors débuta une belle histoire d’amitié et d’entraide entre le couple français et leur propriétaire. Dès leur arrivée à Palmarolle, monsieur Lemieux a littéralement pris en main le jeune couple.
Après leur avoir offert un logement, il a accompagné Émilie, diplômée en enseignement dans son pays d’origine, dans le dédale administratif pour faire valider ses compétences, et l’accompagnant jusqu’à Montréal pour des examens médicaux préalables à l’obtention de son emploi. « Je trouve anormal qu’Émilie ait dû se rendre à Montréal à ses frais pour un examen médical qui lui a coûté quelques centaines de dollars quand on a des médecins ici. »Fernand Lemieux
En effet, la Loi de l’immigration exige cet examen pour quiconque veut travailler auprès des enfants. Le problème c’est qu’aucun médecin n’est accrédité par le ministère de l’Immigration dans notre région.
Leur intégration: des initiatives citoyennes innovantes Boucar Diouf, originaire du Sénégal et débarqué à Rimouski en 1991, se plaît à raconter comment son intégration au Québec et dans sa ville adoptive a été facilitée par la façon dont les gens de son milieu lui ont ouvert les bras et lui ont créé un réseau social.
À Palmarolle, Fernand Lemieux et son oncle, Jean-Louis Labonté, visent le même objectif. Un récent Vins et Fromages chez monsieur Labonté a réuni une quinzaine de personnes, notamment Frédérick et Émilie, Sam Marquet et Mélanie Tardivel arrivés à La Reine l’an dernier avec leurs deux fillettes, ainsi que Serge Poles, émigré en 1984 et qui habite Poularies depuis ce temps. Les échanges entre migrants chevauchant deux générations ont permis de partager les raisons qui les ont respectivement incités à s’établir chez nous. Pourquoi avoir choisi l’Abitibi-ouest? Serge Polès est venu rejoindre son frère Philippe, mécanicien et concessionnaire d’équipements agricoles à Portneuf à l’époque, qui était là depuis 1978. Les deux frères sont maintenant propriétaires de Machineries Horticoles d’Abitibi et habitent Poularies depuis une trentaine d’années.
Pour leur part, Frédérick et Émilie, nouveaux résidents de Palmarolle, le fil conducteur de la France à l’Abitibi fut, selon leur dire, les Cowboys Fringants et les grands espaces. Après avoir envoyé leur curriculum vitae au futur employeur et reçu une réponse positive, ils décidèrent de tenter l’aventure abitibienne. Pour l’heure, Émilie a un emploi d’enseignante à la Cité étudiante Polyno tandis que Frédérick est soudeur haute pression.
Quant à Mélanie, Sam et leurs deux fillettes, résidents de La Reine, leur parcours d’immigration fut sensiblement le même. Sam, soudeur haute pression lui-aussi, a été attiré par une annonce d’offre d’emploi au Québec, parue dans un journal français. Après avoir postulé et appris qu’il avait le profil de l’emploi, il eut une vidéoconférence avec son futur employeur de La Reine.
D’emblée il fut accepté. « Je suis débarqué à La Reine à deux heures du matin. Du coup je me dis : Mais qu’est-ce que je fais là? Tout de suite j’appelle ma femme, demeurée en France, et je lui lance : je reviens demain!…» Sam Marquet
Bien sûr, il est resté. Puis sa femme et les fillettes sont bientôt venues le rejoindre. À présent, la petite famille est bien installée; Mélanie travaille chez un concessionnaire automobile de La Sarre et les deux fillettes fréquentent le Pavillon de Dupuis.
Certes, de nombreuses difficultés ont ponctué l’intégration au travail de ces nouveaux arrivants. Frédérick et Sam sont débarqués avec un visa restrictif qui les liait à un employeur. Heureusement, ils viennent d’obtenir leur visa ouvert. Du coup, ils ont démissionné de leur emploi à La Reine, pouvant dès lors postuler et travailler où ils le désirent. « On se sentait un peu entravés, les mains liées, dans cette entreprise qui, soit dit en passant, n’emploie, à quelques rares exceptions, que des immigrants. » Fred Macé
Pour l’heure, les deux couples affectionnent notamment les grands espaces, la pêche et la motoneige. Ils découvrent l’Abitibi avec émerveillement et à grandes bouchées. En outre, l’embryon de tissu social, initié par Fernand et Jean-Louis, contribue à les intégrer et à les enraciner dans notre milieu. Que ce soit une balade en ponton sur la Dagenais, riche de l’histoire de Palmarolle, un dîner rustique au camp du bout de la terre de monsieur Labonté ou une soirée Vins et Fromages sur le « Coteau », ces initiatives permettent à ces nouveaux arrivants de se tisser un réseau social, élément essentiel à leur rétention parmi nous.