Quels lieux avez-vous hâte de retrouver ?

Samuel Larochelle, Échos Montréal, avril 2020

Alors  que  les  Québécois  sont  confinés  à  domicile  depuis  plus  d’un  mois, le journal Échos Montréal a interrogé des habitants de la métropole pour connaître les lieux qu’ils rêvent de retrouver.

Plusieurs ressentent le besoin pressant de s’amuser, comme Myriam Caron-Belzile, qui visualise son retour au karaoké du Sel et Poivre. « C’est minuscule, mais tellement magique,  comme  une  maison  de  hobbit  si  le  hobbit  gossait  des  tables  en  bouchons  de  bière et tripait sur les néons. Je dois y retourner avec mes amis !  »

Même  son  de  cloche  chez  Amélie     Faubert,     qui     pense   aux   bars   Le   Normandie    et    Le    Cocktail.  «  Il  y  a  quelque  chose  d’unique  à  ces  endroits-là,  une espèce d’électricité dans l’air.  Les  gens  sont  fébriles,  ça boit, ça jase, on danse pis on  est  heureux ! »

L’activité   physique   est   un   besoin   pressant   chez   bien   d’autres. Marie-Pascale Danis   veut   retourner   au   Bloc  Shop,  son  gym  d’escalade.  «  C’est  là  que  je  me  défoule, me surpasse et passe du  bon  temps  entre  amis.  »  L’entraîneuse Isabelle Cloutier souhaite remettre les   pieds   au   Complexe sportif     Claude-Robillard.    «    Pour    l’odeur    du    chlore   et   de   la   transpiration  de  nos  athlètes  qui  travaillent   fort.   Pour   revoir   cette  deuxième  famille  qui  s’est créée au fil des années. »

Le plongeur olympien François Imbeau-Dulac rêve de retrouver l’Institut National du Sport du Québec. « J’ai hâte de retrouver la piscine et la salle de musculation  où  je  côtoie  de  nombreux  athlètes  de  différentes  équipes  nationales,  ainsi  que  la  clinique  sportive  où  je  me  fais  traiter.  »  Directrice  de  Synchro  Québec,  Julie  Vézina  souhaite  même  de  retrouver  son  bureau  sans  fenêtre  dans  le  sous-sol  du  stade olympique. « Jamais on pensait s’en ennuyer, mais l’arrêt du milieu sportif remet les choses en perspectives. Quand je réintégrerai mon bureau, ça voudra dire que le sport fédéré pourra tranquillement reprendre vie. »

Les rassemblements dans une salle de spectacles manquent à Élise-Anne Basque. «  Pour être émerveillée par mes artistes préférés et entourée de gens qui vibrent devant une œuvre. Quand ces grands rassemblements pas du tout socialement distancés reviendront, tout ça sera vraiment derrière nous et on aura de quoi célébrer !  ».

Jonathan  Émond  s’imagine  quant  à  lui  au  Quartier  des  spectacles.   « Avec quelques amis, un verre à la main, une marre de gens autour de nous, pendant un festival, uniquement pour partager un moment de bonheur simple à un endroit que je trouve magnifique et qui me rend fier de ma ville. »

L’écrivaine Catherine Girard-Audet se voit déjà arpenter les librairies.  « C’est là que j’aime me perdre des heures. Et c’est sincèrement une des sorties préférées de ma fille de cinq ans. »

Marion  Malique  rêve  de  fréquenter  vernissages,  galeries  et  musées.  « Pour voir des œuvres ailleurs que sur des écrans, retrouver mes amis et savourer le fait de passer quelques heures enfermés, par choix. Pour faire revivre la culture et les institutions dont les portes sont actuellement fermées. »

Simon Carimand-Contant s’ennuie du Cabaret Lion d’Or, et surtout des soirées d’improvisation. « J’ose espérer, malgré le changement de paradigme, le retour de la clientèle et des comédiens qui me sont si précieux dans mon travail de barman et dans le plaisir d’assister au spectacle. »

Guillaume Moffet ira flâner, les dimanches après le brunch, à la boutique Aux 33 Tours. « C’est le principal gisement montréalais du seul or noir qui en vaille vraiment la peine, parmi les autres mélomanes qui se cherchent des nouvelles proies à ramener chez soi et à faire tourner jusqu’aux petites heures de la nuit. »

De nombreuses personnes veulent simplement se rassembler dans un restaurant. Comme Ariane Labrèche au Bar des Patriotes. « Je pense souvent à cette taverne de quartier où se mêlent travailleurs, étudiants, personnes âgées et petites familles. »

Josée  De  Angelis  ira  au  Miami  Deli.  «  On  y  va  en  famille  depuis  quinze  ans  et  on  connaît quasiment les serveuses ! C’est beaucoup de souvenir pour nous. »  Pascale Wilhelmy veut prendre un petit-déjeuner avec son fils à l’Express et une pizza avec sa fille chez Gemma. « Pour retrouver ces belles habitudes que je sais précieuses aujourd’hui… »

Idem Pour Samuel Boulianne qui souhaite retrouver sa routine au café São. « Prendre le temps de  déguster  un  cortado  sur  la  petite  terrasse  tout  en  m’imprégnant de la vie de mon quartier, c’est ce qui me manque le plus. » Sarah  De  Montigny  rêve  de  se prélasser dans un parc. « Lors d’un pique-nique improvisé  sous  le  soleil  brûlant,  je  veux  être  témoin  de  rires  bien  gras,  de  poses  d’acroyoga  ratées  et  de  gouttes  houblonnées  renversées.  Juste  être  assise  sur  un drap aplati par plus d’un humain. »