Françoise de Montigny-Pelletier, L’Écho d’en Haut, Saint-Pamphile, mars 2020
Le samedi 15 février, la bibliothèque municipale de Sainte-Perpétue accueillait l’autrice Emmy Bois venue présenter le deuxième tome de sa trilogie «L’éternelle guerrière» devant 16 personnes dont des membres de sa famille. Elle y a partagé son monde et son parcours.
Une écriture littéraire précoce qui a évolué
Fille de Stéphanie Chouinard et Rémi Bois, native de Sainte-Perpétue, dès l’école primaire, alors que bien des enfants étaient occupés à d’autres activités, la jeune Emmy mettait sur papier des idées pour créer des histoires fantastiques, inspirées par des scénarios et personnages télévisés ou sur Internet. Elle se plaisait aussi à raconter des histoires à son jeune frère. À 12 ans, elle avait écrit son premier roman basé sur un personnage principal, Cira Night, une jeune fille qui, devenue vampire, se questionne sur ses relations avec les autres, son identité, comment elle va s’affirmer. Même si certaines références rappellent celles des films et romans d’horreur, contexte dysfonctionnel et contre-nature, la façon qu’a Emmy Bois d’aborder ce monde imaginaire extrême est plutôt un prétexte pour questionner les relations humaines, la recherche identitaire. Son écriture a évolué et, tout en visant la clientèle adolescente, elle a remanié et peaufiné pendant huit ans son œuvre originale pour en arriver à publier, à 19 ans, Prédestinée, premier tome de sa saga.
De la prédestination à la trahison
Cira Night, cette « prédestinée » devant s’adapter et se positionner dans ce décor qui, en quelque sorte, lui était imposé, vivra plus tard la trahison. Emmy Bois a peut-être été elle-même « prédestinée » dans cette quête presque philosophique et cette créativité littéraire qui l’ont convaincue de s’exprimer au moyen du roman. Mais le parcours d’une autrice n’est pas toujours simple, ne coule pas toujours comme une source tranquille. Le marché du livre a ses lois commerciales et le «chemin de la publication a été parsemé d’embûches». Dans son élan créatif et son besoin de partager sa pensée par écrit, la jeune autrice a, comme la protagoniste de ses livres, persévéré, «faisant au passage des rencontres déterminantes et vivant des expériences hors du commun».
Cira Night et les personnages qui la côtoient évoluent à travers trois tomes. Comme son héroïne, Emmy était déterminée; elle a trouvé un éditeur. Puis ce fut le Salon international du livre de Québec. Une expérience « mémorable! ». Échanger avec le public, sur la littérature et sur l’histoire, est primordial et motivant pour elle. Le premier titre, fut donc lancé le 25 mars 2017 à Saint-Pamphile, à l’école secondaire La Rencontre devant 70 personnes. Mais la maison d’édition, les Productions dans la Vraie Vie, qui avait acheté Audace et Caboche, éditeur du premier tome, a choisi de ne pas poursuivre avec un deuxième, sa clientèle étant les enfants plus jeunes et le matériel privilégié ayant une forme plutôt pédagogique. Les livres d’Emmy visent les 14 ans et plus, soit les adolescent(e)s et adultes se laissant absorber par l’atmosphère combinant mystère, émotions, sentiments, évolution, affirmation de soi et questionnements universels. Elle confiait sur son site Facebook : «le meilleur reste à venir». «Patience, positivité et persévérance», ce sont avec ces termes qu’elle définit son attitude face aux difficultés rencontrées.
Puis, l’apothéose après tant d’efforts!
Ce sont finalement Les éditions l’Apothéose qui ont pris sous leurs ailes cette seconde œuvre. Trahie, fut lancé le 11 janvier 2020 aussi à Saint-Pamphile, puis présenté ce 15 février dans sa municipalité d’origine. À 22 ans, Emmy Bois annonce que le dernier et troisième tome est en gestation et qu’elle en prévoit la publication dès 2021. Son premier projet était de poursuivre sa saga sur cinq tomes. Mais absorbée par son travail de recherche universitaire préparant un mémoire de maîtrise en histoire et ses collaborations à la radio de l’Université Laval, elle a décidé de se limiter finalement à trois titres. L’acte d’écrire pour elle est davantage significatif et important que celui de publier. Ce sont ses proches qui l’ont encouragée à partager ses écrits. L’écriture n’est pas ardue ni un fardeau, elle lui donne un sentiment de liberté. Elle a même inséré dans son œuvre des segments poétiques. Elle aura sans doute néanmoins beaucoup à écrire et à publier dans la spécialité qu’elle a choisie et qu’elle aimerait bien partager dans des oeuvres de vulgarisation plus tard… Elle travaille sur les papiers terriers, s’intéressant aux relations entre seigneurs et censitaires sous le régime seigneurial en analysant les actes notariés de cette période chevauchant les régimes français et britannique.
Transmette, intéresser, partager
Emmy Bois place la littérature en parallèle avec d’autres médias comme certains jeux vidéo et films qui campent leurs scénarios dans un contexte historique validé par des spécialistes pour être plus authentiques ou plausibles. On dit souvent que la réalité dépasse la fiction, il y a là certainement de quoi inspirer les auteurs! La démarche entreprise est pour elle un moyen, presqu’une mission de joindre et rejoindre les jeunes par un univers qui pourra éventuellement les guider dans leurs quêtes, des choix de professions, des prises de position, une curiosité scientifique… La vulgarisation, soit rendre accessibles et compréhensibles des informations, notions et connaissances, est un objectif pour elle et presqu’un mode de vie. Certains milieux universitaires sont devenus « des tours d’ivoire, ultra spécialisées », loin du terrain concret. Elle souhaite « intervenir dans la sphère publique, propager le savoir, être utile ».
Emmy rejoint notre jeune relève s’investissant dans tant de domaines, entre autres artistiques. Elle a soulevé l’approbation et l’admiration de l’auditoire par sa vision positive.