Dominique Roy, L’Indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue, février 2020
Depuis longtemps, le nom d’Amy Lachapelle est associé à la littérature jeunesse. En effet, l’éditrice des Éditions Z’ailées a publié une quarantaine de romans depuis plus d’une dizaine d’années. En 2018, elle s’est lancée dans l’aventure du grand public avec son premier roman pour adultes, Toi et moi ça fait six. Bien que l’intrigue soit fictive, le roman s’inspire de ses expériences personnelles. L’aventure semble lui avoir plu puisque l’auteure récidive à l’automne 2019 avec un deuxième roman pour adultes, Le début des petites étincelles.
Même si les deux œuvres nous plongent dans des univers différents, il est quand même possible d’établir quelques corrélations entre chacun d’eux. Dans le premier, le quotidien d’Evelyne Bonenfant est totalement transformé dès le moment où elle rencontre l’amour avec un grand A. C’est avec le cœur gonflé à bloc qu’elle dit oui à une vie de famille avec ce père de quatre enfants alors que la principale intéressée n’a aucune expérience de la maternité. Loin de sa famille et de ses amies, elle se lance dans cette aventure familiale qui lui réserve de belles surprises.
Dans le deuxième roman, l’univers de Roxane est aussi chamboulé lorsque son amoureux de toujours la quitte. Du jour au lendemain, la jeune femme perd tous ses repères et s’exile loin de son Témiscamingue natal pour se reconstruire et se redécouvrir. Encore ici, les personnages collent à la réalité et plusieurs femmes dans la mi-trentaine se reconnaîtront à travers les craintes, les interrogations et les incertitudes qui assaillent Roxane.
Ce deuxième roman suit le courant avec des thèmes des plus actuels : quête identitaire, remise en question, dépassement de soi, culpabilité féminine, mode de vie minimaliste, bien-être au travail. Tout de suite, Roxane gagne le cœur de son public avec sa capacité à se tourner rapidement sur un dix sous alors qu’elle n’avait jamais pris aucune décision importante dans sa vie, à part celle d’élever un enfant à 19 ans alors qu’il ne faisait pas partie de ses plans d’être mère à un aussi jeune âge. Celle qui n’a jamais eu de colonne vertébrale, qui doutait d’elle constamment, qui manquait de confiance en soi ne s’éternise pas sur ses déboires amoureux. Son aventure en milieu urbain l’amène à se forger une nouvelle personnalité collée à sa peau, et non influencée par son entourage.
Le style d’écriture d’Amy Lachapelle est vivant, voire éloquent. Phrases simples, vocabulaire accessible, chapitres courts, comparaisons amusantes, repères culturels intéressants… Tout est réuni pour offrir une lecture divertissante où le temps file sans qu’on le voie passer. C’est le type de lecture qui entre dans la catégorie « bonbon » parce qu’il fait oublier le stress d’une longue et épuisante journée de travail. En même temps, il suscite une pointe de réflexion dans ce monde où la charge mentale d’une mère de famille et les attentes de la société envers la femme pèsent encore trop lourd sur les épaules de la gent féminine. Enfin, le roman fait un beau clin d’œil à la nouvelle image de marque du Témiscamingue parce que tout au long des questionnements et de la remise en question de Roxane, on se rappelle que le Témiscamingue, c’est vraiment là où on vit.