Michel Lagacé, Le Mouton NOIR, Rimouski, janvier 2020
C’est sous le titre Ceux qui me hantent qu’Olivier Blot présente un corpus significatif de ses œuvres à la galerie Léonard-Parent de Rimouski. Cet artiste multidisciplinaire, autodidacte, identifié à l’art singulier, dit « qu’il est hanté par des êtres étranges ». C’est ce que l’on peut voir dans les bas-reliefs, les sculptures de bois coloré, les toiles et les dessins de techniques mixtes de l’exposition.
Les œuvres de cet artiste d’origine française, qui vit à Cacouna, ont fait l’objet de plusieurs expositions collectives d’art singulier à Lyon, Montréal, New York en plus de quelques expositions particulières dans le Bas-Saint-Laurent et dans son pays d’origine.
L’art singulier, ce n’est pas l’art naïf, ni l’art brut associé à Jean Dubuffet à une autre époque, ni l’art des « malades mentaux » et de « ces primitifs du XXe siècle » qui fascinaient les surréalistes. Initié par des créateurs dont certains sont des autodidactes, l’art singulier (Outsider aux États-Unis) a aujourd’hui ses institutions, ses musées, ses foires et biennales. Il emprunte ses manières de faire à tout ce que j’ai nommé précédemment, comme le font aussi bien des artistes de l’art actuel.
Cet art a pris son essor dans les années 1970, surtout en France. Les créateurs de la mouvance hors-les-normes, devenue l’art singulier, ont des préoccupations similaires ou proches des cubistes et des surréalistes. Leurs créations participent au rapport espace-objet, tout en se distanciant de l’art académique. Ces artistes abordent la création par un autre savoir, par une autre sensibilité, intégrant de façon manifeste les éléments marquants de leur enfance, certaines obsessions et aussi « l’art du bricolage », du fait avec les mains. Une tout autre vision de l’art officiel.
Depuis plusieurs années, Olivier Blot produit des œuvres avec une grande régularité, continue de chercher dans les brocantes des cadres anciens qu’il intègre à plusieurs de ses œuvres. Il rapporte de ses voyages dans son village du sud de la France, où il a passé sa jeunesse et son début de vie d’artiste, de mini-objets détournés de leur fonction d’origine que l’on retrouve dans plusieurs de ses sculptures ou bas-reliefs. Il travaille des souvenirs d’enfance qui n’ont rien perdu de leur résonance, comme on le comprendra en lisant le texte accompagnant les œuvres.
La physionomie d’un personnage en particulier caractérise son approche artistique. Cette étrange créature, aussi proche de l’animal que de l’humain, évolue dans différentes situations impliquant des signes, des objets ou des formes symboliques, qui participent d’un monde imaginaire à la limite de l’obsession que l’artiste arrive à faire exister par la qualité et la sensibilité de son exécution. La force d’évocation de ses œuvres réside dans la taille du bois, dans les patines colorées, dans des narrations étonnantes et souvent naïves, et dans des dessins sur papiers imprimés, réinterprétés, devenus un support pour plusieurs d’entre elles.
Regroupées sur les murs de la galerie, les œuvres aux allusions mystérieuses, symboliques, astrologiques, animalières sauront séduire, ou sinon surprendre. Elles ont la faculté de s’introduire à leur manière dans la narration d’un monde authentique, le monde qui hante l’artiste Olivier Blot.
L’exposition Ceux qui me hantent sera présentée à la galerie Léonard-Parent de Rimouski du 29 janvier au 13 mars 2020.