Les retraités ont plus de temps à offrir au bénévolat, mais les adolescents sont plus nombreux à enregistrer quelques heures chaque année, notamment par obligation scolaire.

Jeune et bénévole, un combo improbable

Adrien Cloutier, La Quête, Québec, septembre 2019

Au Québec, il est plus probable qu’une adolescente ou un adolescent entre 16 et 19 ans ait fait du bénévolat au cours de la dernière année que son père, sa grand-mère ou qu’un adulte de n’importe quelle tranche d’âge.

Les données commencent à dater, mais selon le dernier rapport sur la question publié en 2017 par l’Institut de la Statistique du Québec (ISQ), 46 % des jeunes ont réalisé du bénévolat en 2011-2012. C’est plus de 10 % supérieur aux 45-65 ans.

La tendance est confirmée au pays par les derniers (mais toujours archaïques) chiffres de Statistique Canada : en 2013, 66 % des Canadiens de 15 à 19 ans ont offert gratuitement de leur temps, contre 38 % des 65 à 74 ans, et 27 % des 75 ans et plus. Les mêmes données ont aussi été observées par l’organisme en 2010, en 2007 et en 2004.

« Cette courbe selon l’âge du taux de bénévolat a tendance à suivre les transitions de la vie », soutient StatCan. Si les jeunes offrent davantage d’heures gratuitement à des causes et à des organismes, c’est à la fois parce qu’ils ont plus de temps que leurs parents, et parce qu’ils sont plus en santé que leurs grands-parents.

Mais il y a plus. Près d’un bénévole sur deux de moins de 35 ans (47 %) déclare s’impliquer en vue d’une perspective d’emploi. Encore, un bénévole sur cinq de 15 à 19 ans (20 %) indique s’impliquer par obligation d’une école ou d’un tiers.

C’est que de plus en plus d’écoles au Canada et au Québec incluent aujourd’hui le « service communautaire obligatoire ». Bien sûr, les jeunes doivent toujours réussir leurs examens ministériels, mais aussi enregistrer quelques heures de bénévolat afin de décrocher leur diplôme d’études secondaires.

Ils sont donc plus nombreux que les autres tranches d’âge à faire du bénévolat, mais ils le font souvent par obligation scolaire, ou par stratégie de carrière. Ainsi, les adolescents et jeunes adultes québécois enregistrent deux fois moins d’heures de bénévolat par année que les 65-74 ans, selon l’ISQ (110 heures, contre 231 heures, en 2012).

 

Un effet durable ?

« Je ne crois pas que c’est en obligeant, ou en n’obligeant pas des adolescents à faire ou à ne pas faire quelque chose qu’on les motive, estime Camille Tremblay-Antoine, ancienne étudiante de l’école secondaire Cardinal-Roy. Je crois qu’il faut en parler, sensibiliser, motiver, donner la piqûre, mais ne pas obliger. »

Lors de son passage à l’école de Québec, l’actuelle bénévole de La Quête était tenue de cumuler quelques heures de bénévolat pour son école de danse chaque année, sans possibilité de choisir une autre cause qui lui tienne plus à cœur à l’extérieur de l’établissement.

À savoir si cette obligation l’a mené à s’impliquer aujourd’hui pour le journal, la bénévole est catégorique : « Certainement pas ce type de bénévolat ni le fait que ce soit obligatoire. J’ai moi-même décidé plus tard de faire du bénévolat pour des organisations qui m’intéressent et dont je trouve la mission importante. »

Outre l’âge, d’autres variables influencent significativement la probabilité d’offrir de son temps au Québec, présente l’ISQ, notamment la langue d’usage à la maison (les anglophones du Québec font 10 % plus de bénévolat que les francophones) et le fait d’avoir un enfant à l’école (46 % des parents font du bénévolat, contre 36 % des Québécois sans enfant).